Pol : Les taxes carbone chauffent

Les taxes carbone chauffent !

Bruxelles sonne l’alerte : en Europe, le grand plan énergétique est adopté, irréversible, quoique faisant grincer des dents des lobbies tels le sidérurgique ou le charbonnier, qui craint y voir « la fin de la filière houille ».

Dès 2013, transporteurs aériens et pétroliers paieront 20% de leurs quotas d’émissions de gaz à effet de serre (aujourd’hui gratuits) puis 100% en 2020. Pour les secteurs vulnérables à la concurrence mondiale tels métaux et ciment, la décision viendra en 2010. Et en cas d’échec aux palabres de Kyoto-II pour des réductions contraignantes des émissions, des taxes seront « étudiées » pour l’export des pays tiers. Sans attendre, M. Bartenstein, ministre autrichien de l’économie fait un appel bruyant à cette écotaxe européenne sur l’acier ou la voiture, de Chine ou d’Inde—au nom de l’égalité de conditions de concurrence !

Petite chasse aux mauvais sécuritaires…

Chunjie oblige, Pékin s’efforce de rehausser sa cote. N°2 de la supervision disciplinaire (纪律检查, jilüjiancha), Wang Wei annonce (22/01) des sanctions à 183 patrons et cadres, pour cinq accidents ayant coûté 189 morts, tels la chute d’un pont en construction (août, Hunan), ou la rupture d’un circuit d’acier en fusion (Liaoning, avril).

Pour leurs actes de « déréliction, abus de pouvoir et corruption », 78 se retrouvent au tribunal, et 31 perdent leur poste et/ou leur carte du Parti. Li Yizhong, ministre de la sécurité au travail, dénonce la «gestion chaotique» de bien des usines, mines et chantiers, et 101.480 morts en accidents de travail en 2007. Li fait aussi appel à la dénonciation des cadres fauteurs de ces dangers mortels : sans doute de bonne foi, mais naïf, en ce pays où le patron et le cadre peuvent aisément identifier et briser leur mouchard… Li promet aussi d’enquêter sur l’accusation du britannique Sunday Times, d’une construction du nid d’oiseau, grand stade olympique, ayant causé 10 décès au bas mot. Enfin, signe de cette molle indignation publique face à ce fléau, la police recherche les deux patrons en fuite d’une mine clandestine ayant explosé le 20/1 à Fenxi (Shanxi), entraînant 20 morts.

Couples—le divorce s’emballe

Selon le Département des affaires civiles (25/01), l’an passé, 1,4M de couples déchirés ont rendu leur contrat (+18,6%), 9,5M de couples ont convolé (+11,8%). La Chine se voit donc traversée d’un tsunami de divorces, par rapport à 1980 où ils n’atteignaient que 341.000.

 [1] Une raison tient au prix à payer pour  le boom économique : les longues heures de travail et de bus, la pollution.

[2] Les conjoints vivent moins ensemble, chacun poursuivant sa carrière -parfois à des centaines de km. La femme rattrape l’homme dans le monde du travail, et n’en dépend plus.

[3] Surtout, l’enfant unique, est choyé par toute la parentèle. Eduqué de manière plus moderne, son horizon moral s’est élargi : pour lui, le mariage cesse d’être un devoir, et le divorce une honte. Face à la poussée du moi, (tournant millénaire, aux conséquences encore incalculables), la sociologue Chen Xinxin conclut : « les jeunes adultes ne renoncent pas au mariage, mais ne peuvent plus le concevoir autrement que de qualité » : avec tendresse, égalité, et partage !

Enquête aux sources de la corruption

Qu’est-ce au juste que la corruption en Chine?

Docteur en économie, Wang Xiaolu, vice directeur de l’institut national (privé) de recherche économique, a enquêté auprès de 2000 foyers aisés.

Conclusion : en 2005, le revenu gris, de source au mieux douteuse, atteint 454MM², 26% du PNB -face aux 851MM² de la masse salariale légitime. Ses cinq sources sont le détournement de fonds publics (53MM²), le bakchich (123MM²), la vente de licences ou charges (47MM²), la vente de biens publics (70MM²), et l’abus de monopole (87MM²).

Le revenu gris serait l’apanage d’un petit nombre de secteurs-rois. Finance, services publics, pétrole, tabac et électricité assument 8% de l’emploi mais 55% des salaires. En  outre, les avantages en nature permettent de gâter les employés, avantages non-imposables qui peuvent dépasser plusieurs fois la fiche de paie. Conséquence : 10% des citadins se partagent les trois-quarts du revenu gris, et creusent un écart très supérieur au chiffre admis par l’Etat, avec un revenu moyen de 9176²/an (contre les « 2743²/an » officiels), face aux 104²/an des 10% plus pauvres. Wang ose conclure que pour enrayer cette fracture sociale, une « restructuration du système politique » est la seule solution

NB : pour la banque en 2007, le 19/01, l’audit national épingle 81MM² détournés – en recul de 58% vis-à-vis de 2006. 12.687 employés ont été « punis », 177 banquiers chassés.

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