A la loupe : Rachats d’actifs -des frontières plus perméables

Malgré, voire grâce à la crise, les échanges sino-mondiaux atteignent une masse critique. Un peu comme le surgénérateur par rapport à la centrale classique, leur puissance inouïe leur permet de tout recycler en énergie d’une autre échelle. Les 453MM$ de réserves amassées en 2009 modifient la structure des investissements de part et d’autre: pour se protéger des fluctuations et renforcer ses ress0urces minières, la Chine doit réinvestir hors frontières -43MM$ en 2009, +6,5%, et 298 rachats. Tandis que l’étranger, pour protéger son capital, doit placer en Chine: +36,5MM$, et en fait, jusqu’à 20MM$ d’entrées par mois, estime la SAFE, tutelle des devises.

Si nous rappelons ces tendances, c’est pour mieux suivre l’évolution discernable mais encore difficile à évaluer, des acquisitions qui s’accélèrent dans les deux sens. Côté chinois, une explosion se prépare, dont témoignent ces quelques exemples. CNOOC (China National Off-shore Oil Corp) poursuit son expansion par l’achat en mars du pétrolier argentin Bridas, pour 3,1MM$, ce qui lui assure 318M de barils de réserves en plus. Un Bureau minier du Jiangsu rachète la mine de fer brésilienne de Itaminas (3Mt de minerais/an) pour 1,22MM$. CITIC veut acheter trois gisements pétroliers en Afrique, Asie Centrale et du Sud-Est. La visite de Xi Jinping en Belarus fin mars aurait produit pour 10MM$ de contrats en 89 projets, automobile, électrique, sucrier et immobilier (une Chinatown à Minsk, la capitale).

Cependant dans cette expansion, la Chine réalise ses limites, dues à son immaturité. De 2005 à 2009, selon l’analyse de la Heritage Foundation, 40 acquisitions chinoises de plus de 100M$ ont été un échec, comme ce gisement kazakh racheté par CITIC pour 1MM$ dont le débit a baissé à peine acheté, de 46.000b/j à 34.000, tandis que le cours du pétrole baissait en 2009 de 85 à 55$/b. Aussi, selon l’enquête de l’Economist Intelligence Unit, 110 patrons chinois préfèrent à l’avenir tenter l’aventure de l’expatriation en JV (29%) ou en alliances (18%), seuls 27% osant encore l’acquisition. 82% de ces patrons avouent candidement une inexpérience en acquisition puis en gestion du projet, du fait de l’écart entre les traditions et les cultures industrielles. On note au passage que 81% de ces rachats sont le fait de Grandes entreprises d’Etat, ce qui est mal ressenti à l’étranger vu leurs avantages inéquitables de firmes à crédits et connections politiques illimitées, combinées à une opacité gestionnaire.

Dans l’autre sens, pour les rachats en Chine, l’Etat s’apprête à rajouter à ses pouvoirs de blocage de rachats en Chine par l’étranger, un mécanisme de revue de tout deal envisagé.

Co-piloté par NDRC (National Development and Reform Commission) et MofCom, (le ministère du commerce) ce système servirait à garantir les intérêts nationaux. Les règles ne sont pas encore publiées, mais le sens est ambigu. D’une part, comme vient de le rappeler Wen Jiabao devant le Parlement, la Chine veut encourager l’étranger à participer à la modernisation des firmes chinoises. De l’autre, la tendance patriotique et protectionniste est toujours plus sensible, combattant l’ouverture du pouvoir central.

 

 

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