Pol : Doha, Kyoto : la patience de l’Ouest s’use

D’Athènes : un problème en boomerang

Le 4/04, parut à Athènes le bilan d’un contrôle anti-dopage: 11 haltérophiles furent annoncés positifs, risquant l’exclusion des JO -presque toute l’équipe grecque!

Provisoirement suspendu et inculpé, l’entraîneur Chr. Iakovou se retourna contre le fournisseur de compléments diététiques shanghaïen Auspure. Pour la Chine à 4 mois des Jeux olympiques, c’était un coup dur, tant sur le plan de la qualité des produits que sur celui de la lutte anti-dopage. Elle venait de mener une campagne qui avait permis l’arrestation de 32 fabricants/distributeurs de substances anabolisantes, et se croyait ainsi à l’abri des critiques… Selon le Bureau des aliments & médicaments (15/04), Iakovou a commandé les produits par internet (se soustrayant ainsi à tout contrôle). Auspure – depuis lors interdit – opérait sans licence. Un ancien athlète de l’écurie de Iakovou accuse son ex-coach de l’avoir forcé à «charger la mule».

Sous le choc, la Chine émet (14/04) une directive d’étiquetage des aliments diététiques. Elle s’apprête à loger à demeure, au 1er mai, des inspecteurs dans les 100 usines agréées, pour vérifier la conformité des pratiques. Manifestement l’administration, inquiète, est prête à tout, pour tuer tout dérapage dans l’oeuf !

NB: Après le scandale de l’anti-coagulant héparine (62morts aux US /en Allemagne), Washington ne veut plus attendre : plutôt que tester sa marée d’imports de Chine (340MM$ en 2007), il change de stratégie pour introduire la sécurité à la source, en traitant avec l’industriel. 8 hommes de la FDA, 5 locaux, attendent le feu vert pour rejoindre leurs postes, entre Pékin, Shanghai et Canton.

Visas : politique de fermeture ?

A 100 jours des Jeux, la Chine limite les visas. Le 27/03, elle resserrait les visas « F » (business) et « L » (touristiques). Le 15/04, elle n’octroie plus les visas « L » qu’un mois à l’avance (30 jours, 1 à 2 entrées) qu’avec réservation d’avion et preuve de logis. Ce, jusqu’au 17/10. Pour ceux qui prenaient ce visa en 1 jour ou 2 à HK, la facilité disparaît s’ils viennent de 33 pays tels Malaisie, Inde, Sri Lanka, Indonésie, Népal et Turquie. Raison invoquée: les menaces terroristes sur les JO- il s’agit d’écarter les visiteurs inconnus ou à statut discutable. Mais la dégradation des relations avec l’Ouest joue aussi : c’est la tentation du pire, aussi perceptible dans les opinions des 2 bords. En Europe, les agences constatent de fortes baisses des commandes de voyages en Chine.  

NB: Exemple d’escalade, le mot injurieux sur CNN, du commentateur J. Cafferty, qui qualifia la Chine de «bande de cinglés et de voyous». Pékin exige des excuses et rejette (17/04) une 1ère tentative de justification de la chaîne (Caherty n’aurait parlé «que des leaders»). L’opinion chinoise ne peut que soutenir le régime, et sauf à donner satisfaction, une fermeture du bureau, plus une censure totale ne sont pas à exclure.

Doha, Kyoto : la patience de l’Ouest s’use

«Plus nécessaires que jamais» selon P. Lamy, Directeur général de l’OMC, les palabres de Doha, poursuivis depuis 2001 pour un cadre commercial planétaire, sont au point mort.

L’OMC (OMC: Organisation Mondiale du Commerce) propose à Pékin d’amincir à moins de 23% ses taxes d’import industriel: le 14/04, elle refuse, arguant de son statut de «membre récent» et de «PVD».

Démarche jugée inacceptable : en 2007, son excédent commercial a embelli de 48%, à 262MM$, 2d exportateur mondial devant les USA. Certes, Pékin anticipe une baisse de sa croissance à l’exportation (-11% d’excédent dès le 1ertrimestre), mais l’OMC prédit la même tendance en 2008 pour le monde entier, avec une croissance des échanges de 4,5%, 1% de moins qu’en 2007. Pékin espère être sauvée de toute concession par la revalorisation de son yuan—et  de toute manière, admet préférer, à un accord de Doha, les accords de Libre Echange qui lui assurent une position dominante sur le partenaire…                               

Même dialogue de sourds dans le multilogue  environnemental. En deux jours, les 17-18/04 à Paris, au sommet des MEM (puissances industrielles auteurs de 80% des émissions de gaz à effet de serre), la Chine s’est réfugiée derrière les USA de G.W. Bush qui pour la 1ère fois, présentait une (médiocre) offre de réduction… d’ici 2025 ! Mais là aussi, l’argument passe mal : Pékin ne peut plus nier être passé premier producteur de CO², s’apprêtant dès 2010 à rejeter 600Mt de plus qu’en 2000: de quoi neutraliser les efforts de réduction des 37 signataires du protocole de Kyoto.

Autrement dit, en négociations commerciales comme en environnementales, la stratégie chinoise arrive à son terme !

 

 

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