Firmes européennes—deux grands nettoyages
Deux groupes européens font face dans leurs branches chinoises à des affaires de corruption.
[1] Accusé par l’hebdo Wirtschaftswoche d’avoir obtenu par bakchich jusqu’à la moitié de ses contrats chinois de télécom, Siemens dément, mais admet des «comportements impropres» chez son personnel, et d’avoir congédié 20 cadres pour cette raison. Loin de se limiter au sol chinois, l’affaire est mondiale: 200M² manquants à l’audit auraient servi à financer des contrats sur divers continents.
NB : la Chine est un espace vital pour Siemens qui y a investi 1,5MM², veut y placer 1MM², et qui en tirait 5MM² de marché en 2006, qui doubleront d’ici 2010.
[2] En coopération avec les autorités, Carrefour, le distributeur aux 101 grandes surfaces, fait le ménage parmi ses directeurs locaux.
Huit d’entre eux sont aux arrêts, accusés d’avoir sollicité les faveurs des fournisseurs, sous forme de cartes de crédit, billets gagnants de loterie et factures discrétionnaires. De juin à août, la police a interrogé 22 suspects dont 12 fournisseurs et dix cadres « achats », entre Pékin et sept autres villes, dont Shenzhen. La source de la fraude est la liberté octroyée par le groupe aux cadres en Chine, de choisir leurs achats, fournisseurs et prix. L’absence de transparence, et la distance permettait aux indélicats de réaliser de gros profits personnels au détriment de la firme et du consommateur. Eric Legros, directeur général depuis 2006, a éventé la pratique.
NB : comme pour Siemens, l’affaire ne devrait pas avoir d’incidence sur la croissance de Carrefour en Chine, qui y générait 2,4MM² de chiffre en 2006, et compte ouvrir 25 magasins de plus cette année — sur ces bases assainies !
Anti-dumping européen : une cote mal taillée
En 2001, la Commission Européenne infligeait pour cinq ans un droit anti-dumping sur les ampoules néon à économie d’énergie originaire de Chine.
Au terme de la période, l’industrie chinoise n’empoche « que » 70% du marché de l’Union Européenne, estimé à 376M². Le reste allant à l’allemand Osram et trois autres producteurs. La question était posée, de savoir quelle suite à cette mesure expirant en octobre. Osram réclamait deux ans de délai « transitoire ». Tandis que Philips, ayant fait le choix de produire en Chine, réclamait l’abolition d’une barrière douanière lui coûtant 20M²/an.
En un jugement de Salomon, Peter Mandelson, le commissaire à la concurrence a obtenu (29/08) de ses collègues une prorogation d’un an. Bon pour l’emploi européen, mais mauvais pour le consommateur, et pour l’économie d’énergie. En tout cas, très bientôt, on peut s’attendre à voir les 10aines de compagnies productrices en Chine, renforcer leurs chaînes de production, rejointes par les industries européennes encore absentes sur la photo!
NB : A 5 pays dont la Chine, Bruxelles vient aussi (30/08) d’imposer une autre taxe antidumping, provisoire, sur le ferrosilicone (adjuvant des aciers spéciaux) : +35,5%. 1er producteur mondial, la Chine en a livré en Europe près d’1Mt, de janvier à juillet.
Sommaire N° 28