Le Vent de la Chine Numéro 10

du 12 au 18 mars 2007

Editorial : Wen Jiabao : une Chine verte, et ‘durable’ !

« Nous visons une croissance de +8% », a affirmé lundi 5/03, en ouverture du Plenum du Parlement (l’ANP), le 1er ministre Wen Jiabao aux 2.988 députés. Sans conviction : depuis 30 ans, ces 8% sont chaque année cités et dépassés. 2006 a atteint 10,7% de croissance de PNB (2100MM²), 393MM² de taxes, et 1.254MM² d’échanges commerciaux !

A 6 mois du XVIIe Congrès d’octobre, le pouvoir veut rassembler ses oppositions gauchi-ste et réformiste, sans mettre le doigt dans l’engrenage de la démocratisation. Wen compte plutôt sur le carnet de chèques pour combler la fracture sociale qui s’aggrave, avec 1.176² de revenu/an au citadin (+10,4%), pour 4 fois moins au paysan (358², et 7,4% de mieux)…

C’est un programme tactique pour l’année que Wen a dévoilé: ni démocratie, ni modernisation du régime, mais une consolidation, une course à l’écologie et une lutte anti-surchauffe/pollution/corruption. Abandonnant le « rouge » socialiste, le 1er ministre se met au « vert » et confirme le nouveau mot d’ordre, le plus populaire : le développement durable.  

Dès cette année, toutes constructions, pour être approuvées, devront intégrer des normes d’ isolation et d’éclairage naturel. Il n’y aura plus de licences pour chantiers (ou terrains de golf) pris sur des champs: dans la hantise de ne plus nourrir ses 1,3 MM de bouches, l’Etat fixe la barre des terres arables à 120M d’hectares.  Dès cette année, seront déclassées des petites centrales thermiques pour un total de 10 MKw de capacité, et 10% du parc sidérurgique (-65Mt). Idem, les produits d’export trop gourmands en énergie  ou trop polluants seront interdits. L’Etat imposera à toute usine des objectifs décroissants et contraignants — gare aux transgresseurs ! 

Dans le même temps, Pékin veut rendre gratuite l’école à 150 M d’enfants de paysans pauvres (c’est déjà le cas pour 42 M), ouvrir un hôpital par canton, un dispensaire par village, un réseau de distribution de médicaments à bas prix, mais de qualité, tout en étendant à 80% des paysans l’assurance-retraite (très simple et limitée) créée pour eux. 410M auraient déjà commencé à cotiser.

Enfin dans ce discours qui laisse sur sa faim, et évite de critiquer les corps de l’Etat, un slogan obscur et quasi-anachronique réapparaît : les « trois représentativités » forgées 10 ans plus tôt par Jiang Zemin. C’est la main tendue par Hu Jintao à l’ex-rival, signe d’un besoin de réconciliation face à l’ épreuve du XVIIeme Congrès qui s’annonce rude !

 

 

 

 


A la loupe : Taiwan / Hong Kong — quand le chat n’est pas là…

Tradition solide en Chine chaque mars, lors de la session du Parlement (ANP) : Taiwan voire Hong Kong profitent de la distraction momentanée du pouvoir, pour exprimer leurs velléités centrifuges!

A Formose, le ton a été donné le 4/03 par le Président Chen Shui-bian, leader du DPP, parti des ethnies Hakka et Minnan : lors d’un banquet, il osa soutenir la séparation, une nouvelle Constitution, un Etat d’un autre nom et l’entrée à l’ONU. C’est un déni de son engagement électoral de 2000. Il va avec la suppression du mot 中华 « Chine » des timbres et des noms de groupes d’Etat, et celle des statues de Chiang Kai-chek. Il va de pair avec la livraison imminente d’armes US, dont 453 missiles AMRAAM et 235 Maverick pour 421M$. Agacé, Guo Boxiong, n°2 de l’armée (vice-président de la Commission militaire centrale – CMC) a rappelé avec pompe et emphase à l’ANP le « devoir sacré » de l’APL – l’Armée – d’aller reprendre l’île, si elle ose sauter le pas de l’indépendance, passant outre les avertissements de l’allié américain.

Moins impressionné, Li Zhaoxing le ministre des affaires étrangères a conseillé à la presse de « ne pas relever » les dires du « dirigeant local », et Wen Jiabao a rappelé que la porte restait ouverte à la négociation. Ligne molle donc, comme celle d’un camp sentant qu’il « tient le bon bout », face à un Président Chen usé par le pouvoir et sous la suspicion de corruption. Finalement, les plus choqués sont les vieux leaders du KMT Kuo Min Tang, dont Lien Chan, ex-1er ministre, qui annonce sa visite en mai à Pékin, pour recoller les morceaux, discuter « réunification » et « accords touristiques »… s’il était élu en 2008.

A Hong Kong, les élus démocrates rêvant d’élection directe (contre la sensibilité du Parti communiste chinois qui redoute la même attente au-delà de la frontière) choisissent ce moment pour publier leur scénario. La populaire Anson Chan suggère le suffrage universel pour le chef de l’Exécutif en 2012, pour le Legco (Parlement) en 2016. Recueillant ainsi un large succès d’estime auprès de Donald Tsang, le n°1 de Hong Kong, et de son opposant Alan Leong. Très prudent, Pékin s’exprime tardivement par la voix de Wu Bangguo, le Président du Parlement : la réforme du système politique de Hong Kong est « du seul ressort du pouvoir central »… Parole critique, mais qui à vrai dire, n’engage pas l’avenir !

 

 


Joint-venture : Arcelor-Mittal face à la grande muraille de fer

Commande réunionnaise à Sinopacific

Hier conglomérat diversifié (avec la distribution Cora), le réunionnais Bourbon s’est recentré sur un métier «pointu» : le service à l’offshore pétrolier, dont il tirait 717,6M² de chiffre d’affaires en 2006 de ses 250 navires et 4500 marins ou clercs.

Fin février, il renforce sa dominance en commandant à Sinopacific, (3 chantiers, à Ningbo, Yangzhou et Jiangdu),  44 navires (+2 commandés au Nigeria) pour un coût de 560M². Parmi ceux-ci, 28 remorqueurs, 14 navettes de 1600TJB, « feeder » de plateformes, et 4 double coque de 89m. Sinopacific, son partenaire armateur privé, lui a déjà construit 14 navires.

NB : ces commandes massives suivent une stratégie : d’ici 2010, 400 bateaux de service à l’offshore, de plus de 30 ans, seront bons pour la casse. Bourbon s’apprête à accompagner ses clients, tout en mangeant des parts de marché.

 

Arcelor-Mittal face à la grande muraille de fer

Avant de passer 1er sidérurgiste en absorbant Arcelor, Mittal avait déjà un pied en Chine. Fort de ses 10% du marché mondial, il poursuit sa pénétration du pays, 1er producteur et consommateur, en renforçant ses acquisitions.

[1] Il possédait déjà 29,5% de Hunan Valin-Tube & Wire, à Changsha. S. Krishnamoorthy, patron de Mittal-Chine, annonce un rachat amiable de 49,3% des parts nouvelles émises par Hunan Valin (valeur totale : 239M²) pour pousser sa participation à 33,3% -le reste allant à la maison-mère, HV-Iron & Steel.

[2] Mais cette stratégie du groupe n’est pas parsemée de roses, la Chine administrative bronchant à l’arrivée du géant. Mardi 6/03, Baotou, où Mittal guignait 49% des parts, vient de couper court : quoique légale en Chine, cette reprise était plus qu’il n’était prêt à céder—Baotou a produit l’an passé 5,4Mt, et en sortira 10 cette année.

[3] Avant sa propre reprise, Arcelor avait acquis 38% de Laiwu (Shandong). Mais depuis, le feu vert pékinois traîne – il est question de forcer le géant indo-européen à rétrocéder une partie de son achat.

NB : En 2006, la Chine a produit 418,8Mt d’acier (+18,5%) et exporté 43Mt (+109%). Les restitutions de taxe à l’export ont permis d’éponger la hausse de 79% du minerai l’an dernier. A présent, pour prévenir les plaintes à l’OMC des US et du Japon, la Chine va éliminer cette prime. Mais la prime, et le blocage de Mit-tal face à Baotou et Laiwu, évoquent la main de l’Etat, protection-niste de ce secteur jugé stratégique !

Arrêt dans la course à l’or noir d’Afrique noire

Le sommet sino-africain de novembre avait été glorieux, mais peut-être trompeur : 1er fournisseur pétrolier de la Chine (devant l’Arabie Saoudite depuis avril 2006), l’Angola vient de briser les palabres avec Sinopec pour une raffinerie à 3,7MM$, de 200.000 barils/jour.

Anabela Fonseca, vice-Présidente du groupe local Sonangol, prétend construire seule, dès cette année, à moins cher. Or Luanda vient aussi de forcer Exxon à renoncer à ses parts dans un futur terminal GNL en MM$ : clairement, le pays sub-saharien, ruiné par 27 ans de guerre civile, reprend en main ses ressources pétrolières. Le prêt de 2MM$, sans condition par l’Eximbank chinoise en 2004, suivi d’un autre d’1MM$ en 2006, n’y change rien. Les mauvaises nouvelles ne viennent pas seules : 1er producteur africain, le Nigeria  communique (6/03) que le deal pour la rénovation-reprise de la raffinerie de Kaduna pourrait aussi tomber, que la CNPC devait construire pour 2MM$. Tout comme les droits de CNPC sur 4 blocs, payés 16M$. Ces deux pays  se sont concertés, et l’Angola est rentré en janvier à l’OPEP : désormais, ils vont vouloir livrer le pétrole et non les gisements, et les 160Mt de brut que la Chine compte importer cette année (+10%) seront un peu plus durs à trouver, et certainement plus chers !

 

 


A la loupe : Airbus en approche finale de Tianjin

Blessé chez elle en Europe, au coeur d’une douloureuse restructuration, Airbus tente d’aller de l’avant en Chine, terre d’avenir !

Dai Xianglong, maire de Tianjin, rapporte à l’ANP les progrès de la 1ère chaîne d’assemblage hors Eu-rope de monocouloirs A320, le best-seller du groupe. Pour cette JV à 51% européenne, avec une alliance de la zone de Binhai, AVIC I et AVIC II (principaux constructeurs aéronautiques du pays), 2,4km² ont été alloués à Binhai (les habitants, relogés), et la construction va bon train, moyennant 200M² d’investissement. Dès l’an prochain, 500 employés dont 150 ingénieurs seront à l’ouvrage pour arriver au rythme de croisière de 4 avions par mois en 2011. Négociée depuis des années, la JV avait été signée en octobre 2006, lors de la visite de Jacques Chirac à Pékin. A cette occasion, Louis Gallois, nouveau n°1 d’Airbus, confiait à la Chine 5% du développement du futur modèle A350.

Le même jour, Minsheng, banque privée, préfigure un accord avec Airbus, via la JV de Tianjin, portant création d’une compagnie de location d’avions : une technique encore peu usitée en Chine (en décembre, pour 965M$, la Banque de Chine rachetait Singapore Aircraft Leasing). Elle contribuera à placer les 2600 nouveaux appareils pré-dits par Boeing sous 20 ans en Chine, à moindre investis-sement et risque pour les transporteurs. Minsheng possé-dera 51% du capital, Airbus 15%.

Puis le 7/03, Airbus encore, par l’entreprise d’EADS, sa maison-mère, annonce l’ouverture prochaine à Pékin du 1er bureau de sourcing, pour son compte et celui d’Eurocopter, l’autre filiale. Cette activité valait 60M$ l’an passé, chiffre qui doublera d’ici 2010.

Izvestia (Russie) dévoile une info « chaude » : courtisée par des firmes chinoises et russes, Airbus pourrait octroyer 5% des parts à Pékin et 3% à Moscou, en plus des 5% déjà acquises (voire 6 à 7%, selon rumeur) par la banque rus-se VTB dans EADS. Symptomatiquement, alors, la Chine sort du chapeau son projet rival de l’A320, qu’elle prétend sortir « d’ici 5 ans ». Comme pour réduire facticement son intérêt pour la transaction avec Airbus : bluff ?

 

 


Argent : Littoral chinois : le réveil

Par décision du ministère des finances et de l’administration des océans, le 4/03, la taxe de reconquête sur la mer vient d’exploser, de 150² l’hectare depuis 1993, à 30.000² minimum et 195.000² maximum, payables comptant.

C’est un coup d’arrêt à cette activité, qui fit perdre 300km² de bas fonds de 2001 à 2005 sur 18.000km de littoral. Le pouvoir commence à réaliser les dégâts de la poldérisation très lucrative, permettant aux promoteurs de multiplier marinas (vue imprenable), complexes industriels (eau de refroidissement garantie, rejet direct d’effluents) et de combler la soif d’espace des 900M de Chinois de la «Chine bleue». Le résultat convertit les baignades en «cuvette hygiénique», tue faune et flore, change les courants (des circuits d’érosion), éradique les dunes (défenses contre les typhons), fait proliférer les marées rouges. Voici donc un 1er pas vers une politique de protection du littoral.

NB : le 27/02, la Banque Mondiale octroie 147M$ et le GEF (Global environment facility) 5M$ à 9 villes du Shandong, dont Weifang, Weihai et Yantai, pour un projet de réfection des berges, de réseaux et de centrales de retraitement des eaux usées. Ceci, pour enrayer la dégradation côtière de cette province 1ère du pays par la croissance, 2de par la pollution, coincée entre les mers de Chine et de Bohai.

 

 


Pol : Un budget couleur de Grande muraille

Un budget couleur de Grande muraille

Avec un budget 2007 de 440MM² (+13,8%), l’Etat affiche l’éclatante santé de l’économie, et prétend réaliser sa politique de «société harmonieuse», en gommant les injustices structurelles de la croissance hyperlibérale. Mais il ne convainc pas toujours.

Pour éponger la masse monétaire, il réduit le déficit à 24MM², soit -11%, et taille d’1MM² les 5MM² d’émissions de bons d’infrastructures. Les banquiers ne s’y trompent pas. Ils affirment qu’il faudra plus d’austérité pour limiter la croissance à 8% et nient en fait la crédibilité de l’objectif. De même, pour financer la santé des Chinois, le ministre impute 3,1MM², affirmant une hausse de «+86,8 %».

Bilan contesté par Zhu Zhonghan, élu et ex-n°1 du Bureau Pékinois de la Santé, qui ne voit dans cette hausse que 0,1% des dépenses publiques, pour une allocation globale de 3,5%. Or, pour sauver 240.000 nourrissons chinois sur les 400.000 perdus chaque année, il suffirait de 2,55MM² de plus. Une vraie réforme de la santé pourrait drainer 10% du budget public, d’ici « 5 à 10 ans ». Enfin, dans ce budget, l’armée reçoit 34,2MM² (+17,8%) : «militarisation», craignent certains—mais «seulement 1,6% du PIB», se défend l’APL. Placide, R. Gates, secrétaire US à la défense conclut que la Chine « ne constitue pas un adversaire stratégique » de son pays : manière subtile de remettre la balle au centre !

Grippe aviaire — mobilisation

Le 28/02, le ministère de la santé a annoncé un cas de grippe aviaire humaine : une éleveuse du Fujian de 44 ans. C’est le 2d cas de l’année.

En même temps, une épizootie était signalée au Tibet, accompagnée de vente de volaille malade dans un marché de Lhasa. Depuis, Pékin reprend des mesures pour éviter la re-crudescence printanière. Le marché est fermé pour 6 mois, 7000 volailles ont été abattues et 19 personnes mises en isolation. Depuis le 6/03, une campagne de vaccination obligatoire intégrale est en route : des MM de canards et poulets seront piqués d’ici mai. Tous les centres épidémiologiques sont en alerte. D’autre part, après avoir dressé l’arbre généalogique des différents avatars du virus H5N1, l’université californienne d’Irvine confirme le soupçon de la communauté scientifique que le Guangdong a été le berceau du virus, et avec le Qinghai, un nid actif de nouvelles souches. « Conclusions erronées, contraire aux preuves, et sans crédibilité », fustige He Xia, le directeur agronomique de la province du Guangdong, repris par toute la presse.

 

 


Temps fort : La session de l’ANP, vue depuis son salon de thé !

Il y a l’hémicycle, ses discours, ses bravos. Et puis il y a l’immense salon de thé où l’on se rencontre entre édiles des 4 coins du pays, pour échanger ses affaires, doléances, pétitions. Visage plus vivant du Parlement, et de la Chine…  

Les élus viennent par équipes, villes et provinces, pour gagner des voix, faire leur pub, ou contre mauvaise fortune bon coeur. Menée par Han Zheng, son maire et Secrétaire ad interim, Shanghai pratique une humilité atypique, après le scandale de son fonds de pension et le limogeage de la moitié de ses cadres. Ce qu’on lui reproche le plus, au fond, sont ses 10 ans de pouvoir national sans partage, sous Jiang Zemin. Wu Bangguo, Président de l’ANP lui lance une absolution un peu douteuse : « la plupart des cadres de Shanghai sont bien ! »

Luliang (Shanxi), déclare à grand bruit la coupure du compteur électrique à 162 usines publiques ou privées, puis bientôt à 300 autres. Elle espère ainsi quitter la liste noire des villes grandes pollueuses, dressée par la SEPA (State Environmental Protection Administration) en janvier, et relancer ses 200MM¥ de chantiers d’infrastructure : son université, son aéroport…

Effet de manche pour Chongqing qui vante, par une mesure radicale, son « courage administratif » suite au décès de la  rage d’un habitant : l’abattage sous 8 jours de tous les chiens dans la ville, même vaccinés. Seule exception, les chiens de garde de la mairie et les cobayes des centres de recherche.

 Par la voix du gouverneur Huang Huahua, le Guangdong, notoirement laxiste en pollution, fait le beau avec son prochain satellite qui épinglera les usines et villes gourmandes en énergie ou salissant son air et son eau. Coût : 230M² – Canton se remboursera sur les taxes aux coupables, et espère ainsi tenir son engagement de réduire sa consommation et sa pollution de 16% d’ici 2020.

Au Tibet côté Han, Zhang Qingli rejette le soupçon que la flamme olympique, portée au sommet de l’Everest, puisse souiller l’atmosphère montagnarde ; côté tibétain, Phuntso Wangye, marxiste historique (84 ans) accuse des « faucons » militaires de bloquer le retour du Dalai Lama sur le Toit du monde.

Au grand salon de thé, ou dans les groupes de travail, on entend aussi les voix du pouvoir, testant auprès des élus les initiatives envisagées : comme le vice-ministre de la supervidion Chen Changzhi qui prétend faire confisquer en Chine les édifices publics au luxe extravagant et les revendre aux enchères. D’autres projets prévoient le statut de vacance légale à la veille du Nouvel An Lunaire, et l’ouverture probable cette année (selon Shang Fulin, président de la CSRC la China Securities Regulatory Commission) d’un second tableau de valeurs à risque, un Nasdaq chinois.

Décisions déjà prises: au nom de la santé morale des mineurs, le ban sur tout nouveau cybercafé en 2007, un contrôle strict de l’argent virtuel dit «QQ» du groupe Tencent, créé pour des jeux en ligne, mais servant entretemps à 200M de gens à des usages plus larges, tels le blanchiment d’argent, les paris et le cybersexe.

Enfin, ce forum chinois abrite une jungle hétéroclite de lobbies. Comme tous les tabagistes du monde, Zhang Baozhen, sous-chef du monopole d’Etat, monte au créneau pour défendre l’herbe de Nicot : contre ceux qui veulent la limiter en pensant aux 1,2M de décès/an, Zhang invoque curieusement la stabilité sociale -s’il n’y a plus de fumette, l’émeute guette ! De leur côté,  Han Deyou (Chongqing) et 20 élus exigent le retour en équipe olympique de Tian Liang, double médaillé d’or, exclu pour avoir accepté des contrats de publicité au détriment de son entraînement, et surtout refusé de s’excuser. A travers ce cas, au nom de l’« intérêt national », c’est la discipline paramilitaire de la Commission nationale des sports qui est sous les projecteurs.

Autre dossier: les élus découvrent que pour la 1ère fois, moins de la moitié des Chinois savent lire, et seuls 53% parlent le mandarin. Pour enrayer la crise, le professeur Zhu Yongxin propose une « fête de la lecture» le 28 septembre, anniversaire de Confucius.

Pas de session de l’ANP sans son millionnaire rouge. Cette année, c’est Ma Weihua (Guangdong), député, communiste et Président de la China Merchants Bank, au salaire d’1M$/an. Il justifie ses émoluments (comme tous autres avant lui) par la nécessaire montée en compétence de son métier : « Notre plus grand problème est celui du savoir-faire »…

Côté animalier, Zhou Ping (Sichuan), veut faire abolir les fermes à bile d’ours, de triste mémoire, aux milliers de plantigrades martyrs. Au Shaanxi, un centre de pandas cherche patte artificielle pour Niuniu, femelle de trois ans, « pour lui permettre de remarcher, trouver seule sa nourriture, et copuler ».

Citons encore, dans cette palette bigarrée d’initiatives civiques, Fan Yi qui milite pour une loi contre le viol homosexuel.

Autant de démarches légitimes, vertueuses… et bien dans les rails du système. Hors du Grand Palais, égarés dans le mauvais siècle (pensant à leurs ancêtres qui venaient se jeter aux pieds de l’empereur), des milliers de pétitionnaires spoliés par des cor-rompus jouent à cache-cache avec le kaki. Mais ils disent garder foi dans le pouvoir central et sa promesse de « société harmonieuse ». Wen Jiabao affirme vouloir écouter —mais entre lui et eux, les gardes sont nombreux et musclés.

 

 


Petit Peuple : A Haikou, maldonne sur la mariée!

En Chine, le mariage est une affaire chère, engageant la face de toute la famille et surtout, pour plusieurs années, ses économies. Remise dans l’enveloppe rouge traditionnelle, la contribution des dizaines d’invités ne suffit jamais à payer les frais des six banquets de 10 à 15 plats chacun, dévorés en trois jours. Ni les notes de coiffure, escarpins, robes de mariée, ni celle de l’équipe TV qui shoote le CD-souvenir.

Hormis cette ruine, la noce chinoise se fait plus épuisante à mesure qu’elle intervient plus tard dans la vie : elle devient technique et formelle. Il faut recevoir les cadeaux, écarter les pique- assiettes, organiser des farces aux mariés (ni trop équivoques, ni trop bateau), trouver un garçon d’honneur qui fasse le maître de cérémonie. Aussi partout dans le pays, des PME prospèrent, pour prendre en charge tous ces fardeaux : c’est dans ce milieu que Xiaoxi, 25 ans, connut la – plaisante – mésaventure de sa vie ! 

A Haikou, dans l’île tropicale de Hainan, Xiaoxi était l’une des 10 employées de Xiyangyang, une de ces PME. Deux soirs par semaine, elle relayait l’épouse dans la tâche ingrate de passer de table en table, un verre en main, faire boire les invités. Jamais elle ne titubait : cette force face à l’alcool était son point d’honneur, et la raison 1ère de son recrutement.

Cette géniale carrière fut sans faute, jusqu’au 14/03. Pour un mariage sous le signe de la St Valentin, Xiaoxi vit paraître Liu Changlin, son compagnon depuis des années, ce soir-là le marié du jour, au bras d’une autre !

Professionnelle jusqu’au bout, Xiaoxi serra les lèvres, retint ses larmes,s’abstint de tout scandale – quoique depuis des lunes, le traître lui ait fait miroiter la bague au doigt. Mais le chagrin lui fit oublier sa tempérance : elle fit boire la compagnie, et but elle-même ! Or, quand tous, elle comprise, furent pleins comme des huîtres, Changlin fit en balbutiant cet aveu  inouï : il y avait maldonne sur la mariée.Celle en blanc n’était qu’un leurre, et celle qu’il épousait était Xiaoxi ! Toute la noce était de mèche : la buveuse avait été «serrée dans le tambour»

( 蒙在鼓里 meng zai gu li), roulée dans la farine ! 

La reine du Ganbei en fut quitte pour passer en vitesse une robe à traîne, et tenter tant bien que mal de décuver. Un peu honteuse quand même d’avoir défailli à sa réputation de buveuse impeccable – le jour de ses noces, en plus !

 

 


Rendez-vous : ISPO China, le RV de la mode de sports d’hiver

14-17 mars, Beijing : ISPO China, Salon professionnel  des équipements et vêtements de sport d’hiver.

13-15 mars, Shanghai : Busworld Asia, Salon professionnel pour l’Asie des bus et transports publics.

 

15-17 mars, Shanghai : FI Asia—China, Salon des ingrédients alimentaires.