A la loupe : L’embroglio des Senkaku-Diaoyu

Que s’est-il passé à 190km au large de Taiwan, aux îles Senkaku-Diaoyu le 7/09?

Enregistré à Xiamen, le chalutier Mintinyu a été arrêté dans ces eaux après avoir heurté deux garde-côtes nippons. Or, si ces îles sont sous contrôle japonais, les riverains y ont des droits de pêche reconnus dans la zone. On ignore donc la raison du contrôle, et de la fuite.

Depuis, tandis que Tokyo tente de dégonfler l’affaire, Pékin fait monter la tension. Au 1er degré, la crise porte sur le sort du capitaine Zhan Qixiong, qui encourt 3 ans de prison. Mais au second degré, la Chine nie la souveraineté du Japon sur ces îles -quoiqu’une carte chinoise les décrive encore en 1969, comme « Senkaku » et nippones…

Cette montée de fièvre pourrait n’être pas due au hasard. La Diète japonaise aurait tenu cet été un vote pour renforcer sa souveraineté sur ces îlots d’une taille totale de 6,3km². Intéressants pour leurs ressources halieutiques et leurs gisements pétroliers, ils ont aussi une valeur stratégique : cette chaîne de terres émergées à l’extrême sud de l’archipel japonais, pourrait ainsi barrer l’accès chinois à l’Océan Pacifique-Nord.

Aussi Pékin multiplie les actions spectaculaires : déclarations musclées du porte-parole ou de hauts personnages («l’action en justice nippone est nulle, absurde et non valide ») ; cinq convocations de Uichiro Niwa l’ambassadeur (l’avant-dernière, le 12/09 par le Vice 1er ministre Dai Bingguo, à 1h du matin) ; et le report d’un sommet ministériel pour négocier le partage de gaz offshore.

Tokyo a averti ses ressortissants expatriés de prendre leurs précautions, tant pour leur sécurité que pour celles de leurs biens (magasins, voitures…). L’avertissement ne vise évidemment pas le gouvernement continental mais la rue, toujours prompte, dans le souvenir du passé, à laisser ressurgir les sentiments anti-nippons.

La libération du capitaine Zhan signerait bien sûr la fin de la tension, mais elle apparaît difficilement admissible pour Tokyo après cette pression intense : pour son opinion, ce serait vécu comme une reculade, et il craindrait aussi que l’opinion chinoise ne le prenne comme l’admission du bien fondé de la revendication par le continent.

D’un autre côté, un conflit prolongé est hors de question, car il léserait l’emploi et la stratégie de croissance—le Japon étant second investisseur étranger en Chine, derrière Taiwan. De plus, Tokyo rappelle que les Senkaku sont protégées par le Japan US Security Pact en cas de conflit armé -auquel la marine chinoise, en dépit de sa modernisation accélérée, n’est pas prête.

Un arrangement est donc inévitable. Il est peut-être annoncé par l’article du professeur Feng Zhaokui, chercheur à la CASS (Académie chinoise des Sciences Sociales) qui dénonce comme «vrai coupable» de toute cette crise à répétition les USA, pour avoir « vicieusement » rendu en 1972 au Japon, avec Okinawa, ces îlots qui ne lui appartenaient pas… Autre signe discret d’accommodement: une petite manif (40 personnes) était fermement tenue en main par les forces de l’ordre, le 18/09 à Pékin devant l’ambassade du Japon…

 

 

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