On savait la crise des campagnes, le bas revenu (272$ /an +4% en 2001, un quart de celui du citadin), les prix de leur grain en chute libre, les taxes illégales. A présent émerge un phénomène aggravant : la fuite du capital vers les villes. Selon la BPdC, les 2/3 de l’épargne rurale depuis 1995, soit 241,5M$ ont atterri dans des secteurs urbains et non agricoles, causant un cercle vicieux : privée d’investissements, comment permettre à l’agriculture chinoise de maintenir sa croissance, voire
résister à la concurrence de l’OMC?
Le problème vient de ce que comme l’agriculture par rapport aux métiers de la ville, la finance rurale rapporte moins, et va chercher les meilleurs rendements, là où ils sont. A commencer par la Poste rurale, dont les dépôts ont connu une hausse annuelle de 29,4% de ’98 à 2000, sans pour autant ne délivrer aucun prêt. De même, les 4 grandes banques (dans le canton d’Anji, Zhejiang), n’ont répercuté en prêts locaux, que 10% de leurs dépôts. A Wenling (Zhejiang), sur les 205M$ déposés de jan à juin 2001, seuls 3M furent prêtés.
Les coopé de crédit rural font de même, réservant (à Rizhao, Shandong) 70% de leurs investissements aux projets industriels ou d’infrastructure, voire à la spéculation. Dépendant à 70% des dépôts paysans, elles sont obligées de payer des intérêts de 1,5 à 2,2% supérieurs aux banques. Celles-ci ne vont guère mieux: suite à des décennies de mauvais prêts, elles ont perdu la moitié de leur capital (80% pour la BdA), et pratiquent depuis une stratégie globale de survie, fermant 10.000 agences, surtout campagnardes et rendant leurs agents «responsables à vie» pour leurs prêts. Il en résulte le «syndrome de la panique au prêt», par lequel certaines régions sont devenues «à prêt zéro» – le crédit y a disparu. C’est ainsi qu’une faute commise par les villes (les mauvais prêts), est payée par les plus faibles, les campagnes. A cette situation, une seule solution possible et légitime : le rééquilibrage par la main de l’Etat – l’intervention publique, réclamée par la nouvelle gauche!
Sommaire N° 17