Temps fort : Nucléaire, banque : cadeaux sous le sapin — pour les Américains !

Dès 2004, la Chine commandait, pour Sanmen (Zhejiang) et Yangjiang (Guangdong), quatre réacteurs nucléaires de 3ème génération. Etaient sur les rangs Areva (France), et Westinghouse (USA) racheté par Toshiba. Dès lors, entre ces pays, négociations et visites s’intensifiaient. C’est que l’enjeu était décisif. Pékin voulait la technologie « dernier cri », pour équiper son territoire (pour commencer), puis imposer sa propre filière dans le monde en concurrence avec ses maîtres. D’ici 2020 avec 30 réacteurs, le marché porte sur 50MM$.

Après 2 ans, le 16/12, Pékin trancha, en choisissant l’AP1000 américain (1100 MW), au détriment de l’EPR (1600 MW) français. 8MM$ de contrat, pour un lancement des centrales prévu en 2013. Les deux jours précédents, pour renforcer la portée politique du deal, s’était tenu à Pékin un « dialogue stratégique économique », suivi d’un accord de transfert technologique nucléaire. Mais comme pour adoucir la déconvenue, un cadre chinois allait à Paris pour rassurer sur des (« deux »?) commandes futures d’EPR, tandis que la coopération se poursuit avec Areva et EDF, sur des centrales conventionnelles, calquées sur les 4 installées à Daya Bay et Ling Ao —technologie largement transférée, et maîtrisée par la Chine, où les groupes français n’ont plus grand gain…

Ce choix de Pékin n’allait pas de soi : Areva est depuis 20 ans le 1er partenaire en Chine, et Westinghouse n’a plus construit directement depuis 25 ans. Mais justement, en nucléaire, la Chine refuse de dépendre d’une seule filière étrangère. Et puis, il y avait ces 220MM$ de déficit bilatéral. Alors que les US font toujours planer la menace de taxes sur l’export chinois…

C’est sans doute cet épouvantail qui a convaincu Pékin de préférer en nov. Citigroup à Société Générale, comme repreneur n°1 de la Guangdong Development Bank en quasi-faillite (cf VdlC 37/XI). Citi avait pour lui son réseau plus fort. Mais avec Société Générale comme gestionnaire, la Guangdong Development Bank serait plus restée « maîtresse chez elle ». En tout cas, ces deux «contrats de l’année» adjugés à Washington, feront réfléchir l’Europe, sur le risque d’un axe privilégié des puissances d’aujourd’hui et demain. C’est en tout cas ce que risque de faire le prochain pensionnaire à l’Elysée, quel qu’il soit, réévaluant les options de l’actuel Président français Jacques Chirac !  

 

 

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