Joint-venture : Arcelor-Mittal face à la grande muraille de fer

Commande réunionnaise à Sinopacific

Hier conglomérat diversifié (avec la distribution Cora), le réunionnais Bourbon s’est recentré sur un métier «pointu» : le service à l’offshore pétrolier, dont il tirait 717,6M² de chiffre d’affaires en 2006 de ses 250 navires et 4500 marins ou clercs.

Fin février, il renforce sa dominance en commandant à Sinopacific, (3 chantiers, à Ningbo, Yangzhou et Jiangdu),  44 navires (+2 commandés au Nigeria) pour un coût de 560M². Parmi ceux-ci, 28 remorqueurs, 14 navettes de 1600TJB, « feeder » de plateformes, et 4 double coque de 89m. Sinopacific, son partenaire armateur privé, lui a déjà construit 14 navires.

NB : ces commandes massives suivent une stratégie : d’ici 2010, 400 bateaux de service à l’offshore, de plus de 30 ans, seront bons pour la casse. Bourbon s’apprête à accompagner ses clients, tout en mangeant des parts de marché.

 

Arcelor-Mittal face à la grande muraille de fer

Avant de passer 1er sidérurgiste en absorbant Arcelor, Mittal avait déjà un pied en Chine. Fort de ses 10% du marché mondial, il poursuit sa pénétration du pays, 1er producteur et consommateur, en renforçant ses acquisitions.

[1] Il possédait déjà 29,5% de Hunan Valin-Tube & Wire, à Changsha. S. Krishnamoorthy, patron de Mittal-Chine, annonce un rachat amiable de 49,3% des parts nouvelles émises par Hunan Valin (valeur totale : 239M²) pour pousser sa participation à 33,3% -le reste allant à la maison-mère, HV-Iron & Steel.

[2] Mais cette stratégie du groupe n’est pas parsemée de roses, la Chine administrative bronchant à l’arrivée du géant. Mardi 6/03, Baotou, où Mittal guignait 49% des parts, vient de couper court : quoique légale en Chine, cette reprise était plus qu’il n’était prêt à céder—Baotou a produit l’an passé 5,4Mt, et en sortira 10 cette année.

[3] Avant sa propre reprise, Arcelor avait acquis 38% de Laiwu (Shandong). Mais depuis, le feu vert pékinois traîne – il est question de forcer le géant indo-européen à rétrocéder une partie de son achat.

NB : En 2006, la Chine a produit 418,8Mt d’acier (+18,5%) et exporté 43Mt (+109%). Les restitutions de taxe à l’export ont permis d’éponger la hausse de 79% du minerai l’an dernier. A présent, pour prévenir les plaintes à l’OMC des US et du Japon, la Chine va éliminer cette prime. Mais la prime, et le blocage de Mit-tal face à Baotou et Laiwu, évoquent la main de l’Etat, protection-niste de ce secteur jugé stratégique !

Arrêt dans la course à l’or noir d’Afrique noire

Le sommet sino-africain de novembre avait été glorieux, mais peut-être trompeur : 1er fournisseur pétrolier de la Chine (devant l’Arabie Saoudite depuis avril 2006), l’Angola vient de briser les palabres avec Sinopec pour une raffinerie à 3,7MM$, de 200.000 barils/jour.

Anabela Fonseca, vice-Présidente du groupe local Sonangol, prétend construire seule, dès cette année, à moins cher. Or Luanda vient aussi de forcer Exxon à renoncer à ses parts dans un futur terminal GNL en MM$ : clairement, le pays sub-saharien, ruiné par 27 ans de guerre civile, reprend en main ses ressources pétrolières. Le prêt de 2MM$, sans condition par l’Eximbank chinoise en 2004, suivi d’un autre d’1MM$ en 2006, n’y change rien. Les mauvaises nouvelles ne viennent pas seules : 1er producteur africain, le Nigeria  communique (6/03) que le deal pour la rénovation-reprise de la raffinerie de Kaduna pourrait aussi tomber, que la CNPC devait construire pour 2MM$. Tout comme les droits de CNPC sur 4 blocs, payés 16M$. Ces deux pays  se sont concertés, et l’Angola est rentré en janvier à l’OPEP : désormais, ils vont vouloir livrer le pétrole et non les gisements, et les 160Mt de brut que la Chine compte importer cette année (+10%) seront un peu plus durs à trouver, et certainement plus chers !

 

 

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