Le Vent de la Chine Numéro 27
Cette semaine s’ouvre à Beidaihe (Hebei) le sommet estival des 60 grands du régime – dans un secret justifié par l’enjeu, rien moins que renouveler le pouvoir pour la première fois en 12 ans.
Dès 2000, le PCC a voté de remplacer ses vieux leaders en octobre 2002 pour laisser place à une équipe jeune «de la 4ème génération». Mais Jiang Zemin, l’homme à la barre (1er Secrétaire, Président de la République et Président de la CMC) voulait -selon la rumeur- garder la tête de l’APL, et du PCC. De même, Jiang, Li Peng et Zhu Rongji plaçaient leurs poulains dans ce directoire, Zeng Qinghong (futur patron de l’administration), Wu Bangguo et Wen Jiabao (probable futur Premier Ministre). Futur Président voire 1er Secrétaire, fort de sa désignation dès ’89 par Deng en personne, Hu Jintao était au dessus de la mêlée.
Ces deux ans avaient vu deux tentatives pour maintenir JiangZemin, chef du PCC -chacune contrée par le Politbureau. Dernièrement -cf VdlC n°25-, se sont multipliés les appels provinciaux dans le même but. Aujourd’hui, il se dit que Jiang ne se maintiendra pas – l’équipe des «jeunes leaders» devrait avoir le champ libre pour Ses réformes, face à un Bureau Politique démissionnaire en bloc au nom des intérêts supérieurs de la nation. Jiang négocierait seulement encore son entrée dans l’histoire -d’inscrire son nom dans la constitution, sa théorie des sange daibiao («trois représentativités »)-quoiqu’elle veuille dire!
En marge de cette guerre de succession se profile un second front non moins acharné, sur une question de fond: comment réconcilier avec les réalités sociologiques modernes, le PCC, seule institution non réformée, délibérément archaïque au nom d’une désormais mythique fidélité à l’héritage maoïste? Depuis 2001, Jiang tente de faire accepter l’entrée des patrons privés, avec leurs 29M de PME générant 1/2 du PNB et 60% des exports. Mais l’aile gauche s’insurge, refusant l’abandon de la lutte des classes, avec Hua Guofeng, l’éphémère successeur de Mao, menaçant de rendre sa carte – suivi de dizaines d’autres vieux grognards…
On voit donc les tensions de ce sommet et au delà du changement de cabinet, l’enjeu capital. Il s’agit de redéfinir le PCC pour lui donner une raison d’être à l’avenir. Toute erreur se paiera au prix fort. La plus lourde – ne rien faire- semblant bien vue au sommet, décidé à bouger. Chaque jour plus, dans la presse, un mot magique flashe : démocratie !
Cette semaine s’ouvre à Beidaihe (Hebei) le sommet estival des 60 grands du régime – dans un secret justifié par l’enjeu, rien moins que renouveler le pouvoir pour la première fois en 12 ans.
Dès 2000, le PCC a voté de remplacer ses vieux leaders en octobre 2002 pour laisser place à une équipe jeune «de la 4ème génération». Mais Jiang Zemin, l’homme à la barre (1er Secrétaire, Président de la République et Président de la CMC) voulait -selon la rumeur- garder la tête de l’APL, et du PCC. De même, Jiang, Li Peng et Zhu Rongji plaçaient leurs poulains dans ce directoire, Zeng Qinghong (futur patron de l’administration), Wu Bangguo et Wen Jiabao (probable futur Premier Ministre). Futur Président voire 1er Secrétaire, fort de sa désignation dès ’89 par Deng en personne, Hu Jintao était au dessus de la mêlée.
Ces deux ans avaient vu deux tentatives pour maintenir JiangZemin, chef du PCC -chacune contrée par le Politbureau. Dernièrement -cf VdlC n°25-, se sont multipliés les appels provinciaux dans le même but. Aujourd’hui, il se dit que Jiang ne se maintiendra pas – l’équipe des «jeunes leaders» devrait avoir le champ libre pour Ses réformes, face à un Bureau Politique démissionnaire en bloc au nom des intérêts supérieurs de la nation. Jiang négocierait seulement encore son entrée dans l’histoire -d’inscrire son nom dans la constitution, sa théorie des sange daibiao («trois représentativités »)-quoiqu’elle veuille dire!
En marge de cette guerre de succession se profile un second front non moins acharné, sur une question de fond: comment réconcilier avec les réalités sociologiques modernes, le PCC, seule institution non réformée, délibérément archaïque au nom d’une désormais mythique fidélité à l’héritage maoïste? Depuis 2001, Jiang tente de faire accepter l’entrée des patrons privés, avec leurs 29M de PME générant 1/2 du PNB et 60% des exports. Mais l’aile gauche s’insurge, refusant l’abandon de la lutte des classes, avec Hua Guofeng, l’éphémère successeur de Mao, menaçant de rendre sa carte – suivi de dizaines d’autres vieux grognards…
On voit donc les tensions de ce sommet et au delà du changement de cabinet, l’enjeu capital. Il s’agit de redéfinir le PCC pour lui donner une raison d’être à l’avenir. Toute erreur se paiera au prix fort. La plus lourde – ne rien faire- semblant bien vue au sommet, décidé à bouger. Chaque jour plus, dans la presse, un mot magique flashe : démocratie !
Les protestations de la Chine contre une visite privée du Dalai Lama en Slovénie et Croatie (14/7) pourraient laisser penser que sa position sur la question tibétaine serait invariable. A tort, car plusieurs signes de dégel, en même temps, plaident pour la thèse inverse.
Quoique ayant fustigé le Parlement européen pour avoir reçu le Dalai Lama en octobre ’01, Pékin a laissé une délégation d’édiles de l’UE monter au Toit du monde, laquelle a fait preuve de savoir-vivre en remisant ses critiques acerbes pour se contenter de déclarer, du bout des lèvres, "problématique" le refus chinois de rencontrer le Dalai. Au même instant (11/7), pas par hasard, Tanak Jigme Sangpo, le plus ancien prisonnier politique (25 ans de prison,4 sentences) était libéré avec 9 ans d’avance et expulsé vers les US – 6ème libération de tibétain depuis janvier. Thondup, frère du Dalai Lama est admis pour trois mois entre Pékin, Tibet et Xinjiang (cf VdlC N°25). Enfin, depuis 2001, affluent au Tibet plusieurs investissements lourds (tels la ligne fer Chengdu-Lhassa, 7MM$), pour faire décoller la province.
Ce que tout cela peut signifier : avec un Tibet pacifié (plus d’émeutes depuis des années), Pékin peut croire venu le temps de normaliser. Elle veut en tout cas normaliser avec G.W. Bush, et l’opinion yankee fort sensible sur le Tibet. Un détail peut peser lourd dans le processus engagé: Hu Jintao, n°1 imminent, a été 4 ans gouverneur du Tibet, de ’88 à ’92. On le dit réformateur – en quête, peut être, d’une nouvelle donne et image du pays, face au Tibet!
· Par un rapport alarmiste très médiatisé (12 /7), le Pentagone soupçonne l’APL de mener une stratégie lourde d’achats militaires, surtout auprès de la Russie (cf VdlC n°25) afin de contraindre sous peu d’années Taiwan à la reddition. Officiellement estimé à 20MM$, son budget annuel serait en fait, dit le Pentagone, de 80MM$, avec de fortes hausses dans le périscope. Curieusement, au même moment, le gouvernement philippin y va de son propre rapport, accusant la Chine d’accaparer insensiblement les îles Spratley – qu’elle revendique en totalité – cinq autres pays,Philippines, Malaisie,Taiwan et Vietnam ont aussi des visées sur cette zone riche en ressources halieutiques, hydrocarbures, et qui contrôle les routes maritimes entre l’UE et les Amériques. La Chine a bien sûr protesté énergiquement. Un expert militaire occidental met en doute la réalité de la montée en puissance maritime et aéronavale chinoise, et à une capacité prochaine de l’APL à dissuader la flotte US d’intervenir. Le "coup de gueule" du Pentagone ressemblant en fin de compte à un avertissement à Pékin, de ne pas contraindre Washington, par ces achats massifs d’armes, à offrir à Taiwan les équipements yankee les plus avancés,pour maintenir l’équilibre des forces. Dernier détail insolite : en juin, des parlementaires et généraux taiwanais (pensionnés) ont rencontré secrètement leurs homologues à Pékin, pour (sic) «boire du thé et parler de stratégie». Evénement qui exclut radicalement, pour longtemps, toute velléité de conquête armée de l’île « rebelle » !
· Les revendications des paysans contre les abus des cadres locaux trouvent des échos auprès du gouvernement central qui tente, semble t-il avec succès, d’endiguer les taxes illégales en province de l’Anhui. Mais ici comme ailleurs, l’initiative se déplace insensiblement du camp du gouvernement vers celui d’ONG – de la rue :
¡ Le 21/7 voit la naissance d’une édition rurale du China Reform, périodique sous l’ombrelle du Conseil d’Etat, dont le but est d’informer les paysans sur leurs droits. Gui Xiaoqi, le rédacteur en chef n’est pas un inconnu : en 2000, alors Red. Chef adjoint d’un journal du PC au Jiangxi, il avait publié un livret détaillant les droits et devoirs fiscaux du paysan et ses recours. Ce qui lui avait valu d’être limogé.
¡ Yang Jiahua a moins bien réussi, enfermé à Chongqing depuis 1999 pour 12 ans encore, après avoir tenté d’organiser un «mouvement armé anti-corruption » (non violent, malgré son nom), et ayant aggravé son cas en distribuant des pamphlets le 4 juin 1999, pour le 10. anniversaire des événements de juin 1989: confusion de revendications rurales avec d’autres politiques, assez pour lui valoir l’accusation de «subversion» – dont personne, en ce pays, ne se remet. A Hong Kong, Yang est dit en mauvaise santé.
· Atterri à Pékin le 14/7 pour 3 jours, Jack Straw, Secrétaire d’Etat britannique aux Affaires Etrangères a rencontré le Président Jiang Zemin et le vice-Premier Ministre Qian Qichen, ex-patron des affaires du monde, pour leur parler de coopération défense, notamment anti-terroriste. C’était pour la Chine une rencontre précieuse, avec ce plus solide investisseur de l’UE en Chine, avec qui les relations sont sans nuages depuis le retour de Hong Kong à la mère patrie. Pour le compte des USA, Straw a rappelé à ses partenaires le besoin de contenir les ventes d’armes aux « Etats-Voyous » tel l’Irak. Ce qui était une manière comme une autre de signaler que les alliés, en Asie Centrale, risquaient de rester longtemps -tant qu’il y aura des terroristes…
Enfin, comme la France, le Royaume-Uni est intéressé à déployer des actions diplomatiques bilatérales avec la Chine, dans le cadre par exemple d’une solution négociée au conflit du Cachemire – histoire de ne pas laisser l’initiative unique au grand allié américain !
· Shanghai érige son circuit automobile et veut accueillir son premier Grand Prix dès 2004. Accord a été passé avec Bernie Ecclestone, détenteur des droits du championnat du monde de Formule 1 et la IAA (tutelle internationale) : moyennant un « ticket d’ entrée » de 20M$, les travaux ont commencé début juillet sur 2,5km² dans le quartier de Jiading, pour un anneau de 5,3 km et 250.000 places, d’un investissement de 422M$, conçu aux normes internationales par Tilke (RFA). Autour du circuit s’étendront d’autres activités liées à l’auto, parc à thème, usine et parc d’exposition, pour 6MM$ (projet lancé depuis 2001).
NB : Zhuhai (Guangdong) avait monté son circuit dès 1996 : Shanghai l’a battu dans cette course au «Grand Prix de Chine» et pour l’entrée à ce club très sélect de 17 Grands Prix dont (jusqu’alors) trois asiatiques seulement –Macao, Osaka et Sepang. Elle a probablement appris de ses erreurs : Zhuhai avait investi quatre fois moins, et son anneau de course avait été déclaré incertifiable en 1999 par l’IAA, pour déficience technique.
· Quoique Joint Venture de Hong Kong, ce qui devrait la prémunir contre de telles erreurs, Aile Shulemei (Fujian), firme de sandales plastiques, a dû retirer un modèle du marché (8/7), pour cause de blasphème : sous la semelle était invoqué en vain, en arabe, le nom d’Allah ! Les communautés musulmanes locales avaient d’emblée crié au sacrilège -l’Arabie Saoudite avait mis la firme à son index dans l’islam mondial! La main sur le coeur, la firme nie avoir «jamais voulu humilier de pays étrangers». NB : quoique systématiquement dénoncée par un pouvoir très à cheval sur toute atteinte à la cohésion nationale, une tradition anti-islamique demeure vive en Chine de base. Ainsi au début des années 1990, 100.000 Hui avaient marché dans les rues de Xining (Gansu) contre une pseudo étude des moeurs des ethnies minoritaires qui prétendait comparer les formes de la mosquée à celle de la virilité. Le livre avait été interdit et ses auteurs punis. Pour la même raison, quelques années version chinoise des « versets sataniques » de Salman Rushdie.
· Par tous les moyens (plaintes, contre-rétorsions inavouées), la Chine combat le ban par Bruxelles de certains de ses produits frais (miel, fruits de mer) pour cause de second front, de balayer devant sa porte : à Shanghai, les services d’hygiène ont fermé, en juin, 50 abattoirs et ateliers à tofou, et imposé la même fin à 20 autres d’ici décembre.
· Une fois pour toutes, la Chine a opté, pour ses transports, pour le bon vieux chemin de fer, lourd, cher et peu maniable, et rouage essentiel de l’économie d’Etat. Avec le foisonnement luxuriant du secteur privé et la priorité aux wagons réservée aux GEE, la route remonte vite son handicap. Elle est servie par ses atouts naturels (souplesse d’ horaires, porte à porte), et le déroulement tentaculaire d’autoroutes (36000km à ce jour). Son problème étant l’absence de bons semi-remorques longue distance (les négociations en cours depuis des années, pour l’installation de chaînes modernes, achoppent sur le désendettement des groupes auto locaux), et la structure anarchique du secteur routier, avec ses 3M (si! ) de compagnies opérant avec deux camions en moyenne. Ce qui n’empêche Pékin de placer ses oeufs dans les deux paniers: 42MM$ d’ici 2005 (budget du X. Plan) permettront le financement de 7920 km de voies, élargissant le réseau de 10%, et dès 2004, le chemin de fer sera éligible aux contrats étrangers en BOT.
· Par un rapport alarmiste très médiatisé (12 /7), le Pentagone soupçonne l’APL de mener une stratégie lourde d’achats militaires, surtout auprès de la Russie (cf VdlC n°25) afin de contraindre sous peu d’années Taiwan à la reddition. Officiellement estimé à 20MM$, son budget annuel serait en fait, dit le Pentagone, de 80MM$, avec de fortes hausses dans le périscope. Curieusement, au même moment, le gouvernement philippin y va de son propre rapport, accusant la Chine d’accaparer insensiblement les îles Spratley – qu’elle revendique en totalité – cinq autres pays,Philippines, Malaisie,Taiwan et Vietnam ont aussi des visées sur cette zone riche en ressources halieutiques, hydrocarbures, et qui contrôle les routes maritimes entre l’UE et les Amériques. La Chine a bien sûr protesté énergiquement. Un expert militaire occidental met en doute la réalité de la montée en puissance maritime et aéronavale chinoise, et à une capacité prochaine de l’APL à dissuader la flotte US d’intervenir. Le "coup de gueule" du Pentagone ressemblant en fin de compte à un avertissement à Pékin, de ne pas contraindre Washington, par ces achats massifs d’armes, à offrir à Taiwan les équipements yankee les plus avancés,pour maintenir l’équilibre des forces. Dernier détail insolite : en juin, des parlementaires et généraux taiwanais (pensionnés) ont rencontré secrètement leurs homologues à Pékin, pour (sic) «boire du thé et parler de stratégie». Evénement qui exclut radicalement, pour longtemps, toute velléité de conquête armée de l’île « rebelle » !
· Les revendications des paysans contre les abus des cadres locaux trouvent des échos auprès du gouvernement central qui tente, semble t-il avec succès, d’endiguer les taxes illégales en province de l’Anhui. Mais ici comme ailleurs, l’initiative se déplace insensiblement du camp du gouvernement vers celui d’ONG – de la rue :
¡ Le 21/7 voit la naissance d’une édition rurale du China Reform, périodique sous l’ombrelle du Conseil d’Etat, dont le but est d’informer les paysans sur leurs droits. Gui Xiaoqi, le rédacteur en chef n’est pas un inconnu : en 2000, alors Red. Chef adjoint d’un journal du PC au Jiangxi, il avait publié un livret détaillant les droits et devoirs fiscaux du paysan et ses recours. Ce qui lui avait valu d’être limogé.
¡ Yang Jiahua a moins bien réussi, enfermé à Chongqing depuis 1999 pour 12 ans encore, après avoir tenté d’organiser un «mouvement armé anti-corruption » (non violent, malgré son nom), et ayant aggravé son cas en distribuant des pamphlets le 4 juin 1999, pour le 10. anniversaire des événements de juin 1989: confusion de revendications rurales avec d’autres politiques, assez pour lui valoir l’accusation de «subversion» – dont personne, en ce pays, ne se remet. A Hong Kong, Yang est dit en mauvaise santé.
· Atterri à Pékin le 14/7 pour 3 jours, Jack Straw, Secrétaire d’Etat britannique aux Affaires Etrangères a rencontré le Président Jiang Zemin et le vice-Premier Ministre Qian Qichen, ex-patron des affaires du monde, pour leur parler de coopération défense, notamment anti-terroriste. C’était pour la Chine une rencontre précieuse, avec ce plus solide investisseur de l’UE en Chine, avec qui les relations sont sans nuages depuis le retour de Hong Kong à la mère patrie. Pour le compte des USA, Straw a rappelé à ses partenaires le besoin de contenir les ventes d’armes aux « Etats-Voyous » tel l’Irak. Ce qui était une manière comme une autre de signaler que les alliés, en Asie Centrale, risquaient de rester longtemps -tant qu’il y aura des terroristes…
Enfin, comme la France, le Royaume-Uni est intéressé à déployer des actions diplomatiques bilatérales avec la Chine, dans le cadre par exemple d’une solution négociée au conflit du Cachemire – histoire de ne pas laisser l’initiative unique au grand allié américain !
Protestataires mis à part, la Chine en 20 ans, n’a fait qu’ouvrir ses frontières-même vers le dehors, pourvu qu’il y ait visa de destination. Après l’entrée à l’OMC, le Ministre de la Sécurité Publique publie le bilan d’ouverture du semestre. Le flux transfrontalier a enregistré une hausse de 12% atteignant un record historique de 108M voyageurs!
Or, de ces hordes à valises, le courant central, 71% (et +8,6%), est celui des navetteurs hongkongais et macanais vers leur travail en banlieue cantonaise. Les chinois ne sont que 14,6M – mais ont augmenté d’1/3 en 12 mois -et triplé depuis 1997 -flux facilité depuis juin par les nouveaux visas « spéciaux RAS ». Un échange «domestique» spécial est monté en épingle par Pékin : les 3,5M de Taiwanais (+3%).
Au chapitre sorties, 7,35M de Chinois («et moi, et moi, et moi!») soit +33,8%, se sont rendus dans 226 pays, surtout vers HK et l’Asie : 1er pays de destination non asiatique, la Russie, ne vient qu’en 5. position, les USA sont n°7, et aucun pays d’Union Européenne ne figure dans la botte des 10 premiers. Les raisons de ces départs étant le brain drain ou les études (US, Australie), et le tourisme (Thaïlande, Vietnam, Singapour).
Au chapitre entrées (hors Hongkongais), 6,14M visiteurs viennent des pays investisseurs (Japon n°1, Corée n°2 , US n°4) venus pour leurs contrats ou pour le tourisme vers l’Asie entière, ou de pays voisins venus commercer (Russie n°3, et de n°5 à 9,Malaisie, Philippines, Singapour, Mongolie et Thaïlande). Meilleur européen, le Royaume Uni arrive 10ème -Afrique, Amérique Latine, Europe de l’Est, Inde et monde arabe demeurent à la traîne!
Enfin, ces chiffres ne tiennent pas compte de l’émigration sauvage, malgré une tentative de renforcement des
contrôles avec 27.300 cas pincés depuis jan.,dont 2517 shetou, (« têtes de serpents», trafiquants), et membres de san hehui (triades) tentant de prendre le large !
· La première JV portuaire 100% étrangère est née. Un port de conteneurs voit le jour à Shekou (près de Shenzhen), pour 200M$ d’investissements, qui doublera la capacité existante à 1,8M de « boîtes » (TJB, 20 pieds) par an. Or ce port sera contrôlé, conformément à la loi protectionniste, à 49% par le consortium hongkongais de Wharf, Swire Pacific et P&O Overseas, et à 51% par China Merchants, la « partie chinoise ». Or, China Merchants, est en fait lui aussi hongkongais, avec pour actionnaire principal le ministère (chinois) des communications. Pour boucler ce contrat, China Merchants a dû être «exonéré de sa nationalité» (sic). Mais la fin justifie les moyens : il faut désengorger les ports voisins, Shenzhen (3,2M boîtes au 1er semestre, +50%), et Hong Kong saturé (5,44M, +1%). Comme quoi tous les Hongkongais sont chinois, mais certains le sont plus que d’autres.
· tous les géants de l’auto rêvent de prendre leur part du marché intérieur, mais certains pensent déjà à autre chose : le 10/7, Honda a signé avec Guangzhou Auto et Dongfeng la création à Canton de la première usine exclusivement consacrée à l’export, d’une capacité dès 2004 de 50.000 voitures qualité « made in Japan », pour un coût (main d’oeuvre) 20% inférieur. La licence serait accordée – ou promise-, mais non publiée : mystère qui permet de cacher, pour l’instant, le niveau de participation au capital. Jusqu’à présent, la Chine a imposé 50% maximum aux étrangers. Honda réclamait 80%. Tout porte à croire qu’il l’obtiendra et avec lui le monde, erga omnes. Prix à payer par la Chine, pour laisser le Japon faire d’elle, d’ici 2010, son comptoir d’exportation automobile. · L’entrée en bourse de la Bank of China, (cf VDLC N°26), a été agitée d’influences très contradictoires. Négatif, tous les titres chinois chutaient durant cette période de « post premier semestre », du fait de la nervosité des porteurs, traduite par la prise massive de bénéfice à mi-année. Positif, à New York, un jugement de cour favorable à la Banque de Chine, l’innocentait d’une accusation de malversation… En fin de période de placement, et avant la fixation des prix (20/7) et d’achats réels, le résultat a par conséquent été lui aussi mitigé. Les petits porteurs hongkonggais ont commandé pour 3,75MM$ soit 15 fois leur quota. Leurs parts leurs seront ristournées de 5%, et pourraient constituer jusqu’à 40% des 2,8MM$ (max) que la banque espère vendre.
Les groupes hongkongais d’investissements ont commandé pour 3,5MM$ – soit par stratégie de pénétration de la banque chinoise, soit pour obtenir, pour leur effort, des compensations ailleurs. Face à cela, la grande timidité des européens/US et des nippons n’en est que plus frappante, qui n’ont commandé respectivement qu’un et 1,5MM$. Cette pusillanimité face à la troisième vente boursière mondiale de l’année, reflète le climat planétaire morose – l’heure n’est pas à jouer! En tout cas, pour la BoC, elle signifie que son prix sera dans la tranche basse de la fourchette de prix (entre 6,93 et 9,5hk$ la part, probablement vers 8hk$). Pour l’Etat chinois, elle révèle que le potentiel de refinancement de ses banques par l’étranger, est tout sauf illimité !
· Shanshui (eaux et montagnes), deux éléments de la peinture traditionnelle chinoise, ont assuré le succès du projet de «green» olympique de 2,9Mm², soumis par la firme (nippo-) californienne Sasaki Associates. Les 13 membres chinois et étrangers du jury ont été séduits par cette « essence de la Chine », et ont primé le plan soumis conjointement par Huahui (cabinet d’architectes de Tianjin). Les deux vainqueurs se partageront le premier prix de 250.000$, pour un projet comprend le grand stade, plusieurs gymnases, un parc commercial et d’expositions, le parc et le village olympique. Non repu de ce succès, Sasaki a aussi raflé le second prix pour le projet du complexe culture et sport de Wukesong – aucun premier prix n’a été attribué par un jury resté sur sa faim.
NB : ces premiers prix tombent un an pile après la désignation de Pékin pour les JO de 2008, mais ne doivent pas cacher le fait que les adjudications n’ayant pas commencé, les organisateurs sont en retard sur les plans !
Le bilan conjoncturel du 1er semestre est formidable : confirmation de l’époustouflante santé d’une cette économie toujours prompte à anticiper les moindres signes avant-coureurs de reprise, et peut-être aussi embellissement comptable avant Beidaihe. En tout cas, les chiffres parlent d’eux-mêmes!
Les ventes automobiles ont bondi de 36%, à 470.000 unités. Elles dépasseront 1M pour l’année. La hausse du PNB a frisé les 8%, à 557MM$ (mais l’index des prix à la conso reste faible, -0,8% : on produit plus que l’on n’achète). Moteur de la reprise, l’export a monté (+14%) à 142MM$, l’import à 129 MM (+ 10,4%). Les taxes ont frisé les +11% avec 101,4MM$ dont 60% au pouvoir central, le reste aux provinces. Ce qui permet à Pékin d’augmenter le RMI (touché par 14,6M d’hts) dans 36 villes, et les dépenses de SS de +28% pour ’02.
Shanghai voit son PIB pousser de 10% grâce aux achats de logis, (+45%, à 4,1MM$) et aux grands travaux (3,9MM$ +29%). Cette croissance permet aux «huren» (sobriquet des shanghaiens) un budget, par foyer de trois, 105Y/jour soit 10kg de porc ou 50kg de riz ou légume ou pour l’enfant unique, un mois de cantine scolaire, ou 5 h de répétiteur… avec 22400 automobiles vendues (+61%, Shanghai EST la ville la plus riche du pays!
En même temps, la CCB, forte de ses prêts hypothécaires, voit ses profits monter de 35% à 740M$, et toutes les banques à l’avenant dégraissent leurs mauvaises dettes. Les IDE réels ont atteint 24,6 MM$ (+18,7%) et dépasseront les 50MM$ cette année. Indice d’avenir proche, les IDE contractés fusent à 44MM$,+31,5%, Les stylos Mont-Blanc, stupéfaits de leur succès, préparent le triplement de leurs boutiques d’ici ’04, à 200 : «l’enthousiasme est très important pour nous, marchands de rêve», résume Norbert Platt, son PDG!
Une des surprises du semestre, est le bond en avant des assurances qui empochent 19,4 MM$ de primes, soit +58%. 14MM$ reviennent aux assurances-vie soit +74%. En face, les dépenses en indemnités atteignent 1,2MM$… Pas de doute : si la vie des chinois (urbains) vaut toujours plus d’être vécue, elle mérite plus encore d’être assurée!
· La grossesse extra-utérine est un des risques les plus graves aux femmes enceintes. Plus encore, si l’on est travailleuse migrante, sans suivi médical, ni allégement de son temps de travail, ni hygiène. Native du Guizhou (région démunie), Xu Ping appartenait à ces 100M de chinois les plus défavorisés, devant courir la Chine et aligner les jobs précaires pour simplement survivre. Début juillet, débarquant à Quanzhou (Fujian, temple de l’industrie pirate), son corps flancha -perdant son sang abondamment, elle tomba évanouie en pleine rue. Par chance, Quanzhou a de bons hôpitaux – elle fut sauvée.Mais quel ne fut pas son émerveillement quelques jours plus tard, lorsqu’elle sortit de son coma, en se retrouvant menottée au cadre de son lit. Plus grande encore la surprise de la police municipale, alertée par une infirmière pas mise au parfum: c’était le Dr Yang, patron des Urgences, qui l’avait si déloyalement immobilisée.«Que voulez-vous», expliqua-t-il aux Pandores qui tentaient de comprendre, « j’ai eu six patientes en mai, qui m’ont fait le coup de jin chan tuo qiao ‘la cigale d’or quitte sa dépouille’ " (partir à la cloche de bois; cette expression est le 21ème stratagème du célèbre traité militaire antique, qui en comporte 36). "Sauver la vie aux gens en danger, oui. Laisser tomber l’hôpital en faillite, non! – je ne pouvais pas rester les bras croisés ». La police demeure perplexe sur la légalité du procédé dont rien ne prouve (la presse reste muette sur ce point) qu’il a permis au bon docteur Yang de toucher ses honoraires !