Editorial : editorial_36_2001

Paradoxalement, c’est alors que la terre s’apprête à entrer au repos de l’hiver, que l’agronomie passe au 1er plan des préoccupations: la Chine s’insurge contre une action mondiale visant à soumettre le soja aux règles balbutiantes des droits de la propriété intellectuelle.

Pékin exige que le soja soit rayé d’un projet d’accord multilatéral, conclu en août par la FAO, d’accès mutuel aux banques de gènes végétaux. La Chine semble être plus à l’aise, dans une coopération sur base bilatérale et surtout, elle dénonce «biopiratage» et «colonialisme génétique», visant à «privatiser le fondement de la vie sur cette planète» (le mot est de Greenpeace, allié de Pékin en cette affaire).

L’ire de Pékin a été déclenchée par la demande de brevet par Monsanto dans 101 pays, sur une introduction (terme technique pour «variété») de soja sauvage, dont la Chine détient 6.000 variétés -90% du patrimoine mondial. Pékin craint que si Monsanto réussit, elle ne puisse plus (légalement) exporter son soja. Monsanto réplique que sa plante n’est pas cultivée, que le brevet porte sur une «séquence génétique» et non sur toute la plante. Commentaire d’un agronome: «Le soja est une espèce emblématique de la Chine, cela m’étonnerait qu’elle se laisse faire»!

Autre info choquante:la presse dénonce une baisse de la qualité des produits agro-alimentaires. A travers 23 villes, l’AQSIQ (agence de contrôles sanitaires) décèle dans 45% des fruits et légumes des teneurs anormales en pesticides, et dans 7 types de viande, des taux illégaux de nitrate (ces 2 problèmes provenant de l’excès d’engrais). Un bon tiers de 1.179 produits alimentaires ont fait apparaître prolifération bactérienne, MSG, et des substances carcinogènes tels formaline ou peroxyde, dont le seul avantage, pour le restaurant ou l’industriel indélicat, est de régénérer fruits de mer, viande ou légumes flétris.

Voulue par l’Etat, cette campagne vise à réduire les coûts médicaux (400.000 chinois/an souffrent d’intoxication, dont bon nombre de décès). D’autre part la Chine, avec l’OMC a de grands projets d’export de produits agricoles, frais et transformés : ambitions légitimes, mais irréalisables avec ses pratiques suspectes actuelles : profitant de la pause de l’hiver, la Chine émonde son verger, pour repartir plus forte!

 

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