A la loupe : Tibet – une décrispation énigmatique

Les protestations de la Chine contre une visite privée du Dalai Lama en Slovénie et Croatie (14/7) pourraient laisser penser que sa position sur la question tibétaine serait invariable. A tort, car plusieurs signes de dégel, en même temps, plaident pour la thèse inverse.

Quoique ayant fustigé le Parlement européen pour avoir reçu le Dalai Lama en octobre ’01, Pékin a laissé une délégation d’édiles de l’UE monter au Toit du monde, laquelle a fait preuve de savoir-vivre en remisant ses critiques acerbes pour se contenter de déclarer, du bout des lèvres, "problématique" le refus chinois de rencontrer le Dalai. Au même instant (11/7), pas par hasard, Tanak Jigme Sangpo, le plus ancien prisonnier politique (25 ans de prison,4 sentences) était libéré avec 9 ans d’avance et expulsé vers les US – 6ème libération de tibétain depuis janvier. Thondup, frère du Dalai Lama est admis pour trois mois entre Pékin, Tibet et Xinjiang (cf VdlC N°25). Enfin, depuis 2001, affluent au Tibet plusieurs investissements lourds (tels la ligne fer Chengdu-Lhassa, 7MM$), pour faire décoller la province.

Ce que tout cela peut signifier : avec un Tibet pacifié (plus d’émeutes depuis des années), Pékin peut croire venu le temps de normaliser. Elle veut en tout cas normaliser avec G.W. Bush, et l’opinion yankee fort sensible sur le Tibet. Un détail peut peser lourd dans le processus engagé: Hu Jintao, n°1 imminent, a été 4 ans gouverneur du Tibet, de ’88 à ’92. On le dit réformateur – en quête, peut être, d’une nouvelle donne et image du pays, face au Tibet!

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