Joint-venture : automobile -Pékin corrige Tokyo

· Il a fallu 2 mois à Pékin pour réagir au vif renforcement (106% à 266%), quoique temporaire, des tarifs douaniers nippons en avril, sur les imports chinois de champignons bruns "shiitake", d’oignons de printemps et d’ajoncs pour la fabrication des tatamis, (cf VDLC n°15/III). Accusant Tokyo de «protectionnisme typique», la Chine a décidé d’imposer une taxe prohibitive de 100% à ses exports de véhicules, téléphones portables et climatiseurs. Le préjudice n’est pas grand (700M$, sur les 41,5 MM$ des exports japonais vers la Chine, en Chine). Mais il est de sept fois supérieur à celui des légumiers chinois, qui perdent 100M$ -jusqu’en novembre, date limite de la sanction. Premier producteur mondial de fruits et légumes, la Chine a voulu montrer sans équivoque, qu’elle considérait ses débouchés extérieurs dans ce secteur, pour l’avenir, comme un intérêt vital. Le Japon s’est laissé entraîner dans cette "galère" par ses élections législatives de juillet. A présent, son 1er Ministre Junichiro Koizumi tente d’éviter que les choses «échappent à tout contrôle». De son côté, Pékin, après sa frappe, assure vouloir éviter l’escalade en «guerre commerciale», qui compromettrait son entrée à l’OMC (voir notre rubrique Politique). La gestion du conflit, côté chinois, sera assurée par Wu Dawei, actuel ambassadeur à Séoul et futur à Tokyo.

NB: ce conflit commercial est aussi révélateur d’autres malaises plus anciens, d’autres vieilles blessures qui ressortent en même temps: Koizumi va faire un "pélerinage" rare et choquant au temple de Yasukuni, dédié (entre autres) à sept criminels de guerre nippons (dans lesquels la Chine voit non sans raison, des agresseurs plus que des victimes). Autre objet de contentieux, ce livre d’école nippon "négationniste" prétendant que «la Chine déforme l’Histoire» et que les massacres de Nankin n’ont pas eu lieu.

· Après avoir transféré (janvier 2000) sa base "Asie-Pacifique" de l’Australie vers Shanghai, Alcatel, confirme sa volonté de renforcement de sa présence en Chine. Par un contrat signé le 15/6, le géant mondial de l’équipement des télécommunications a augmenté sa part dans sa JV Shanghai Bell de 46 à 51%, prenant le contrôle de l’entreprise dont la partie chinoise n’est autre qu’une émanation du MII. De cette opération, émerge le 1er pôle de production d’équipements de télécoms de Chine, et une situation de gains mutuels. En pointe jusqu’en ’95, Shanghai Bell a pâti de l’arrivée en force de concurrents modernes et agressifs tels Lucent ou Nokia, a perdu des marchés et gagné en obsolescence. Bien implanté en Chine avec 17 JV et firmes possédées à 100%, 5 centres de R&D, 5000 employés et 500M$ d’investissements, Alcatel profitera du bon réseau de marketing de Shanghai Bell, qui recevra en retour ses technologies les plus neuves. C’est cette perspective, assurant l’avenir des 2000 emplois directs et 10000 indirects, qui a permis à la tutelle chinoise de renoncer à la maîtrise de son seul "porte-avions" national du secteur!

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