Editorial : Caléidoscope d’une semaine d’été ordinaire…

[1] La meilleure nouvelle de la semaine, consista en la réouverture du tourisme étranger au Tibet (25/06).

Le régime tenait sa promesse, en cas d’étape paisible de la torche olympique à Lhassa. A vrai dire, il n’avait pas le choix, sauf à sacrifier une économie locale largement tournée vers l’accueil de visiteurs. Au lieu d’une saison espérée de 2millions de visiteurs, le Toit du monde n’en avait reçu que 120.000. Du coup, hôtels, restaurants, agences de voyage ont licencié trois-quarts de leur personnel!

Comme pour marquer l’effort de normalisation, Dadrak Tenzin Gelek, Bouddha vivant et n°2 de l’association bouddhiste de Chine (branche tibétaine), déclare que « l’ activité religieuse a repris dans les cloîtres »: interdites durant la répression, les prières publiques (pour les JO, le Sichuan), le festival de Sakadawa, battent leur plein.

[2] Pékin vient de faire abattre une mosquée à Kalpin (Xinjiang), et accuse son consistoire d’une longue série d’infractions à la loi : construction puis rénovation du sanctuaire (10 ans plus tôt, en 1998!), inscriptions saintes sur le fronton, recel de Corans, activités religieuses interdites… Depuis son exil à l’étranger, le Congrès ouighour mondial croit la destruction liée au refus de la paroisse de célébrer l’avènement des Jeux.

Le Xinjiang a maille à partir avec la loi sur un autre dossier : les drogues.

En 12 mois, quatre réseaux y furent éradiqués. Le Xinjiang est la nouvelle route du Croissant d’or, acheminant vers la Chine et l’Amérique son héroïne, croisée dans l’autre sens par les métaamphétamines de Hong Kong. En mars, les douaniers chinois ont trouvé à Urumqi 32 tapis bourrés de tubulures contenant 48kg de poudre blanche. Mais dans l’absolu, dit Yang Fengrui, directeur du Bureau national des drogues, les saisies baissent : moins 20% en 2007 avec 4,6t d’héroïne et 1,2t d’opium. C’est grâce au travail de prévention chinois sur la Birmanie et au Laos depuis cinq ans, où pour 100M$ de vivres et médicaments ont été distribués aux paysans d’accord pour arrêter la culture du pavot : au Laos, elle aurait disparu et en Birmanie, elle aurait reculé de 88% (18.600ha).

 [3] Viviane Reding, commissaire européen aux télécoms, constate soudain que la censure chinoise de l’Internet est «inacceptable », vu l’idéal européen de la libre circulation des données. Cette foi est récente : avant 2001, quand l’Union Européenne négociait avec la Chine son contrat d’entrée à l’OMC, l’organisation mondiale du commerce, le sujet n’était pas sur la table.

Nonobstant le désagrément de Bruxelles, cette semaine, le satellite de télévision Eutelsat, subit sur la Chine une panne, dont une seule chaîne fut victime : NTDTV, la TV du Falungong, dont le signal ne peut plus être capté.

En même temps la SARFT, (State Administration of Radio, Film and Television), tutelle de l’audiovisuel, publiait les 247 sites autorisés à distribuer ce type de contenu sur la toile: manquaient au rendez-vous, Tudou, Youku, 56.com, qui sont pourtant les chouchous du public, drainant 220M de fans riches et éduqués.

Ce que la SARFT ou plutôt derrière elle, les chaînes nationales de télévision, CCTV lui reprochent, est leur concurrence « déloyale », audace, jeunesse et transgression. La SARFT a désormais deux options : rétablir ces trois maisons après les Jeux, ou les laisser périr, au risque d’en voir renaître des clones clandestins, moins contrôlables, moins sains, comme pour l’alcool aux USA aux temps de la prohibition. Mais qu’on se rassure. En Chine plus qu’ailleurs, chassez le naturel, il revient au galop!

 

 

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