Afrique — pour l’amour de l’or noir…
Du 30/1 au 10/2, le Président Hu Jintao effectue un parcours africain – le 5ème de sa carrière, vers ce continent qui semble décidément prioritaire, visité en juin 2006, par le 1er ministre Wen Jiabao, et en janvier 2007, par le ministre des affaires étrangères Li Zhaoxing, tandis que novembre 2006, voyait à Pékin les fastes du 1er sommet sino-africain à Pékin!
Au programme de Hu Jintao, cette fois, Cameroun, Seychelles, Libéria, Soudan, Zambie, Namibie, Afrique du Sud et Mozambique.
Avec l’Afrique, les échanges en 2006 encore, ont bondi de 40%, à 55,5MM$. L’ambition avouée est de les porter à 100MM$ /an en 2010. Restent bien sûr les objections qui mon-tent, telle celle de l’Ouest, sur la protection accordée par Pékin au Soudan et ses livraisons d’armes lui permettant de mener la guerre du Darfour au prix, déjà, de 200.000 vies. Aussi le 2/02 à Karthoum, dans les termes les plus fermes jamais utilisés, Hu réclama de son homologue soudanais Omar al-Bashir l’intervention des Casques bleus de l’ONU aux côtés des hommes de l’Union Africaine. Propos adoucis par les cadeaux apportés, tel un palais présidentiel gratuit, le prêt ou don de 117M$, et l’éponge de 80M$ de dettes. Ce geste déjà constaté à l’étape camerounaise, devrait être dupliqué aux six autres capitales africaines auxquelles Pékin a promis 5MM$ d’aides, prêts et crédits: manière de désamorcer la crainte montante de nouvelle dépendance « post-coloniale » envers la Chine…
Canada – Chine: tensions en perspectives?
Pékin «retrouve» au Canada, Gao Shan, l’ex-gérant d’une agence de la Banque de Chine (BdC) à Harbin (Heilongjiang) soupçonné d’avoir détourné 100M², et demande (le 29/01) son extradition. L’affaire couve depuis 2005, quand Gao avait disparu, alors qu’une compagnie autoroutière de la province déplorait l’envol de 30M² sur son compte. Très vite, la piste nord-américaine était identifiée—des agents fédéraux canadiens se rendaient au Heilongjiang pour enquête…
Le Canada semble une destination prisée par les cadres chinois corrompus : en 1999, Lai Changxing, escroc de haut vol s’y était réfugié, accusé d’une fraude portant sur 3MM$ au détriment du fisc chinois. En 2001, deux banquiers gagnaient Vancouver après détournement de 570M$. Entre ces pays, l’extradition est difficile, du fait d’une justice canadienne soucieuse des droits de l’accusé. Gao Shan pour l’instant, est en liberté.
Récemment, les relations bilatérales avaient pris un coup de froid, le 1er Ministre Stephen Harper critiquant les droits de l’homme en Chine et refusant que son pays se soumette « au tout-puissant dollar ». A présent, les relations sont en convalescence (cf VdlC 03): une occasion d’accélérer, ou bien de bloquer le réchauffement !
Taiwan réécrit son histoire
En proie à une contestation sans précédent, Chen Shui-bian, le Président de Taiwan (Parti DPP indépendantiste) tente de rester en selle en relançant son vieux rêve de réforme constitutionnelle. Projet provocateur aux yeux de Pékin, mais aussi improbable, vu l’hostilité du Kuomintang, l’opposition nationaliste (ethniquement chinoise, contrairement au DPP) qui tient la majorité au Parlement, et celle de Washington peu soucieux de voir éclater une crise entre les deux rivages du détroit. Autre provocation, un peu plus efficace : les manuels d’histoire viennent d’être révisés, et décrivent Chine et Taiwan comme nations distinctes. L’expression «notre pays» (我国) disparaît ; Sun Yatsen n’est plus le père fondateur de l’île, et sa révolution de 1911 devient un simple soulèvement. A Taiwan comme en Chine, les réactions sont vives. Le Kuomintang accuse le DPP de vouloir couper l’île de ses racines. Et Pékin, comme de coutume, laisse planer la menace de riposte militaire, en cas d’un pas de plus vers l’indépendance.
NB : Taiwan lance un signal à Pékin,en tenant fin janvier, un Forum des nouvelles démocraties, avec les ex-Prsdts de pays s’étant démocratisés dans les années ’90 (Pologne, Afrique du Sud, Corée du Sud, Mongolie, Salvador) : pour rappeler le chemin parcouru par Taiwan, et le fossé qui s’approfondit entre elle et la Chine.
Dernière minute : Les USA attaquent la Chine à l’OMC
Le 2/02, contraint par un Congrès tenu par l’opposition démocrate, la Maison Blanche attaque la Chine à l’OMC, pour subventions à l’export d’une série de biens, dont le textile, les ordinateurs et l’acier. Susan Schwab, représentante américaine au commerce, a déposé la plainte, «une fois tous les moyens de dialogue épuisés».
Sommaire N° 5