Editorial : SUZHOU : promenade entre passé et avenir

En 2010, Suzhou n’est pas loin de mériter, avec Hangzhou, sa réputation légendaire de paradis terrestre. La métropole du Jiangsu fait figure de surdouée en tous genres, de l’art du bon vivre aux industries de pointe, de la bonhomie de ses canaux à ses campus universitaires dernier cri et à ses aristocratiques villégiatures classées par l’Unesco, aux parois blanches, grises et noires du musée de l’architecte I.M. Pei, enfant de la ville.

Hasard de l’histoire: en 1949, le Jiangsu fut oublié de la Révolution, plus obnubilée par la puissance industrielle de Shanghai ou le rayonnement politique de Pékin. Ainsi ce tissu de gros bourgs paysans conserva son tissu artisanal et commercial, sa structure clanique séculaire, mettant Suzhou en bonne position en 1980 dans la course à l’enrichissement et à la modernisation prônée par Deng. Résultat 30 ans après, le Jiangsu s’est imposé en tête de la richesse chinoise, et Suzhou combine protection sociale (avec 99% des citadins à la Sécurité sociale) et modernité, protection du patrimoine et de l’environnement.

Les transports sont en voie d’inter connexion, avec une gare CRH de trains à grande vitesse, la 1ère ligne de métro en construction et 200 lignes de bus (3000 véhicules) à tickets subventionnés – 1 à 2¥uan. Ce qui n’empêche le trafic auto d’exploser avec 400 immatriculations/jour, heureusement doté de 490km d’autoroutes sur le territoire communal.

C’est en contrôle de la pollution que Suzhou se montre le plus volontaire. En mai 2008, elle a voté un plan de développement qui impose aux firmes une baisse de 50% de leur dépense en énergie, base de l’an 2000. Parmi les mesures complémentaires, tout édifice de moins de 12 étages doit disposer de chauffage solaire, et les projets photovoltaïque ont porté le parc de ce type à 22MW.

En 2006 le Bureau local de la planification a visité 919 usines, dressant un bilan de leurs émissions de CO², et identifiant le potentiel d’économie. En conséquence, 406 chaînes ont été fermées, et 952 PME chimiques ont cessé de déverser leurs effluents dans les canaux. Doté d’un fonds de 10M² de subsides et d’un label «étoile environnementale de Suzhou», ce système d’inspection non coercitif est classé le meilleur du pays et cité en exemple par le WWF. La consommation en charbon a déjà reculé de 18,5%, par rapport au niveau de 2005.

Parmi d’autres réussites, le groupe Banshen avec 80 employés, s’est hissé au 1er rang mondial du chauffe-eau solaire, ayant haussé ses ventes en 2009 de 45%, et produit en 11 ans 42M m² de ces fours chauffent à 50° ou 90° selon modèle. Outre son modèle familial, Banshen vient de lancer sa chaudière pour usines, 15000m² de panneaux fonctionnant même par 10° de température extérieure pour épargner 3000t de charbon/an. Les 1,5M² de coût étant amortis en 4 ans. Ayant vendu 2 de ces systèmes en 2009, Banshen en fournira 9 cette année.

Autre réalisation unique: dans 5 villes du delta du Yangtzé dont Suzhou, où il fait 6°C en hiver et 40°C l’été, les tours Landser intègrent 10 technologies pour assurer dans les apparts une température naturelle, ambiante constante de 24°C de janvier à décembre. Ces techniques associent le captage de la chaleur du sous-sol (à -160m), le retraitement des eaux usées et la récupération des eaux de pluie pour l’irrigation souterraine du parc. Fait remarquable, du fait des commandes massives d’équipements importés, ces milliers d’apparts ne coûtent pas plus cher que les autres (18 à 20.000¥/m²) : démontrant ainsi, dans une Chine précurseur mondiale, la possibilité d’un logement écologique à conditions commerciales

 

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