A la loupe : La Chine au COP 15, à minuit moins cinq

Le COP-15 (Conference of the Parties) contre le réchauffement global siège depuis le 7/12/2009 à Copenhague, entre 192 nations et 13.000 délégués venus recomposer notre planète dans un sens vert

Le monde a été frappé par l’offensive d’une Chine déterminée et préparée, avec ses alliés du «Groupe des 77» (130 pays en développement) menés par un Soudan polémique accusant l’Ouest de donner «pas même de quoi payer un cercueil aux pays pauvres» (sic). Ainsi dans sa 1ère semaine, le COP15 s’est lancé dans le vieux décor stérile du conflit Nord/Sud, riches contre pauvres.

Par la voix de son émissaire Su Wei, la Chine met en demeure Europe, USA de faire leur examen de conscience, d’ouvrir leurs bourses (elle qui détient les plus grandes réserves en devises du monde avec 2300MM$), et de couper de 40% « au moins » leurs émissions de CO2 -et eux seuls. Quoiqu’elle soit déjà 1er émetteur mondial (6,8MMt dès 2006) et s’apprête, selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) et l’US Department of Energy, à passer à 13MMt en 2030 (29% de la pollution mondiale alors). Pékin gèle Copenhague, pour bloquer la pendule à l’heure des précédentes négociations (Kyoto et Bali) et bannir l’abandon du protocole de Kyoto, qui lui est si favorable. Pour elle et cinq autres pays émergents dont ceux du groupe «BRIC » (Brésil, Russie, Inde, Chine), il s’agit de gagner 20 ans de liberté de hausse de pollution à ses gigantesques groupes électriciens et métallurgistes, tout en continuant à percevoir des milliards de US$/an en CERs (Certified Emissions reductions), droits d’émissions que la Chine vend aux pays riches signataires de Kyoto.

Le 10/12, Todd Stern, négociateur américain avertit que son pays «ne paiera pas pour la Chine». Le 11/12, le vice ministre He Yafei rétorque en le traitant de « très irresponsable ». Pas de doute : un autre aspect de ce COP 15, est ce duel sino-américain. Les Européens, et le groupe des 43 pays-îles, très concernés en raison de la menace de montée des mers, sont exaspérés de voir le sommet et le débat technique confisqué par ces disputes de puissances.

Mais l’on voit aussi ces 11-12 décembre des embellies éclairer ce plafond bas :

[1] A Bruxelles, les 27 pays de l’Union Européenne améliorent leur offre: 30% de coupes d’ici 2020 sans conditions, et 3,6MM$/an à un fonds climatique pour pays pauvres.

[2] A Washington, 3 élus des différents bords du Sénat lancent un projet de loi climatique plus réglé sur le COP15 (avec financements aussi pour pays pauvres).

[3] A Berlin, la chancelière Angela Merkel avertit que les Européens ne laisseront pas d’«autres» (Chine, USA) détruire leurs emplois en traînant les pieds dans l’action climatique.

[4] Au COP15 sort un projet de compromis de l’ONU, gardant aux émergents leur statut de pays en développement mais leur imposant des coupes contraignantes légères.

[5] La Chine annonce, pour la négociation finale à 60 leaders (17-18/12) l’envoi de son 1er ministre Wen Jiabao, laissant ainsi présager plus de conciliation…

Ce qui frappe le plus au COP15, est ce duel USA/Chine, tous deux incapables de couper leurs émissions maintenant. En janvier 2009, ils méditaient une alliance pour imposer au monde leur inaction. Or au COP15, leur litige éclate, créant cette ambiance mi-«rodéo», mi-«psychodrame ». Mais à tout prendre, il donne une meilleure chance aux autres d’imposer un accord, le jour final !

 

 

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