Editorial : Jiang à Pyongyang – la réconciliation américaine, par la bande!

Nul effort ne fut épargné à Pyongyang (3 au 5 septembre 2001), pour faire de la visite de Jiang Zemin une tournée triomphale : tapis rouge, accueil par Kim Jong-il, et 500.000 citadins dans les rues, agitant fanions et bouquets. C’était le dégel : en 1992, Pyongyang avait claqué la porte, après l’ouverture de liens entre Pékin et Séoul. Depuis mai 2000, Kim avait fait 2 voyages secrets à Pékin.

Kim venait de passer trois semaines en Russie: les liens dans l’ex-glacis communiste se retendent, et la visite a été suivie de près – dès jeudi 6, se tenait un mini-sommet à Tokyo, entre les voisins sud coréen, nippon et les USA, pour faire le point.

A l’issue du voyage, Jiang a annoncé une aide alimentaire, incluant riz, carburant et en crédits, d’un montant secret -question de face, pour la Corée du Nord qui cache 2 M de morts de famine depuis ’95.

A peine débarqué dans l’ombrageuse Mecque du stalinisme, Jiang plaida pour la reprise du dialogue entre Pyongyang et Séoul – et le monde. En fait, il avait obtenu satisfaction dès la veille- Kim s’était dit d’accord pour rouvrir un dialogue refroidi en mars 2000 par la méfiance de George Bush, vis-à-vis d’un régime «sans foi ni loi». Mais quel intérêt pour la Chine ? Shanghai reçoit en octobre le sommet de l’APEC, des leaders d’Asie Pacifique, y-compris Kim Jong-il «s’il le veut» (mais pas Taiwan!). Pour Jiang, c’est l’aboutissement de mois d’efforts pour restaurer les rapports avec Bush: quel meilleur atout, que de l’accueillir avec sur un plateau, la remise sur les rails du dialogue avec Pyongyang? Cette volonté nette de progresser est confirmée par l’annonce que Pékin pourrait accepter (avec force réserves et conditions) le déploiement du parapluie spatial anti-missiles US «NMD». Elle trouve son diapason à Washington, qui propose à Pékin les plans de tests du système NMD, et de reprendre toutes les coopérations, même militaire, gelées depuis l’affaire de l’avion EP3.

Enfin, avec sa visite coréenne, Jiang respire : fin 2000, Bill Clinton en fin de mandat avait failli réussir un scoop splendide -le voyage à Pyongyang, avant lui-même. Pour Pékin, c’était le cauchemar -qu’un Président US rompe l’isolement d’un pays voisin, socialiste, et ex-vassal historique. Les choses rentrent donc dans l’ordre -et Kim a finement joué !

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