Pol : Nouveau fléau porcin caché : ‘les oreilles bleues’

Pékin serre sa poigne

Réaction quasi-instinctive : l’approche du XVII. Congrès conduit les autorités, locales et nationales, à resserrer le verrou sur la presse: c’est que pour les cadres, ce rendez-vous quinquennal du Parti est aussi une «distribution des prix » où ceux ne s’étant exposés à aucune critique sont promus; et les autres voient leur carrière compromise!

C’est pourquoi la SARFT, tutelle de l’audio-visuel, (State Administration of Radio, Film and Television),

vient d’imposer aux mairies d’arrêter les opérateurs distribuant les chaînes étrangères par satellite (comme le très populaire Hongkongaise « Phoenix », de Murdoch), réservés aux hôtels et quartiers d’expatriés. Ce qui signifie, au passage, que cette TV étrangère déborde tranquillement, clandestinement de son cadre étriqué, forçant le régime à faire le nettoyage.

Idem, le «département de la publicité » (propagande) a spécifié que seules seraient désormais tolérées les nouvelles positives. Les journalistes pékinois ont été instruits de manière détaillée sur la juste manière de couvrir le test routier des 17-20/08, prohibant l’interview de banlieusards en rade ou les images de bus pris d’assaut. Idem, pour l’effondrement du pont en construction à Fenghuang (Hunan, 13/08) qui coûta 64 vies au moins. Hu Jintao exigea une enquête (il y avait évidente malfaçon), mais la presse n’en fut pas moins censurée et cinq reporters, y-compris celui du Quotidien du peuple, furent frappés par des nervis. Pour bien montrer que l’heure est sérieuse, Chen Shuqing, cyberdissident connu, vient d’en prendre (16/08) pour quatre ans à l’ombre, pour ses articles sur la toile hostiles au régime. La SARFT exprime cette campagne dans un langage pompier, réminiscence du passé rouge: « renforcer la réglementation, maintenir le contrôle de l’Etat, et bloquer l’infiltration intellectuelle et culturelle des forces ennemies » !

 

100 millions de porcs perdus ?

      Depuis mai 2006, combien de porcs sont-ils morts du « virus des oreilles bleues » qui s’attaque au système respiratoire ? « 68.000, plus 175.000 abattus », déclara le 20/08 Jia Youling, chef vétérinaire au ministère de l’agriculture. « Plus d’un million », compléta un porte-parole 4 jours plus tard. Jia admettait que des cadres locaux avaient « probablement » caché des cas.

La maladie est partout, dans au moins 26 provinces. Aux dernières annonces, volontairement lénifiantes, le mal serait sur le déclin et les mesures prophylactiques auraient évité la pandémie. Le cheptel mettrait toutefois longtemps à s’en remettre —comme les prix à redescendre. Probablement fruit d’une mutation, ce virus des « oreilles bleues » est plus virulent que celui connu ailleurs. Cependant, il est inquiétant qu’à ce jour, la Chine n’ait pas transmis d’échantillons de cellules-souches à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), lui permettant d’isoler le virus. Ce qui suscite le « holà » des autorités vétérinaires des autres pays et de l’OMS. Autre fait avéré, affolés par la maladie, les paysans ont vendu avant terme, accélérant la pénurie.

Cependant, nous vient d’Outre Pacifique une information bien différente : 1er producteur de porc aux USA, Smithfield (18M porcs /an) vend à la Chine 60M de livres de porc (300.000 carcasses) avant décembre – pour commencer. Jusqu’à 4% de la production américaine pourrait passer en Chine cette année. Larry Pope, directeur chef du groupe virginien, estime à 100M le nombre des porcs infectés en Chine, et à 20% le risque de perte de ce premier cheptel mondial. A en croire à Smithfield, suite aux achats massifs chinois, le cours mondial va s’affoler.

Mais surtout, face à ce nouveau fléau, on doit retenir une absence de transparence de l’administration locale, fondamentalement peu différente de celle démontrée lors du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère), en 2003 – leçon non apprise ?

 

 

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