Temps fort : Canton, laboratoire en quête d’avenir

Parmi les 30 entités territoriales de Chine, le Guangdong est «1er de la classe», ayant doublé son PNB en cinq ans à 65MM$, haussé de 80% son revenu par habitant (à 3662$/an), triplé ses échanges à 69MM$. La province pèse 13% du PNB, et dépassera en 2006 les 355MM$ du PIB de Taiwan. D’ailleurs, Zhang Dejiang, le Secrétaire du Parti depuis 2002, a le vent en poupe, déjà au Politbureau, pressenti pour passer vice 1er ministre, voire maire de Pékin.

Pourtant, loin de pavoiser, Zhang exprime des soucis non feints. « Lors du prochain quinquennat », dit-il,   « les défis seront sans précédent, tout comme les chances ». Comme défis qui s’exacerbent, il voit la concurrence interne et mondiale, les conflits sociaux, la pollution, la rareté des ouvriers et des matières premières. Comme atouts, comptent les liens avec Hong Kong et Macao, la fortune en crédits, le savoir-faire et les infrastructures.  Aussi Zhang prône le passage d’une économie de ressources, à celle d’innovation : finie la course au volume, vive celle à la qualité!

Exemple de ces murs contre lesquels se heurte toujours plus Canton : le 7/08/2005, une mine à Xingning fut inondée : 123 morts. Un mois plus tôt, 16 autres mineurs mouraient sur le même site. La mine opérait sans licence—comme des dizaines d’autres, dangereuse, polluante, au seul profit du patron… Puis le gouverneur Huang Huahua, fit dynamiter tous les puits des mines de la province : elles ne produisaient que 8Mt/an—une poussière, face aux 2,1MMt du débit national !

Avec cette même approche volontariste, Zhang veut à présent fermer les industries polluantes (-15% d’ici 2012) et gaspilleuses en énergie (-16%), pour évoluer vers le high tech, la biologie, l’équipement « vert », les nouveaux matériaux, la recherche privée… Seul obstacle à ce programme, et différence entre Canton et Hong Kong : le contrôle sur l’opinion, la collusion entre cadre véreux et mafia. En 2005, sous Zhang, le SRAS débuta à Canton et y fut caché durant 5 mois. Cette année-là, un graphiste sans ses papiers mourut tabassé dans un commissariat. En 2005, à Taishi, 20 paysans décédèrent des frappes des triades, relayées par la police. Les émeutes à Canton seraient en baisse, affirme Zhang, mais sans preuve, faute de justice-arbitre et de presse neutre. Là aussi, il y a besoin d’innovation !

En somme, c’est en fait à une mutation que Canton se prépare. Le modèle post -socialiste, l’alliance entre business ultralibéral et ordre politique montre ses limites. Or, cette province de pointe est le laboratoire social de la Chine, qui dans 10 ans, sera en demande des mêmes solutions : vu l’enjeu, on ne peut que lui souhaiter de réussir !

 

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