Economie : La Dérégulation, sésame du désendettement

Pudong Crise De La DetteIncontournable, le thème de la dette publique s’impose dès les 1ers jours de 2014, suite à la publication de l’audit des 31 provinces et 33 000 cantons, de juin à sept. 2013. Couplé à la nomination de Xi Jinping à la « Commission de réformes », cet audit confirme que désormais, le patron de l’économie n’est plus le 1er Ministre mais le Président. Et les nouvelles sont assez négatives pour justifier à l’avenir des mesures exceptionnelles. 

Les dettes des provinces seraient passées de 10,7 trillions de yuans en 2010 à 17,89 trillions (2,930 trillions de $), ce qui signifie un tiers du PIB. Mais en 3 ans, cet endettement a explosé de 67% : c’est clair, le modèle d’investissement cesse d’être viable. 

Le problème principal, tient à une croissance soutenue par l’investissement public, qui génère plus de 50% de celle-ci. Croissance par des chantiers peu rentables : bâtiments de prestige, métros… Or, selon l’audit, seuls 50% des entités publiques ont la capacité de rembourser les emprunts, dont la moitié arrive à maturité en 2014.
Pour les autres, le prêteur ne recouvrera pas son capital, et le débiteur devra réemprunter pour payer les intérêts (« roll-over »). Mais on est en bout de cycle : cette année, les intérêts de la maison Chine atteindront 620 milliards de ¥ (à 3%), voire 1,45 trillions (à 7%) – soit jusqu’à 11% du PIB, qui sont perdus en projets sociaux, financement des écoles, de la santé ou de l’urbanisation par exemple. 

En soi, la dette publique globale (provinces et Etat central), à 56% du PIB (selon Tao Wang, de l’UBS) n’est pas insupportable, mais son accélération est annonciatrice d’un coût à payer, qui va croître à rythme hyperbolique en cas d’inaction du pouvoir. En clair, le crédit disparaît, moins par l’effet d’une politique d’austérité que par les emprunts de refinancement.
Fin décembre 2013 a connu un bref affolement des prêts inter banques à 8,94% (redescendu au 2 janvier 2014 à 4,89% suite à l’intervention de la BPdC). Autre phénomène significatif : la recrudescence du crédit gris, à des taux de 24 à 50%/an. De 2010 à 2012, il a doublé à 36 trillions de ¥ : les banques, en 2013 (janv-oct.) n’assurent plus que 53% du crédit, contre 92% en 2002.

Que va faire Xi Jinping ? D’après N. Lardy (Petersen Institute), il renforcerait la part des recettes fiscales aux provinces, pour les aider à assumer leurs charges sociales, en échange d’une promesse qu’elles honorent leurs dettes.
La quasi-totalité des analystes s’accordent à dire que l’Etat ne laissera ni pouvoir local, ni banque, en faillite par peur d’un effet d’avalanche.
Zhou Xiaochuan, gouverneur de la BPdC, préconise trois mesures : accélérer l’entrée des banques privées, parachever la liberté de fixation des taux (le coût de l’argent, qui va augmenter), et déréguler le cadre des investissements.
Enfin, selon l’expert M. Pettis, Pékin vise la suppression des subventions cachées aux acteurs publics au détriment des foyers. A commencer par le taux d’intérêt virtuellement négatif, compte tenu de l’inflation. L’objectif, selon Pettis, serait de casser la croissance, bien au dessous des 7% souvent prédits à moyen terme. Ainsi, le recul de l’investissement serait compensé par la productivité, la relance des PME et des services, et une accélération du revenu des ménages de 2 à 3% supérieur au PIB. Un cercle vertueux donc, et une croissance durable –à condition que l’Etat parvienne à faire avaler la potion amère par le secteur public.

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