Le Vent de la Chine Numéro 5

du 5 au 11 février 2007

Editorial : Environnement : les grands moyens…

Environnement et climat reviennent dans nos colonnes avec une régularité inquiétante. Pour cause :  l’ échec flagrant du 10ème Plan (2000-2005) en matière de protection de l’eau, de l’air et de la terre chinoise, force l’Etat à réajuster les objectifs du 11ème. Des grands moyens se préparent dans l’ombre, et devraient apparaître lors du XVII. Congrès d’octobre : cet éditorial tente de les cerner.

Depuis Paris, la Conférence mondiale du réchauffement global (29/1-2/2 ) désigne discrètement la Chine comme un des pays qui souffrira le plus (+1,8° à +4°C en 2100, plus 18 à 59cm de niveau des mers, et fonte des 35.000 glaciers chinois d’ici 2050). Moins de pluies (d’où moins d’agriculture!). Très symptomatiquement, la presse chinoise, sur ordres, censurait largement les conclusions de ce forum de 2500 experts de 130 pays !

Pour sa part, le comité de scientifiques du Conseil d’Etat, dans son rapport 2007 sur la  modernisation , confirmait la crise (31/1). Depuis 2004, dit le rapporteur He Chuanqi, le pays est demeuré, en terme d’écologie, au 110ème rang sur 118 nations, et ses émissions de dioxyde ont augmenté de 7% en août 2006, sur 12 mois). Aussi le ton change. Pour inverser la spirale, l’Etat ne peut compter sur ses ONG vertes, (encore frêles, sans soutien politique ni sponsoring), ni sur ses industriels obnubilés par leurs marges, ni sur ses cadres mous ou corrompus : il va jouer des seuls atouts à sa portée : la loi, et la réforme administrative !

Au plan politique, le comité préconise la création d’un ministère de l’énergie (assez fort pour dicter sa loi aux groupes de production électrique), d’un ministère de l’environnement (issu de la SEPA- lagence nationale de protection de lenvironnement), et d’une agence de développement régional (pour coordonner et discipliner les projets concurrents des provinces). La publication de cet avis apparaît en réalité comme une préparation de l’opinion  publique à des décisions déjà prises. Idem, l’adoption de taxes sur le carburant, et sur l’immobilier semble enclanchée, tout comme l’alourdissement substantiel des amendes aux industriels, en cas de pollution grave.

Au plan réglementaire, de nouvelles dispositions apparaissent. Ainsi désormais, toute nouvelle centrale thermique ne peut être autorisée qu’après fermeture d’ unités périmées : 600 Mw des anciennes centrales con-tre 1000 dans les nouvelles. D’ici 2010, toute centrale de moins de 50Mw devra avoir disparu —d’ici 2020, celles de 100Mw, ainsi que celles consommant 15% de plus que la moyenne nationale. Dès 2010, quelque 8% des capacités, les plus gaspilleuses et polluantes, dev-raient avoir disparu.

En fait, ce nouveau texte doit être lu comme un outil du mécanisme CDM , renforçant le marché des droits d’émission de carbone. Fermetures et ouvertures de centrales apportent une économie de gaz à effets de serre, donc des droits, que la Chine revendra aux firmes des pays ayant souscris au  protocole de Kyoto. Avec 208 tels contrats internationaux déjà signés, pour une épargne démontrée de 650M tCO²e, la Chine occupe déjà 40% du marché mondial – ca va continuer !

 

 


A la loupe : Potion magique pour la pharmacie chinoise

En production médicamenteuse, une 20aine d’usines des plus grands groupes du monde (GlaxoSmithKline, Sanofi, etc) ont drainé 1MM$ d’invest en Chine.

En Recherche et Développement (R&D) par contre, l’effort étranger est beaucoup plus hésitant : AstraZeneca bâtit un  labo de R&D à 100M², Novartis un autre, à 100M$…

Selon Eric Bouteiller (Beaufour Ipsen), le retard vient de la crainte de piratage, et de la licence octroyée à la production mais non à la distribution. Vu le coût et le risque liés à la mise au point d’une molécule (500M$, 12 ans), il vaut mieux produire en Chine, et créer ailleurs. Pourtant, dit Eric Bouteiller, si le pharmacien étranger bénéficiait d’une politique plus attractive de Pékin, il pourrait établir sa R&D localement, et déléguer sa produc-tion aux groupes régionaux, sous licence.

La distribution aussi, intéresse l’étranger : Alliance Boots, 1er réseau européen de pharmacies (RU) rachète pour 57M² la moitié de Guangzhou Pharma, 3e grossiste du pays (9 dépôts et 3% du marché). Ensemble, ils géreront 29 pharmacies—le maximum permis. Selon le consul-tant IMS Health (US), en 2007, le marché chinois gagnera 16% (le triple de la moyenne mondiale), à 1,6MM$.

L’industrie locale tente de parer les coups : n°2 local de l’échographie, Mindray (Shenzhen) prenait en septembre, 270M$ en bourse de New York – meilleur score du secteur en deux ans. Entre-temps, ses parts ont gagné 79%, et Mindray (22/01) émet pour 300M$ de parts nou-velles. Mindray utilise des technologies abandonnées de longe date par les grands (GE, Philips, Siemens) – mais ses prix sont 10 à 20 fois moins chers, pour un service simple, adapté aux pays émergents.

Enfin Pékin fait un effort pour nettoyer le secteur : en 2006, 160 labos ont été fermés, Kangliyuan (Hangzhou) -un des plus grands, perd sa licence. Partout, on assiste aux descentes de policiers, saisie de faux médicaments, dont la publicité est aussi traquée. Le ministère de la santé annonce une liste noire des pharmaciens, distributeurs ou hôpitaux corrompus : ils perdront leur licence de vente ou de production, pour un maximum de deux ans. Ces méthodes, si l’Etat les applique, devraient permettre une rapide remontée en qualité du médicament chinois.

 

 


Joint-venture : Nucléaire civil — la balle change de camp

TGV chinois—il faut un début à tout !

A quelques jours du Chunjie, Nouvel an lunaire (fête traditionnelle qui verra en 8 semaines, 156M de voyageurs par chemin de fer), la Chine lance son train dernier-né, le CRH, clone du TGV. Inspiré du Shinkansen, c’est un produit Sifang, de Qingdao (Shandong), suite à un transfert de technologie en 2004 par le consortium Kawasaki.

Trois lignes furent ouvertes le 1/02: Shanghai-Nankin (303km), Shanghai-Hangzhou (171km), et Canton-Shen-zhen (139km). En phase de « rodage », les 15 rames en service sont bridées à 160km/h, jusqu’au 18/04, suite à quoi elle pourront pous-ser à 250km/h. Journée sans «pépins» au départ Shanghai, mais non à celui de Canton qui connut retards et annulations du fait que des sections de voie étaient encore en construction.

NB : la Chine assure 25% du trafic global, fret et passagers, sur 76.600km soit 6% du réseau ferré mondial. Vu l’extrême densité de population, le seul allégement possible passe par la vitesse—d’où l’importance de ces 2000km de lignes à grande vitesse, avant la pièce de résistance, la ligne Pékin-Shanghai (1300km) !

Nucléaire civil – la balle change de camp…

Le 16/12 en Chine, était à marquer d’une pierre noire pour Areva, qui perdait un contrat de 4 réacteurs nucléaires de 3ème génération. Pour compenser les 220MM$ de déficit commercial US, la Chine avait octroyé à Westinghouse cet appel d’offres à 8MM$.

Le 31/01, le Figaro annonçait pourtant que le n°1 mondial de l’atome aurait signé à Pékin fin janvier (par sa Présidente Anne Lauvergeon), un protocole avec son partenaire CGNPC, pour la livraison de deux réacteurs de  génération EPR, pour 6MM². Pierre Gadonneix, Président d’EDF se rendrait à son tour à Pékin le 9/02 pour accélérer la négociation. Si la nouvelle se confirme, elle marquerait pour Areva un puissant retour en scène. Que la Chine vote aussi pour le groupe français, est dans ses traditions —celle de garder tous ses fers au feu. CGNPC aurait reçu de Pékin le feu vert pour négocier, et aurait le droit de vendre ces centrales « franco-cantonaises » partout en Chine. 30 réacteurs sont prévus, sous 13 ans, pour 40MM²…

NB : Simple coïncidence? Le 12/01, Areva signait un autre pré-accord avec Guangdong Macro, pour une JV avec Sunten, filiale de ce dernier, en production de transformateurs…

La Chine, et deux chocolateries

Le coréen Lotte et l’américain Hershey sont les premiers chocolatiers de leurs pays (ce dernier, avec 5MM$ de ventes en 2006). Il est donc logique que ces grands se rencontrent sur sol chinois, et se partagent l’usine rachetée en septembre dernier (80M$) par Lotte, à Jinshan, près de Shanghai.

Mais en Chine, ce concept de JV entre étrangers sans partenaire chinois, est atypique. Et plus encore, le plan d’exploitation des partenaires!

Dès juin prochain, Hershey et Lotte produiront chacun leurs recettes (pas de produit commun), mais distribueront ensemble en Chine. A l’exportation, chacun profitera des réseaux de l’allié : Lotte vendra au Japon les bonbons Kisses de Hershey, qui écoulera à travers les Etats-Unis le chewing-gum Xylitol, produit phare du Coréen. Par cette synergie, Hershey qui existe en Chine depuis 1995, espère d’ici 2010 conquérir 23% du marché (estimé à 639 M$/an), et doubler ses marges, en fabriquant sur place au lieu d’importer comme auparavant. A mesure que leurs revenus s’élèvent, les Chinois s’avèrent toujours plus vulnérables à la chocomania. L’avenir est prometteur, au regard de leur faible consommation : 50 grammes en moyenne annuelle, contre 8 kg à l’Européen !

 

 


A la loupe : La Chine, désert ou oasis des R&D?

Selon l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économique), l’an passé, dans le domaine de la re-cherche scientifique et du développement technologique, avec 136MM$ et 900.000 chercheurs, la Chine dépassa le Japon (130MM$), se plaçant seconde derrière les Etats-Unis (330 MM$ et 1,35M de chercheurs). Le Bureau de la Propriété intellectuelle (BPI) a traité 573.000 demandes de brevets, 20% de plus qu’en 2005. Parmi les brevets accordés, figurent 58.000 «d’invention» et 3826 «internationaux». Faisant le point le 29/01, la Conférence nationale de Sciences et Technologie vantait cette explosion de Recherche et Développement (R&D) en 2006, soutenue par le vivier des 35M jeunes ingénieurs—moyenne d’âge, 45 ans.

Mais cette avancée est à relativiser. Par rapport au Produit intérieur brut (PIB), la dépense en R&D (+22%) reste loin derrière celle des Européens, Japonais ou Coréens. Les sociétés n’y consacrent que 0,71% de leur chiffre d’affaires (contre 5% aux pays industrialisés). L’effort «chinois» vient en grande part des multinationales, profitant de la modicité salariale et des privilèges fiscaux. La R&D se consacre aux produits de consommation courante, non à la recherche fondamentale. Enfin, 56.6% des brevets d’invention ont été accordés aux étrangers – en fait, 99% des sociétés chinoises  n’ont jamais déposé de brevets.

L’Etat sonne l’alarme. Les banques ont reçu l’ordre d’ouvrir le crédit aux projets technologiques. Une stratégie de la propriété intellectuelle est attendue au 1er semestre 2007, incluant plus de lois, de formation professionnelle et de lutte contre le piratage. Objectif très ambitieux : avant 14 ans, la Chine veut tirer 60% de son PIB de sa puissance scientifique et technique, contre 30% actuellement…

Reste l’obstacle essentiel, résumé par cet internaute : «nous devons nous défaire de la tradition confucéenne de reproduire filialement, à l’infini, les manières de faire de nos parents ». La pression institutionnelle, et un système éducatif rigide favorisant la mémorisation, découragent débat et pensée critique. En quelque sorte, sans pouvoir d’initiative, et liberté du chercheur, point de R&D. Consciente de l’enjeu, mais reculant devant la déchirante révision idéologique à entamer, la Chine tourne autour de cet écueil !

 

 


Argent : CNOOC : stagner en 2007, pour mieux rebondir en 2008

CNOOC : stagner en 2007, pour mieux rebondir en 2008

Monopole du pétrole off-shore, la CNOOC, la compagnie nationale off-shore, confirme la déception de l’an dernier, incapable de réaliser les prévisions.

En mai 2006, le passage du typhon Pearl sur la mer de Chine du Sud (en zone de Liuhua), avait détruit les plateformes, laissant la CNOOC 2M de barils en deçà de son objectif de 170M barils. Pour 2007, la tendance reste stagnante, avec une fourchette de 162-170 M barils, dus au retard de mise en production de cinq gisements marins, au lieu de dix prévus. De plus, la forte hausse des cours décourage les invests à l’étranger.

En revanche, à en croire le directeur financier Yang Hua, la production devrait repartir dès 2008, avec « au moins 190M barils » (+15%), plus encore l’année suivante. En outre, la CNOOC veut investir 4,16MM$ cette année (+18%). 512M$ iront à la prospection en mer de Bohai et de Chine méridionale, en Guinée Équatoriale, au Nigeria et au Kenya, en Australie de l’Ouest, en Birmanie et en Indonésie. Le but étant pour 2007, l’augmentation des réserves de 12,5%, et un taux de remplacement de 100%. 3,65MM$ sont aussi réservés aux infrastructures, telle la raffinerie de Huizhou (Guangdong) d’une capacité de 12 Mt, et ses terminaux de gaz liquéfié (GNL) à Shanghai et au Fujian.

La bourse chute toujours

La bourse avait monté de 26,25% en janvier 2007, jusqu’au 30 janvier. Le 31/01, elle a rechuté de 6,5% en quelques heures, puis encore de 4% le 2/2 : plus grande glissade hebdomadaire en 5 ans.

D’aucuns citent Cheng Siwei, n°2 au Palement (ANP), selon lequel seules 30% des sociétés cotées à Shanghai avaient des fondamentaux de qualité occidentale. En fait, les investisseurs institutionnels se désengagent, prenant leurs profits en un mini-« coup d’accordéon ».

L’Etat approuve tacitement, encourageant cet éclatement de la bulle, avant qu’elle n’atteigne une taille nocive !

 

 


Pol : Afrique — pour l’amour de l’or noir…

     Afrique — pour l’amour de l’or noir…

Du 30/1 au 10/2, le Président Hu Jintao effectue un parcours africain – le 5ème de sa carrière, vers ce continent qui semble décidément prioritaire, visité en juin 2006, par le 1er ministre Wen Jiabao, et en janvier 2007, par le ministre des affaires étrangères Li Zhaoxing, tandis que novembre 2006, voyait à Pékin les fastes du 1er sommet sino-africain à Pékin!

Au programme de Hu Jintao, cette fois, Cameroun, Seychelles, Libéria, Soudan, Zambie, Namibie, Afrique du Sud et Mozambique.

Avec l’Afrique, les échanges en 2006 encore, ont bondi de 40%, à 55,5MM$. L’ambition avouée est de les porter à  100MM$ /an en 2010. Restent bien sûr les objections qui mon-tent, telle celle de l’Ouest, sur la protection accordée par Pékin au Soudan et ses livraisons d’armes lui permettant de mener la guerre du Darfour au prix, déjà, de 200.000 vies. Aussi le 2/02 à Karthoum, dans les termes les plus fermes jamais utilisés, Hu réclama de son homologue soudanais Omar al-Bashir l’intervention des Casques bleus de l’ONU aux côtés des hommes de l’Union Africaine. Propos adoucis par les cadeaux apportés, tel un palais présidentiel gratuit, le prêt ou don de 117M$, et l’éponge de 80M$ de dettes. Ce geste déjà constaté à l’étape camerounaise, devrait être dupliqué aux six autres capitales africaines auxquelles Pékin a promis 5MM$ d’aides, prêts et crédits: manière de désamorcer la crainte montante de nouvelle dépendance « post-coloniale » envers la Chine…

        Canada – Chine: tensions en perspectives?

Pékin «retrouve» au Canada, Gao Shan, l’ex-gérant d’une agence de la Banque de Chine (BdC) à Harbin (Heilongjiang) soupçonné d’avoir détourné 100M², et demande (le 29/01) son extradition. L’affaire couve depuis 2005, quand Gao avait disparu, alors qu’une compagnie autoroutière de la province déplorait l’envol de 30M² sur son compte. Très vite, la piste nord-américaine était identifiée—des agents fédéraux canadiens se rendaient au Heilongjiang pour enquête…

Le Canada semble une destination prisée par les cadres chinois corrompus : en 1999, Lai Changxing, escroc de haut vol s’y était réfugié, accusé d’une fraude portant sur 3MM$ au détriment du fisc chinois. En 2001, deux banquiers gagnaient Vancouver après détournement de 570M$. Entre ces pays, l’extradition est difficile, du fait d’une justice canadienne soucieuse des droits de l’accusé. Gao Shan pour l’instant, est en liberté.

Récemment, les relations bilatérales avaient pris un coup de froid, le 1er Ministre Stephen Harper critiquant les droits de l’homme en Chine et refusant que son pays se soumette « au tout-puissant dollar ». A présent, les relations sont en convalescence (cf VdlC 03): une occasion d’accélérer, ou bien de bloquer le réchauffement ! 

   Taiwan réécrit son histoire

En proie à une contestation sans précédent, Chen Shui-bian, le Président de Taiwan (Parti DPP indépendantiste) tente de rester en selle en relançant son vieux rêve de réforme constitutionnelle. Projet provocateur aux yeux de Pékin, mais aussi improbable, vu l’hostilité du Kuomintang, l’opposition nationaliste (ethniquement chinoise, contrairement au DPP) qui tient la majorité au Parlement, et celle de Washington peu soucieux de voir éclater une crise entre les deux rivages du détroit. Autre provocation, un peu plus efficace : les manuels d’histoire viennent d’être révisés, et décrivent Chine et Taiwan comme nations distinctes. L’expression «notre pays» (我国) disparaît ; Sun Yatsen n’est plus le père fondateur de l’île, et sa révolution de 1911 devient un simple soulèvement. A Taiwan comme en Chine, les réactions sont vives. Le Kuomintang accuse le DPP de vouloir couper l’île de ses racines. Et Pékin, comme de coutume, laisse planer la menace de riposte militaire, en cas d’un pas de plus vers l’indépendance.

NB : Taiwan lance un signal à Pékin,en tenant fin janvier, un Forum des nouvelles démocraties, avec les ex-Prsdts de pays s’étant démocratisés dans les années ’90 (Pologne, Afrique du Sud, Corée du Sud, Mongolie, Salvador) : pour rappeler le chemin parcouru par Taiwan, et le fossé qui s’approfondit entre elle et la Chine.

   Dernière minute : Les USA attaquent la Chine à l’OMC

Le 2/02, contraint par un Congrès tenu par l’opposition démocrate, la Maison Blanche attaque la Chine à l’OMC, pour subventions à l’export d’une série de biens, dont le textile, les ordinateurs et l’acier. Susan Schwab, représentante américaine au commerce, a déposé la plainte, «une fois tous les moyens de dialogue épuisés».

 

 


Temps fort : Immobilier—foncier : l’Etat freine toujours plus

Confronté toujours plus au risque de surendettement des particuliers et à la colère des sans-logis, Pékin tente de réduire la spéculation immobilière, en réduisant les liquidités des banques et leurs prêts aux promoteurs. Mais pour ceux-ci lourdement endettés, l’arrêt signifierait la ruine : ils trouvent l’argent frais, en partageant le marché avec l’étranger.

Le 29/1 à Shanghai, Warburg Pincus (USA) acquiert 25% de Shanghai ZK, tandis qu’à Pékin, Road King (HK) porte à 95% sa part du groupe Sunco. De son côté, Hengda (Canton), soutire 900M$ de six géants tels Temasek (Singapour) ou Citigroup. Depuis Hong Kong, Cheung Kong et Hutchison Whampoa, les vaisseaux amiraux du magnat Li Ka-shing misent 355M² sur une résidence de luxe à Shanghai… En 11 mois, l’étranger a placé 210MM$ dans l’immobilier chinois (+24%). Aussi, défiant l’Etat, les ventes foncières galopent, et la hausse des prix du logement reste sévère, dépassant les +10% à Shanghai, les frisant à Pékin, Canton et Shenzhen— la BPdC, la banque centrale, redoute l’effondrement du marché comme au Japon dans les années ’90…

Les campagnes subissent la même razzia foncière, de la part des notables locaux.

Conscient du danger de déstabilisation, l’Etat réagit, et affirme qu’il est en train de gagner la bataille: les émeutes paysannes, dont 50% ont pour origine les expropriations abusives, auraient baissé de 20% (23.000 en 2006). Pour atteindre ce résultat, déclare Chen Xiwen, directeur du bureau de l’agriculture, le régime aurait imposé depuis mi-2005, l’augmentation des compensations aux paysans, l’offre de formations et d’emplois de rechange, la couverture sociale, et l’abolition de la taxe agricole. Il a aussi imposé le principe de la responsabilité personnelle du cadre, en cas de manifestation suite à ce genre de fraude…

 Pour autant, le régime refuse de sacrifier le dogme de la propriété collective du sol. Par idéologie, mais aussi par bon  sens pragmatique: si le droit du sol était déréglementé, les premiers à spolier les fermiers, seraient les cadres. Priorité n°1 du régime, la promotion paysanne est réaffirmée dans le document n°1 du Conseil d’Etat, publié le 29/01. On y apprend la volonté publique d’investir “bien plus” dans les écoles, la santé, les infrastructures rurales en 2007 (après les 5,6MM$ de hausse de 2006), et de tout faire pour enrayer la disparition des terres arables, perdues en érosion ou construction immobilière.

Zhu Lifeng, paysan de 40 ans, vient de gagner un procès qui fera date. La mairie de Yuyao (Zhejiang) l’avait taxé pour ses maisons sans permis, les régularisant ainsi. Puis elle les avait faites abattre, reniant ainsi la transaction. Le verdict est symbolique. Mais c’est une première, donnant raison au petit cultivateur contre le cadre d’ordinaire toujours vainqueur !

 

 


Petit Peuple : Ji Qiu et Jiang Xing, chassés du paradis

A peine débarrassée des soucis matériels, la Chine urbaine se plonge dans la quête du sens de la vie.

A Shanghai, Ji Qiu, 29 ans, diplômée, faisait son parcours du combattant écolo, et chattait avec les baba-cools et végétariens de la toile. Jusqu’au jour où elle rencontra les naturistes: ce fut l’illumination !

Chaque week-end avec ses nouveaux maîtres à vivre, elle refit le monde, prit un verre, et dansa une valse en tenue d’Ève. Mais attention, même sans nippes, on respectait la morale – corset bien plus rigide. Le 1er jour, elle avait dû souscrire aux 20 interdits, tels que zieuter un sexe plus de 3 secondes, bavarder de «çà» hors du groupe et surtout -abomination- faire l’amour… A ce prix, elle vécut un an de feu au sein de son cercle exclusif, qui se croyait détenteur de l’honnêteté et du courage sur terre, déchirant l’hypocrisie des habillés! Seule lézarde à l’idéal édifice: au fil des séances, Ji Qiu fut émue par Jiang Xing, mâle aux pectoraux renversants, mais la bague au doigt. Le regardant les trois secondes permises, elle voyait bien que c’était réciproque! Pour l’heure, à la chinoise, on baissait les yeux, gardiens fidèles de la discipline collective !

Des mois après, par hasard (?), ils se revirent à Phuket (Thaïlande) en stage d’entreprise : dès le 1er quart d’heure, toutes les règles, tous les boutons sautèrent. A leur retour, en secret, ils poursuivirent leur liaison coupable,jusqu’à début janvier, quand la légitime de Jiang Xing les dénonça : les voilà renégats, rejetés de l’Eden, puis par vagues successives, de leurs cercles d’amis, clients et collègues : au sein du microcosme shanghaïen, tout se sait, rien ne se pardonne ! 

C’est ainsi que Ji Qiu et Jiang Xing se sont trouvés en faute, vis-à-vis de l’extrême exigence de chasteté de leur club. Curieusement celle-ci semble émaner, non des mouvements naturistes occidentaux, mais du bouddhisme, 1000 ans plus tôt au Tibet, où le trapa séminariste devait partager la chambre d’une trop belle nonne, 3 ans, nuit après nuit, afin de mieux «atteindre la paix en sur-montant les six désirs » – 六根清静,liu gen qing jing.

Chassés de leur Eden artificiel, nos amants découvrent à leurs dépends que la pureté n’est pas de ce monde. Sans avoir encore découvert que leur malheur pourrait devenir une chance : celle de fonder une culture chinoise de demain, réconciliant exigence de retour à la nature, besoin éthique et soif d’amour !