Depuis septembre, « la Chine compte-t-elle? », de Gerald Segal (in Foreign affairs, Septembre – Octobre 1999) est au coeur des débats. Ce pamphlet est bâti sur une idée simple: la Chine, pays de second rang ayant bien maîtrisé l’art de la diplomatie, serait surévaluée en tant que marché et pouvoir.
A l’appui, une longue liste de chiffres dérangeants : créant 30% des produits du monde en 1800, elle n’en revendique plus que 3,5% en 1997. Ses hausses du PNB devraient plus à la propagande qu’à la réalité : sur les 7,6% de hausse de 1998, 2% seraient fictifs, 1% dû aux projets d’État, 3% à l’exode rural, et 3% à une production de « rossignols » invendables.
La situation s’enliserait, en dépit des réformes : en 1998, 45% des Entreprises d’Etat sont déficitaires, mais les prêts bancaires auraient monté de 25%. Ajoutez la baisse des investissements centraux, des échanges interprovinciaux.
L’import-export vaut celui des Pays Bas (3% du monde), et 80% des 45 MM USD d’investissements « étrangers directs » en 1997 viendraient en fait des huaqiao, diasporas, qui réinjecteraient en Chine l’argent sorti en fraude, pour empocher les primes réservées à l’étranger!
Notre point de vue : déjà connus, la plupart de ces chiffres sont irréfutables. Le pamphlet a pour mérite de dire haut ce que beaucoup pensent bas. Il pêche toutefois par zèle manichéen dans sa critique, 100% négative. Historiquement, l’analyse apparaît après deux ans de crise, et témoigne de l’effritement du mythe d’un « marché – d’1,3 – milliards – de – consommateurs! »
Sommaire N° 37