Le Vent de la Chine Numéro 36

du 5 au 11 novembre 2001

Editorial : editorial_36_2001

Paradoxalement, c’est alors que la terre s’apprête à entrer au repos de l’hiver, que l’agronomie passe au 1er plan des préoccupations: la Chine s’insurge contre une action mondiale visant à soumettre le soja aux règles balbutiantes des droits de la propriété intellectuelle.

Pékin exige que le soja soit rayé d’un projet d’accord multilatéral, conclu en août par la FAO, d’accès mutuel aux banques de gènes végétaux. La Chine semble être plus à l’aise, dans une coopération sur base bilatérale et surtout, elle dénonce «biopiratage» et «colonialisme génétique», visant à «privatiser le fondement de la vie sur cette planète» (le mot est de Greenpeace, allié de Pékin en cette affaire).

L’ire de Pékin a été déclenchée par la demande de brevet par Monsanto dans 101 pays, sur une introduction (terme technique pour «variété») de soja sauvage, dont la Chine détient 6.000 variétés -90% du patrimoine mondial. Pékin craint que si Monsanto réussit, elle ne puisse plus (légalement) exporter son soja. Monsanto réplique que sa plante n’est pas cultivée, que le brevet porte sur une «séquence génétique» et non sur toute la plante. Commentaire d’un agronome: «Le soja est une espèce emblématique de la Chine, cela m’étonnerait qu’elle se laisse faire»!

Autre info choquante:la presse dénonce une baisse de la qualité des produits agro-alimentaires. A travers 23 villes, l’AQSIQ (agence de contrôles sanitaires) décèle dans 45% des fruits et légumes des teneurs anormales en pesticides, et dans 7 types de viande, des taux illégaux de nitrate (ces 2 problèmes provenant de l’excès d’engrais). Un bon tiers de 1.179 produits alimentaires ont fait apparaître prolifération bactérienne, MSG, et des substances carcinogènes tels formaline ou peroxyde, dont le seul avantage, pour le restaurant ou l’industriel indélicat, est de régénérer fruits de mer, viande ou légumes flétris.

Voulue par l’Etat, cette campagne vise à réduire les coûts médicaux (400.000 chinois/an souffrent d’intoxication, dont bon nombre de décès). D’autre part la Chine, avec l’OMC a de grands projets d’export de produits agricoles, frais et transformés : ambitions légitimes, mais irréalisables avec ses pratiques suspectes actuelles : profitant de la pause de l’hiver, la Chine émonde son verger, pour repartir plus forte!

 


Editorial : Fruit d’automne- la Chine contre la

Paradoxalement, c’est alors que la terre s’apprête à entrer au repos de l’hiver, que l’agronomie passe au 1er plan des préoccupations: la Chine s’insurge contre une action mondiale visant à soumettre le soja aux règles balbutiantes des droits de la propriété intellectuelle.

Pékin exige que le soja soit rayé d’un projet d’accord multilatéral, conclu en août par la FAO, d’accès mutuel aux banques de gènes végétaux. La Chine semble être plus à l’aise, dans une coopération sur base bilatérale et surtout, elle dénonce «biopiratage» et «colonialisme génétique», visant à «privatiser le fondement de la vie sur cette planète» (le mot est de Greenpeace, allié de Pékin en cette affaire).

L’ire de Pékin a été déclenchée par la demande de brevet par Monsanto dans 101 pays, sur une introduction (terme technique pour «variété») de soja sauvage, dont la Chine détient 6.000 variétés -90% du patrimoine mondial. Pékin craint que si Monsanto réussit, elle ne puisse plus (légalement) exporter son soja. Monsanto réplique que sa plante n’est pas cultivée, que le brevet porte sur une «séquence génétique» et non sur toute la plante. Commentaire d’un agronome: «Le soja est une espèce emblématique de la Chine, cela m’étonnerait qu’elle se laisse faire»!

Autre info choquante:la presse dénonce une baisse de la qualité des produits agro-alimentaires. A travers 23 villes, l’AQSIQ (agence de contrôles sanitaires) décèle dans 45% des fruits et légumes des teneurs anormales en pesticides, et dans 7 types de viande, des taux illégaux de nitrate (ces 2 problèmes provenant de l’excès d’engrais). Un bon tiers de 1.179 produits alimentaires ont fait apparaître prolifération bactérienne, MSG, et des substances carcinogènes tels formaline ou peroxyde, dont le seul avantage, pour le restaurant ou l’industriel indélicat, est de régénérer fruits de mer, viande ou légumes flétris.

Voulue par l’Etat, cette campagne vise à réduire les coûts médicaux (400.000 chinois/an souffrent d’intoxication, dont bon nombre de décès). D’autre part la Chine, avec l’OMC a de grands projets d’export de produits agricoles, frais et transformés : ambitions légitimes, mais irréalisables avec ses pratiques suspectes actuelles : profitant de la pause de l’hiver, la Chine émonde son verger, pour repartir plus forte!

 


A la loupe : Alerte au syndrome du 11 septembre

Shi Guangsheng, Ministre du Commerce Extérieur, l’a admis le 30 octobre 2001: la Chine ressent l’impact du ralentissement global post-11 septembre, et son effet «deviendra plus net» au prochain semestre. Les exports n’ont crû que de 7% de janvier à septembre contre 27,8% en 2000, suivant le déclin de la demande aux USA et au Japon, destination de 40% des exports chinois. En ’02, ils passeront dans le rouge,annonce Zhu Rongji.

Autre signe du froid montant, les contrats de la Foire de Canton en octobre, n’ont totalisé que 13MM$, moins 15,4% sur l’an dernier. La BPdC avertit que les réserves en devises de 200MM$ au 30 octobre, pourraient commencer à réduire, surtout si ses prévisions de prix du pétrole à la hausse s’avèrent exactes. Zhu préconise -potion classique- de relancer la consommation intérieure, qui reste frileuse: pour la 1ère fois en 16 mois, l’index des prix à la conso chuté en septembre (-0,1%) – la déflation n’est pas loin. La hausse des profits des EE «a perdu 5% chaque mois depuis avril», aggravant la pression sur les salariés. La Banque Mondiale a baissé de 0,5% ses prévisions de croissance du PNB en 2002, à 6,5%.

Enfin, tout n’est pas noir dans ce tableau. La Chine garde la cote auprès des étrangers, dont l’IED a monté – 32MM$de janvier à septembre, +21%. On s’attend à 48MM$ fin décembre. AT Kearney constate que la Chine est le seul pays du monde où la confiance des investisseurs a augmenté depuis le 11/09, cf les projets de BP, Matsushita, ou Bayer. La raison? «On investit là où se trouve son marché futur», répond Bayer.


Pol : Hu, un Janus en tournée européenne

· La 1ère sortie hors de Chine depuis 20 ans pour le vice-Président Hu Jintao a pour but de faire connaître ce jeune leader qui sera n°1 du pays dans un an, et de faire comprendre à Londres, Paris, Bonn et Madrid que la Chine compte aussi sur l’Europe (pas seulement sur les US) pour assurer la stabilité du monde. A 59 ans, Hu est une énigme. Né d’une famille modeste, il a fait sa carrière en solo, nommé dès 1988 Secrétaire du Parti au Tibet, où il gagna des galons par sa fermeté. En 1992, Deng Xiaoping le sacra «espoir des leaders de sa génération». Sa carrière était des lors tracée. Sa discrétion le rend acceptable à tous, libéraux et conservateurs – un Janus à double visage, qui cache peut-être un réformateur  -sa reprise en main en 1999 de l’Ecole du Parti, plaide en ce sens!

· C’est l’Association (semi-officielle) des Sciences et Technologies qui le dit, au terme d’une enquête sur 8.500 Chinois de 18 à 69 ans : le niveau moyen de connaissances scientifiques est bas dans le pays. Le questionnaire portait sur 32 connaissances de base, savoir si la Terre tourne autour du Soleil, ou si les continents flottent sur les océans. 20 réponses correctes correspondaient à une «compréhension liminaire des concepts scientifiques»: à peine 1,4% des interrogés y sont parvenus. Le chiffre dénote d’une hausse de 1,2% par rapport à 1996, mais demeure en-dessous du score moyen des USA, de 7% en 1990. Pour 82% des interrogés, le principal (c’est-à-dire seul!) mode d’apprentissage technique et scientifique était la TV – 73% n’étaient jamais entrés dans une bibliothèque. Coût social à payer pour le trop faible investissement public. Constat de l’Association des sciences, que Zhu faisait récemment d’une autre manière, en déclarant : « la Chine manque de talents, pas de capital ! »

· La campagne antiterroriste en Afghanistan inspire à la presse des reportages intéressants sur la modernisation de l’APL. Le 28 octobre 2001, Libération (organe de l’APL) disait que 100 officiers achevaient 10 jours de stage de préparation à la guerre chimique, visant la mise sur pied d’équipes d’intervention rapide, et l’analyse des programmes déployés dans d’autres armées. Ce stage peut avoir rapport avec la panique à l’anthrax, constatée ces dernières semaines aux USA. Le 23 octobre, Xinhua annonçait l’ouverture dès 2000 à Xi’an d’un Centre d’entraînement à la guerre psychologique, dont les premiers diplômés après 12 mois de cours sur sept matières incluant psychologie sociale, psychologie militaire, et propagande, viennent de réintégrer leurs unités terrestres, navales et aériennes. Rappelons enfin cette information dévoilée trois mois plus tôt : des centres de «cyberwar» ont vu le jour dans les régions militaires de Canton, Nankin et Jinan. Chacun est doté de 500 spécialistes capables, le cas échéant, de pénétrer les sites du pays ennemi, d’y diffuser virus et d’en détruire les bases de données.


Argent : richesse chinoise : le palmarès 2001

· compilée par Forbes, la liste des 100 fortunes de Chine place en tête (ex æquo) les quatre frères Liu du Sichuan, et leur groupe Hope, chiffre d’affaires dépassant 1 MM$/an, et 100M de profits. Dans les années 1980, ils avaient vendu leurs vélos et leurs montres pour se lancer dans l’élevage de porcs et finalement l’aliment du bétail, leur fonds de commerce principal. Sur ces 100 "mains d’or", 25 sont dans l’immobilier, 12 dans la pharmacie, 11 dans le commerce agricole, 11 dans la finance, et 6 dans le matériau de construction. L’homme en 50ième position, en 1999, pesait 6M$, 42 en 2000, et 110 M$ cette année. 18 de la liste de 2000, en ont disparu cette année, (dont le patron de Huawei, ex-n°3, proche de l’APL), victimes de la crise, ou découverts entre-temps entreprise d’Etat. Sur les 100 listés, 60 possèdent des actifs privés d’au moins 96M$.

Le revenu moyen en Chine est de 1100$/an.

 


Politique : politique_36_2001

· La 1ère sortie hors de Chine depuis 20 ans pour le vice-Président Hu Jintao a pour but de faire connaître ce jeune leader qui sera n°1 du pays dans un an, et de faire comprendre à Londres, Paris, Bonn et Madrid que la Chine compte aussi sur l’Europe (pas seulement sur les US) pour assurer la stabilité du monde. A 59 ans, Hu est une énigme. Né d’une famille modeste, il a fait sa carrière en solo, nommé dès 1988 Secrétaire du Parti au Tibet, où il gagna des galons par sa fermeté. En 1992, Deng Xiaoping le sacra «espoir des leaders de sa génération». Sa carrière était des lors tracée. Sa discrétion le rend acceptable à tous, libéraux et conservateurs – un Janus à double visage, qui cache peut-être un réformateur  -sa reprise en main en 1999 de l’Ecole du Parti, plaide en ce sens!

· C’est l’Association (semi-officielle) des Sciences et Technologies qui le dit, au terme d’une enquête sur 8.500 Chinois de 18 à 69 ans : le niveau moyen de connaissances scientifiques est bas dans le pays. Le questionnaire portait sur 32 connaissances de base, savoir si la Terre tourne autour du Soleil, ou si les continents flottent sur les océans. 20 réponses correctes correspondaient à une «compréhension liminaire des concepts scientifiques»: à peine 1,4% des interrogés y sont parvenus. Le chiffre dénote d’une hausse de 1,2% par rapport à 1996, mais demeure en-dessous du score moyen des USA, de 7% en 1990. Pour 82% des interrogés, le principal (c’est-à-dire seul!) mode d’apprentissage technique et scientifique était la TV – 73% n’étaient jamais entrés dans une bibliothèque. Coût social à payer pour le trop faible investissement public. Constat de l’Association des sciences, que Zhu faisait récemment d’une autre manière, en déclarant : « la Chine manque de talents, pas de capital ! »

· La campagne antiterroriste en Afghanistan inspire à la presse des reportages intéressants sur la modernisation de l’APL. Le 28 octobre 2001, Libération (organe de l’APL) disait que 100 officiers achevaient 10 jours de stage de préparation à la guerre chimique, visant la mise sur pied d’équipes d’intervention rapide, et l’analyse des programmes déployés dans d’autres armées. Ce stage peut avoir rapport avec la panique à l’anthrax, constatée ces dernières semaines aux USA. Le 23 octobre, Xinhua annonçait l’ouverture dès 2000 à Xi’an d’un Centre d’entraînement à la guerre psychologique, dont les premiers diplômés après 12 mois de cours sur sept matières incluant psychologie sociale, psychologie militaire, et propagande, viennent de réintégrer leurs unités terrestres, navales et aériennes. Rappelons enfin cette information dévoilée trois mois plus tôt : des centres de «cyberwar» ont vu le jour dans les régions militaires de Canton, Nankin et Jinan. Chacun est doté de 500 spécialistes capables, le cas échéant, de pénétrer les sites du pays ennemi, d’y diffuser virus et d’en détruire les bases de données.


A la loupe : SDD – l’heure de vérité

Depuis leur création en 1999, les Structures de défaisance (SDD) ont «épongé» 169MM$ de dettes non-performantes auprès des 4 grandes banques publiques (ABC, BOC, CCB, ICBC). Deux ans plus tard, la SDD Huarong s’apprête à organiser la 1ère vente aux enchères -destinée aux investisseurs étrangers- de tels actifs d’entreprises d’Etat incapables de rembourser. Publiées le 3 octobre 2001, les règles de la vente spécifient que les groupes étrangers ne pourront acquérir de firmes cotées en bourse, ni à raison sociale culturelle, financière, d’assurance, ni autres «secteurs stratégiques». Cinq blocs d’actifs incluant usines, parcs auto/machines et immeubles, répartis en cinq régions du pays, seront adjugés le 16/11. Prix affiché : 1,9MM$.

Des 16 groupes assez intéressés au départ pour payer 25.000$ le prospectus, 10 resteraient en lice, dont Citigroup, Merrill Lynch, Deutsche Bank, et Goldman Sachs, en 5 consortium avec partenaire chinois (afin d’accélérer la prise de possession des actifs). Une des raisons au long délai à la tenue d’une telle vente, a été la réticence de Pékin à brader son patrimoine. La décision finale s’explique par la constatation désabusée de Wang Wenjie, DG de Huarong : Les mauvaises dettes fondent «comme une glace au soleil, plus on attend, moins on en mange». Zhu Rongji a enfin donné son feu vert à Huarong, et lui a remis le pouvoir discrétionnaire d’accepter les enchères.

La SDD escompte une vente à 60% de décote -optimiste, face à Ernst&Young qui pense à 85%. Cette vente d’actifs faillis parmi les plus présentables, ne concerne que 1,1% des dettes transférées aux SDD. Elle permettra de mettre enfin un ordre de valeur aux mauvaises dettes chinoises, et de statuer sur leurs chances de rachat par ‘étranger. C’est donc rien moins que le concept des SDD qui sera sur la sellette, comme technique d’assainissement sur 10 ans du système bancaire.

 


Joint-venture : Avion de 100 pl.,Bombardier à son tour,tente

· PDG de Bombardier, Robert Brown était à Pékin la semaine dernière pour «discuter concrètement» avec des partenaires potentiels, (dont CAIC), d’une JV de production d’avions de 50 à 100 places pour trafic régional, matérialisant le vieux rêve de Pékin – après l’échec des négociations en ce sens avec Airbus entre 1996 et 1998. Ces appareils de taille moyenne trouveraient un marché porteur en Chine où les flottes non optimisées circulent à 50% de leur capacité (un tiers ne couvrent pas leurs frais), et sont en demande de troc de leurs gros appareils. Aucun détail ne filtre sur le montage financier et partage des tâches recherchés -le deal recherché en 1998 avait achoppé à l’immaturité technique de la partie chinoise. Bien connu en Chine où il a déjà livré 29 appareils, et où il monte avec Shandong Air une JV basée à HK d’avions charters et VIP (Flexjet), Bombardier voit dans ces petits appareils le marché d’avenir, en raison de leur souplesse d’emploi et de leurs délais plus favorables de procédures d’embarquement. NB : Bombardier n’a pas échappé à la contraction du secteur depuis le 11 septembre -3800 emplois supprimés et 40% de perte de sa valeur en bourse depuis lors.

· le réchauffement entre Pékin et Tokyo (cf VDLC 33/VI) n’a pas permis de règlement rapide du litige commercial sino-japonais en cours. A Pékin le 1 novembre 2001, la rencontre s’annonçait pourtant bien – Tokyo avait suggéré qu’il ne prolongerait pas après le 8 novembre, les tarifs compensatoires sur 100M$, de 106% à 266%, imposés 200 jours plus tôt sur certains produits "verts" (champignons shiitake, oignons verts, jonc à tatamis). En rétorsion, Pékin avait décrété 100% de taxes douanières sur les téléphones mobiles, autos et climatiseurs nippons, pour un préjudice de "700 M$/an"… En fait, les seuls constructeurs auto nippons annoncent des pertes jusqu’à 3,4MM$ en 2002, si les sanctions demeurent, et exercent une pression sur le cabinet Koizumi. En position relativement forte, Pékin a exigé, le 1er novembre, que Tokyo abolisse ses taxes, et clôture purement et simplement son action. Tokyo, elle "espère" (insiste pour) que la Chine s’astreigne à une autolimitation volontaire de ses 3 exports, tout en revendiquant pour ses fermiers inefficaces une hausse des subventions (325M$ en 2002). Reprise du bras de fer, cette semaine, à Tokyo!


Temps fort : L’Allemagne en Chine, ‘Willkommen!’

La 3ème visite chinoise en 3 ans (Pékin, Dalian, Shanghai) du Chancelier G. Schroeder (su 31 octobre au 2 novembre 2001), signe un puissant rééquilibrage commercial vers le Vieux continent. Locomotive de l’économie européenne, la RFA fait contre-poids aux USA, un des rares pays de l’OCDE avec qui la Chine n’a de contentieux industriel ni diplomatique récent. La rencontre avec Zhu Rongji s’est déroulée sous un ciel radieux. Fort d’échanges bilatéraux imposants (19,7 MM$ en 2000, un tiers de l’UE et plus que France et GB réunies), le Chancelier est venu avec ses ministres de l’Economie et de l’Intérieur, et 47 chefs d’entreprises -la plus grande délégation tudes-que jamais déployée lors d’une visite d’Etat. Après un bref débat sur la lutte anti-terroriste, les deux hommes ont signé 2 contrats géants, puis 29 autres pour 10MM$, doublant presque l’investissement allemand en Chine, de 12,9MM$ contractés sur 2.583 projets. Ê Bayer bâtit un complexe chimique d’1,5km² à Caojing (Shanghai) pour 3,1MM$ (achèvement prévu en 2008), le plus grand investissement de ses 138 ans d’histoire. Le groupe pense doubler d’ici 2005 ses ventes en Chine, à 2MM$/an. Ë BASF lance une JV d’1MM$ à Shanghai, de production de polyuréthane, malgré les doutes sur le prix annoncé du gaz (30% supérieur au cours mondial ) du gazoduc Urumqi-Shanghai (cf VDLC 32/VI).

Parmi les autres affaires, Siemens complète pour 50M$ le réseau de fibre optique d’Unicom. BMW soumet au Conseil d’Etat sa demande de licence JV avec Brilliance (Shenyang) pour produire ses modèles "5" et/ou "7" (haut de gamme). Lufthansa, avec Air China, étend ses vols par "code sharing" vers Xi’an, Dalian, Guangzhou, Chengdu, Nankin et Hangzhou (et 10 villes allemandes pour Air China). Enfin, Zhu Rongji a eu cette phrase inquiétante et sibylline pour les constructeurs français et nippons de TGV : "si le Maglev (train électro-magnétique, 410km/h) fait ses preuves à Shanghai, nous l’introduirons au plan national"!

 


Petit Peuple : Liu, le chimiste précipité

· Chercheur réputé de l’Institut de recherche en médecine traditionnelle, à Haidian (Pékin) Liu Yingquan a tout perdu : emploi, honneur et liberté, venant d’être (24 octobre 2001) condamné à mort pour production et trafic de drogue. Liu a quelque chose d’un héros dostoïovskien, faible, plein d’émotions, payant une faute morale un prix ex-orbitant. La drogue qu’il a produite est la méthadone, ersatz chimique de l’héroïne, interdite en Chine. Chimiste de talent, responsable d’un programme d’aide au sevrage de drogues, Liu avait recomposé la molécule de cet opiacé de synthèse, qu’il fabriquait et vendait avec l’aide d’une complice. En deux ans, dans Haidian, il en avait écoulé 70.000 pilules. Liu a quitté le droit chemin, sous le feu croisé de deux maux du siècle : l’entretien d’une  bao’ernai (amante) et le «syndrome des 59 ans», moment de la retraite imminente, synonyme de perte du train de vie. Vaincu par sa passion, il dut acheter un second appartement, et financer la vie (dispendieuse) de Melle Zhang. A peine arrêté, Liu s’effondra dans sa cellule : "en tant qu’homme, comment ai-je pu trahir ma femme et mes deux filles, et devenir  (jian xiao da fang) la risée de mes collègues"…Compatissant in petto, le juge ne pouvait toutefois pas pardonner le volume du méfait, et moins encore l’usage d’un laboratoire d’Etat pour un trafic de stup’… La peine a été assortie d’un sursis, la convertissant en perpétuité, mais le chimiste fait appel, pour l’honneur -puisque la méthadone, un « médicament », à son avis, est employée dans les programmes européens de cure de l’héroïne !