Le Vent de la Chine Numéro 17

du 12 au 18 mai 2002

Editorial : editorial_17_2002

Les préparatifs du 16.Congrès du PCC vont bon train, RV capital d’octobre,qui rajeunira le leadership et son idéologie. En décembre, une étude de la CASS (et de son Président Li Tieying) a dénombré en Chine non plus 2,mais 10 classes sociales,dont le rapport n’était plus la lutte, mais la croissance. Au faîte de la pyramide, les 2,1% de hauts cadres. En bas, les 3,1% (sic!) de chômeurs/saisonniers. Au centre, 44% de paysans et surtout, petits entrepreneurs et businessmen, «auprès desquels le PCC est souvent plus présent» – d’où, avouée par la CASS, la rancoeur grondante des oubliés.

Deux comités préparent le Congrès : l’un pour désigner les 300 membres du Comité Central (CC), l’autre pour épousseter la pensée communiste – il rédigera le discours-chant du cygne du Président Jiang Zemin autour de sa campagne des san ge daibiao (trois représentativités), faite pour rallier au PCC les patrons privés. Cet effort théorique qui semble d’un autre âge, dévoile l’importance aujourd’hui encore des affaires de dogme, afin de justifier les orientations futures – la réforme politique. A ce stade, on a la surprise du retour des intellectuels, qui inspirent à présent le pouvoir, et le tirent dans des tendances différentes.

Depuis 20 ans la théorie dominante, le néolibéralisme d’origine anglo-US, ne jure que par la vente des actifs publics, le dégraissage de l’administration et la propriété privée. Mais alors que se creuse le fossé entre riches/pauvres (NB : comme pour cacher cette inquiétante fracture, la CASS définit ses 10 classes d’abord selon le critère d’adhésion au PCC, puis selon leur prospérité), une nouvelle gauche hétérogène, rassemblant post-maoïstes et démocrates, revendique réduction des inégalités, protection sociale et intervention sur le marché. Selon elle, le renforcement des droits de l’h. ne serait pas un luxe d’avenir, mais un besoin immédiat.

Les deux lignes s’accordent pour rejeter le socialisme. La nouvelle gau-che veut corriger les déséquilibres du système. S’inscrivant en faux contre l’affirmation néo-libérale, selon laquelle la démocratie (cf exemple russe) serait porteuse d’implosion sociale, la nouvelle gauche en fait le garant de la stabilité – en éclairant les zones d’ombre où fleurit l’arbitraire, et en enrayant la corruption

Conclusion : ensemble, ces deux écoles orchestrent un retour d’un brûlant débat d’idées, au sein de l’appareil, et dans la rue, après 12 ans de hiatus post Tian An Men: c’est la fin du monolithisme !

 


Editorial : Avant le 16. Congrès, les deux mouvances rivales :

Les préparatifs du 16.Congrès du PCC vont bon train, RV capital d’octobre,qui rajeunira le leadership et son idéologie. En décembre, une étude de la CASS (et de son Président Li Tieying) a dénombré en Chine non plus 2,mais 10 classes sociales,dont le rapport n’était plus la lutte, mais la croissance. Au faîte de la pyramide, les 2,1% de hauts cadres. En bas, les 3,1% (sic!) de chômeurs/saisonniers. Au centre, 44% de paysans et surtout, petits entrepreneurs et businessmen, «auprès desquels le PCC est souvent plus présent» – d’où, avouée par la CASS, la rancoeur grondante des oubliés.

Deux comités préparent le Congrès : l’un pour désigner les 300 membres du Comité Central (CC), l’autre pour épousseter la pensée communiste – il rédigera le discours-chant du cygne du Président Jiang Zemin autour de sa campagne des san ge daibiao (trois représentativités), faite pour rallier au PCC les patrons privés. Cet effort théorique qui semble d’un autre âge, dévoile l’importance aujourd’hui encore des affaires de dogme, afin de justifier les orientations futures – la réforme politique. A ce stade, on a la surprise du retour des intellectuels, qui inspirent à présent le pouvoir, et le tirent dans des tendances différentes.

Depuis 20 ans la théorie dominante, le néolibéralisme d’origine anglo-US, ne jure que par la vente des actifs publics, le dégraissage de l’administration et la propriété privée. Mais alors que se creuse le fossé entre riches/pauvres (NB : comme pour cacher cette inquiétante fracture, la CASS définit ses 10 classes d’abord selon le critère d’adhésion au PCC, puis selon leur prospérité), une nouvelle gauche hétérogène, rassemblant post-maoïstes et démocrates, revendique réduction des inégalités, protection sociale et intervention sur le marché. Selon elle, le renforcement des droits de l’h. ne serait pas un luxe d’avenir, mais un besoin immédiat.

Les deux lignes s’accordent pour rejeter le socialisme. La nouvelle gau-che veut corriger les déséquilibres du système. S’inscrivant en faux contre l’affirmation néo-libérale, selon laquelle la démocratie (cf exemple russe) serait porteuse d’implosion sociale, la nouvelle gauche en fait le garant de la stabilité – en éclairant les zones d’ombre où fleurit l’arbitraire, et en enrayant la corruption

Conclusion : ensemble, ces deux écoles orchestrent un retour d’un brûlant débat d’idées, au sein de l’appareil, et dans la rue, après 12 ans de hiatus post Tian An Men: c’est la fin du monolithisme !

 


A la loupe : Taiwan et Pékin pressent la pédale douce

Depuis 2001, grand cru pour les investissements taiwanais en Chine, les rapports bitatéraux se détendent. Un nouveau cap vient d’être franchi dans la normalisation, lorsqu’un navire-citerne du Fujian a accosté (5/05) l’île taiwanaise de Matsu frappée (comme tout l’archipel) par la sécheresse, pour lui livrer 2.300t d’eau. C’est un test, et pour la Chine, un des rares cas où son eau lui est payée à prix rémunérateur –7$/m3– 12 fois le prix urbain chinois actuel. Matsu pense en acheter jusqu’à 50.000t. C’est un test pour tout Taiwan. Les méfiances s’estompent.

Depuis les années 1980, 60MM$ ont été investis par Taiwan sur le continent(cf VDLC No14/15). L’an 2003 (jan) verra une nouvelle étape, avec l’entrée en jeu des assurances insulaires (Cathay, Shinkong, Fubon), si Pékin donne les licences – Taibei elle, le permet désormais.

Au plan politique, rien de nouveau quant aux slogans -Pékin exige toujours le retour de la province rebelle, laisse planer le spectre d’un recours aux armes… Mais depuis 2001, jouent deux facteurs nouveaux: l’arrivée au pouvoir de George W. Bush, prêt à réarmer Taiwan et à la défendre, fait douter en Chine, de l’utilité du programme d’investissements de l’APL, et l’entrée dans la fonction de Président, de Hu Jintao, que l’on dit libéral avec Chen Shuibian son homologue taiwanais, du même âge (la 50aine), permet d’espérer un dialogue. Justement, Chen propose (une mission informelle du DPP à Pékin, ajoutant : "entre bons voisins, il est normal de s’inviter à prendre le thé" : main tendue!


Pol : US, Corée/sud : 2 belles aléatoires

· Le Jiangnan, rive-sud du delta du Yangtzé, forme le fer de lance des villes alignant 12MM$ de PIB/an: il en compte 5 sur 14, Shanghai en tête (à tout seigneur, tout honneur!), et ses vassales de Suzhou et Wuxi (Jiangsu), Hangzhou et Ningbo (Zhejiang). Shanghai a franchi le cap dès 1992, suivie de Pékin (1994), Canton (1995). Les 4 vassales ont rejoint le club en 1997, accompagnées de 3 villes de Chine bleue-côtière (Tianjin, Guangzhou, Shenzhen),et de Chongqing, avant-coureur de la Chine jaune de l’intérieur. Ont suivi Chengdu (Sichuan), Wuhan (Hubei), Shenyang et Dalian (Liaoning). L’analyse du HK- Commercial Daily note un problème commun à toutes ces mégapoles: une densité de population extrême, telle Hangzhou, avec ses 6M d’habitants serrés sur 11 km².

· La semaine passée, Pékin et tout le Nord-Est ont vécu, en terme de sécurité, sous alerte maximale: la rumeur annonçait des bandes de nord-coréens en "maraude", cherchant à rejoindre la vague de défecteurs vers les ambassades. Dès mars, 25 nord coréens avaient fait la belle vers l’Espagne (14/3), suivis d’autres vers US, RFA ou Corée/Sud. Une fois dans l’enclave diplomatique, ces candidats à la vie nouvelle repartaient pour Séoul, via un pays tiers (pour ne pas faire perdre la face à Pyongyang, allié de la Chine, très à cheval sur les questions de face). Pour prévenir l’hémorragie sociale (200.000 nord-coréens attendent en Chine l’occasion de refaire leur vie), durant les congés du 1er mai, ambassades et résidences diplomatiques ont vu leurs gardes quintuplés, leurs murs clôturés de barbelés. Ce qui n’a empêché 3 réfugiés à Shenyang (Liaoning) de forcer leur passage vers le consulat US, d’autres vers le nippon, d’où les gardes chinois les ont arrachés et arrêtés. Tokyo dénonce le viol de son extra territorialité et réclame la famille. Pékin, sur ces affaires qui ne la concerne qu’à moitié, cherche une solution négociée avec Pyongyang – c’est le sens de la visite (6/5) de Jia Qingling, Secrétaire du PCC de Pékin, proche de Jiang Zemin : de toute évidence, depuis deux mois, le compromis diplomatique avec la Corée stalinienne, et le mur fragile en place depuis 10 ans contre la migration de la faim, ne fonctionnent plus.


Argent : Terre promise – la lingerie féminine

· Tabou il y a encore 5 ans, la lingerie féminine connaît un essor commercial formidable. Depuis les 1ers défilés de dessous en 1993, la femme ose se regarder et vouloir être regardée. Le superflu – le désir- devient essentiel. Selon le Centre International du sous-vêtement de Nanhai (Guangdong), 200M de femmes soit 3 sur 10 (de 15 à 60 ans), entre Canton, Shanghai et Pékin, achètent par an 5 culottes, combinaisons ou soutien-gorge: le corps féminin devient la terre promise d’un secteur dont le chiffre global atteignait 11MM$ en 2001, presque le double de l’année précédente. Envers de la médaille : dans ce paysage textile de PME, les nouveaux entrants sont innombrables, grappillant des parts de marché sans pour autant être rentables, prolongeant leur agonie et retardant la montée en puissance des meilleurs : des leaders comme Wacoal, Embry et Oudifen enregistrent une progression de 50%, très en deçà du taux du secteur… L’OMC, et l’arrivée de géants aux produits à haute technologie (tel le Wonderbra) force le métier à mûrir plus vite: avec l’aide de Pékin, Nanhai achève d’ici cet été un centre d’import export,les ténors du secteur introduisent des matières nouvelles comme la dentelle, tout en préparant la relance du sous-vêtement masculin – la bataille sera rude et nullement gagnée d’avance, le seul avantage chinois évident, étant le prix.

· la Chine se passerait sans doute bien d’un phénomène inattendu, constaté ces derniers mois par l’office statistique – le reflux de l’exode rural, des villes vers les campagnes! Entre 2000 et 2001, sur les 486M de demandeurs d’emploi de régions démunies (Shaanxi, Guangxi, Anhui), 0,85% s’en sont retournés au village, faute d’avoir trouvé à la ville le job, même très peu payé, de manoeuvre ou de maçon que tous leurs aînés avaient trouvé jusqu’alors avant eux. Parmi ceux qui ont su se caser, un fort contingent (5,5% des 486M) ont loué leurs bras à d’autres fermes, notamment autour des villes – contre 3% en 2000. Semblant suggérer que les horticulteurs et maraîchers des ceintures vertes sont chassés de leurs emplois par cette concurrence tirant les salaires vers le bas. Pour caser ces 170M de travailleurs "verts" excédentaires, les autorités ont désormais peu d’option : les grands travaux, y-compris exportés (Afrique, Proche-Orient), la reconversion professionnelle, tandis qu’émerge le besoin de régler une des causes structurelles – l’illettrisme.


Politique : politique_17_2002

· Le Jiangnan, rive-sud du delta du Yangtzé, forme le fer de lance des villes alignant 12MM$ de PIB/an: il en compte 5 sur 14, Shanghai en tête (à tout seigneur, tout honneur!), et ses vassales de Suzhou et Wuxi (Jiangsu), Hangzhou et Ningbo (Zhejiang). Shanghai a franchi le cap dès 1992, suivie de Pékin (1994), Canton (1995). Les 4 vassales ont rejoint le club en 1997, accompagnées de 3 villes de Chine bleue-côtière (Tianjin, Guangzhou, Shenzhen),et de Chongqing, avant-coureur de la Chine jaune de l’intérieur. Ont suivi Chengdu (Sichuan), Wuhan (Hubei), Shenyang et Dalian (Liaoning). L’analyse du HK- Commercial Daily note un problème commun à toutes ces mégapoles: une densité de population extrême, telle Hangzhou, avec ses 6M d’habitants serrés sur 11 km².

· La semaine passée, Pékin et tout le Nord-Est ont vécu, en terme de sécurité, sous alerte maximale: la rumeur annonçait des bandes de nord-coréens en "maraude", cherchant à rejoindre la vague de défecteurs vers les ambassades. Dès mars, 25 nord coréens avaient fait la belle vers l’Espagne (14/3), suivis d’autres vers US, RFA ou Corée/Sud. Une fois dans l’enclave diplomatique, ces candidats à la vie nouvelle repartaient pour Séoul, via un pays tiers (pour ne pas faire perdre la face à Pyongyang, allié de la Chine, très à cheval sur les questions de face). Pour prévenir l’hémorragie sociale (200.000 nord-coréens attendent en Chine l’occasion de refaire leur vie), durant les congés du 1er mai, ambassades et résidences diplomatiques ont vu leurs gardes quintuplés, leurs murs clôturés de barbelés. Ce qui n’a empêché 3 réfugiés à Shenyang (Liaoning) de forcer leur passage vers le consulat US, d’autres vers le nippon, d’où les gardes chinois les ont arrachés et arrêtés. Tokyo dénonce le viol de son extra territorialité et réclame la famille. Pékin, sur ces affaires qui ne la concerne qu’à moitié, cherche une solution négociée avec Pyongyang – c’est le sens de la visite (6/5) de Jia Qingling, Secrétaire du PCC de Pékin, proche de Jiang Zemin : de toute évidence, depuis deux mois, le compromis diplomatique avec la Corée stalinienne, et le mur fragile en place depuis 10 ans contre la migration de la faim, ne fonctionnent plus.


A la loupe : Hong Kong : anglophonie et avenir

Dernier titre anglophone de HK, le South China Morning Post (SCMP) a subi bien des grains depuis 1997 et le retour à la mère patrie. En 2000, Willy Lam, son «China editor» dut partir. En 2001, le titre fut classé «national» (faisant peser sur la rédaction l’ombre des lois de presse continentales). Un chef "service étranger" fut nommé, issu du China Daily de Pékin. Puis le chef du bureau pékinois, Jasper Becker fut remercié (15/4), pour insubordination. Depuis, le Morning Post n’est plus lui-même!

Cette timidité éditoriale ne semble pas exigée par Pékin: propriétaire du titre,la famille Kwok (Malaisie), a besoin de licences pour lancer d’autres titres sino- et anglophones à travers la Chine, et y déployer d’autres commerces (pétrole, immobilier). Le prix à payer pour la bienvenue de Pékin, est l’autocensure du SCMP. Cette attitude n’est pas limitée à la presse, mais à tous les secteurs d’affaires du rocher, aux mains d’un petit groupe de familles, qui lui font payer, en abandon de sa spécificité, leur expansion à travers le continent. Phénomène naturel, mais qui va se traduire, pour la ville, par une perte d’influence, et par un recul (déjà net) de l’anglophonie. Pour le public sino Hong Kongai du Post, lire en anglais les mêmes arguments et nouvelles qu’en mandarin, ne se justifie guère. De même, HK, impuissante, porte le deuil de sa vie culturelle vibrante d’hier, qui faisait d’elle l’excursion « must » de l’Asie mondaine.

En crise, la RAS est pourtant loin d’être pour autant finie. En 2015, sa population aura gonflé de 50%, à 8,7M -réglant son problème de main d’oeuvre trop chère. Son éducation sera restée hors-pair, et ses techniciens meilleurs qu’en Chine. D’ici-là, ces M de cerveaux auront pu apprendre que suivre sa voie propre, n’est pas incompatible avec la fidélité à la nation. Ce qui leur permettra -peut-être- de contester le projet conformiste de leurs dirigeants milliardaires, de faire de HK une ville chinoise «comme les autres » !


Joint-venture : Coup de froid pour Kelon, frigoriste

· Début avril, nous rapportions (VDLC n°10) les trois mois de suspension infligés à Guangdong Kelon Electrical Holdings par la Bourse de HK, pour opération frauduleuse: aujourd’hui, la sanction semble avoir sonné le hallali du groupe d’électroménager de Shenzhen. Les temps sont déjà loin (de 1993 à 1998), où Kelon occupait 20% du marché. Il vit une hémorragie exponentielle de pertes, 100M$ en 2000, 190M$ en 2001. Spirale maléfique : faute de pouvoir investir dans la recherche, Kelon ne peut plus se distinguer des 300 fabricants de climatiseurs et 20 frigoristes, pour un marché à 80% saturé. Les fraudes épinglées par la Bourse n’ont fait qu’irriter les actionnaires. Arthur Andersen-Huaqiang, l’audit, a tiré le signal d’alarme : si les 150M$ prêtés par la filiale à sa maison mère ne sont pas recouvrés, l’on va droit à la faillite. La réponse du nouveau Président Gu Chujun est rien moins que rassurante : il promet d’autres coupes des prix, et de se payer lui-même "1Y/mois"!

· Comme pour toute l’industrie pharma chinoise, l’OMC a sonné, pour les producteurs de vitamine C, l’heure de vérité. Ici aussi, la guerre des prix est vicieuse et ancienne :78% de coupe en 10 ans, de 13$/kg à 2,8$ en 2001. En mal de réaction, les 4 grands, Shijiazhuang, Northeast, North et Jiangshan Pharma, qui contrôlent la moitié du marché intérieur, ont tenu depuis jan. une entente sur un prix plancher de 3$/kg. En même temps, chacun des 4 prétend augmenter, voire doubler sa production – au risque de provoquer une nouvelle ronde de baisse des prix. Ceci, en dépit de la faiblesse du marché – 85.000t, et 70% de la production exportée vers le tiers-monde. A présent se profile l’évolution longtemps re-doutée: l’allemand BASF et le suisse Roche, leaders mondiaux arrivent, en quête de JV, dont ils peuvent désormais détenir la majorité. Leur atout principal consiste dans leur maîtrise de la distribution (les producteurs, jusqu’à présent, passent par les monopoles publics, et partagent les profits avec eux), puis à développer la demande intérieure, par promotion de produits nouveaux plus rémunérateurs.


Temps fort : Nouveau fléau rural – la fuite des capitaux

On savait la crise des campagnes, le bas revenu (272$ /an +4% en 2001, un quart de celui du citadin), les prix de leur grain en chute libre, les taxes illégales. A présent émerge un phénomène aggravant : la fuite du capital vers les villes. Selon la BPdC, les 2/3 de l’épargne rurale depuis 1995, soit 241,5M$ ont atterri dans des secteurs urbains et non agricoles, causant un cercle vicieux : privée d’investissements, comment permettre à l’agriculture chinoise de maintenir sa croissance, voire

résister à la concurrence de l’OMC? 

Le problème vient de ce que comme l’agriculture par rapport aux métiers de la ville, la finance rurale rapporte moins, et va chercher les meilleurs rendements, là où ils sont. A commencer par la Poste rurale, dont les dépôts ont connu une hausse annuelle de 29,4% de ’98 à 2000, sans pour autant ne délivrer aucun prêt. De même, les 4 grandes banques (dans le canton d’Anji, Zhejiang), n’ont répercuté en prêts locaux, que 10% de leurs dépôts. A Wenling (Zhejiang), sur les 205M$ déposés de jan à juin 2001, seuls 3M furent prêtés.

Les coopé de crédit rural font de même, réservant (à Rizhao, Shandong) 70% de leurs investissements aux projets industriels ou d’infrastructure, voire à la spéculation. Dépendant à 70% des dépôts paysans, elles sont obligées de payer des intérêts de 1,5 à 2,2% supérieurs aux banques. Celles-ci ne vont guère mieux: suite à des décennies de mauvais prêts, elles ont perdu la moitié de leur capital (80% pour la BdA), et pratiquent depuis une stratégie globale de survie, fermant 10.000 agences, surtout campagnardes et rendant leurs agents «responsables à vie» pour leurs prêts. Il en résulte le «syndrome de la panique au prêt», par lequel certaines régions sont devenues «à prêt zéro» – le crédit y a disparu. C’est ainsi qu’une faute commise par les villes (les mauvais prêts), est payée par les plus faibles, les campagnes. A cette situation, une seule solution possible et légitime : le rééquilibrage par la main de l’Etat – l’intervention publique, réclamée par la nouvelle gauche!


Petit Peuple : Le comble du marché captif

· Soumise à une intense compétition, la grande distribution chinoise accède aujourd’hui à un marché imprévu, d’une originalité faisant honneur à son imagination : une niche à barreaux, celle des prisons. Tiankelong, chaîne pékinoise entre dans les 11 pénitenciers de la capitale, à commencer par celui de Ninghe, près de Tianjin. Dans ces murs, la superette offre savon et dentifrice, papier/stylos ou cartes à jouer… 400 produits de et oranges, s’évitant de les transporter. Ses horaires sont spéciaux: après le travail, permettant aux réprouvés de dépenser le soir la solde durement gagnée le jour. La clé de voûte du système, est cette carte de crédit carcéral, permettant de cumuler sur son "marché captif" le salaire, et les mandats …Enfin, Tiankelong permet d’améliorer l’ordinaire, dans sa cantine spéciale pour réunion des familles: manière nouvelle, pour quelques sous de plus, de  chi bimen geng, "manger la soupe de la porte fermée"!

(expression signifiant, normalement : "se faire poser un lapin"1ère nécessité, au meilleur prix. Interdits par contre (on peut comprendre) : alcools/tabac, bouteilles, couteaux, rasoirs, menottes. Le supermarché a plus de clients qu’on pourrait croire : les visiteurs achètent sur place, chocolats, fleurs