Temps fort : Hong Kong Int’l Terminals—port mirage

Avec ses 400ha de quais hérissés de grues-portiques, HIT – Hong Kong International Terminals- symbolise l’économie privée ayant fait Hong Kong.

Ce groupe de cinq terminaux contrôle 60% du trafic de la ville, sous la propriété de Li Kashing. Hutchison, sa maison-mère, est le 1er groupe portuaire mondial. Créé en 1969, HIT gère 14 quais (dont deux en JV avec la chinoise Cosco). Ses 5km d’appontement lui permettent de traiter 18 porte-conteneurs par jour, et 7M de « boites » de 20 ou 40 pieds/an. Port en eau profonde, ses 15m de fond accueillent les plus grands bâtiments, d’une capacité de 9600 « boites ». Jour et nuit, toute l’année, 1500 employés sont présents sur le site, derrière leurs ordinateurs ou leurs grues, tandis que 5 à 10000 camions par jour font leur rotation au bord du quai. Avec de tels chiffres, et la barre des 100M de boites franchie dès 2006, HIT s’impose sans peine comme 1er port mondial privé.

Au fil des ans, son handicap est devenu son atout. Depuis 1985, son district de Kwaichung est spatialement saturé. Aussi HIT a-t-il dû trouver autre chose. 14 barges lui permettent de traiter le trafic transbordé du delta des Perles. Son système de gestion nGen (next generation terminal management system) lui permet de raccourcir les délais au maximum. Chaque aire de stockage consiste en de longues allées, empilant sur six niveaux par cinq les «boites», que 200 grues à 5M$ pièce soulèvent à vitesse hallucinante pour les déposer sur les camions en attente. Le bal a été coordonné des semaines à l’avance, par intranet avec l’armateur et le client, grâce à une simulation informatique pour trouver le meilleur terminal pour tel bateau et telle cargaison. Tout cet équipement garantit aussi une grande souplesse : tel conteneur se présentant au port sans réservation, est chargé sous deux heures vers le continent demandé !

Aujourd’hui, cette recherche paie : à l’heure du pétrole à 100$/baril, les armateurs plus que jamais, votent pour les ports qui les freinent le moins – et ceux qui taxent le moins. Or, Hong Kong, port franc, n’exige ni licence, ni quotas, ni taxe d’import. Aussi, depuis l’an 2000, son volume de transbordement vers la Chine augmente de 15,6% /an, malgré une réglementation très protectionniste : l’avenir est radieux.

Autre profit: entre Europahavn en Hollande, Harwitch en Angleterre, la Pologne ou Panama, Hutchison administre voire possède 50 terminaux étrangers, dont 11 en Chine, équipés des mêmes grues, systèmes informatiques qu’à Kwaichung. Ils sont de plus interconnectés, offrant aux armateurs une incomparable promesse de gain de temps. Seul souci de HIT : la concurrence montante des ports chinois, Shenzhen, Shanghai, qui progressent encore plus vite (20%/an), riches de leurs crédits d’Etat, achetant à marche forcée des ports à l’étranger : prouvant leur capacité à retenir vite les leçons du maître hongkongais !

 

 

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