Editorial : Gamberge ‘huangshanaise’…

Plus connu pour sa Montagne, (pôle d’attraction de hordes infinies des touristes),  Huangshan, 1,4 M hts au sud de l’Anhui, mériterait de l’être pour son histoire et son architecture.

Aussi ancienne que la Chine, marchande, artisanale et lettrée, la ville compte parmi ses concitoyens   Qingshihuang, mythique empereur Jaune fondateur de l’empire en moins 221 avant JC. Même le dialecte local a ses lettres de noblesse: inaudible pour le Chinois moyen, il est proche du japonais, ce qui s’explique (à en croire les autochtones) par les racines ancestrales du Soleil Levant, dans cette ville-même. Et de fait, au village misérable de Chen Kan, à 30km, le manoir des Lou, riches fonctionnaires aujourd’hui retournés à leurs rizières, présente des similitudes troublantes avec les temples de Kyoto et Nara : mêmes colonnes altières de gingko, même charpente sans clous ni colle ni équerres, même enduit végétal imputrescible.

Mais le plus remarquable de Huangshan, est la culture locale, intacte dans ses montagnes, à commencer par son architecture unique au monde, compromis ingénieux pour repousser les pluies incessantes de mars à octobre, l’inclémence du soleil et l’insécurité de cette région jusqu’à hier affligée par les bandes de hors-la-loi. Les ruelles sont étroites, empêchant l’usage de béliers pour enfoncer les portails de brique blindée. Les parois blanches sont sans fenêtre. A l’intérieur, surprise, tout est de bois rouge sombre : lourds piliers ouvragés, deux mezzanines (à chaque étage), agrémentée de bas reliefs et de statuettes polychromes, encadrent un patio, ainsi qu’en toiture, l’ouverture sur le ciel étroite et rectangulaire qui laisse pénétrer juste assez de la lumière crue de l’extérieur. Un complexe système de cordes et de poulies permet le déploiement d’une bâche, alternativement pare-soleil ou parapluie. Les eaux de ruissellement alimentent le bassin au coeur de l’atrium ainsi que (par trop-plein) la citerne souterraine (autonomie en cas de siège). Par grosses chaleurs, l’évaporation, léchant les boiseries, induit le frais par échange de chaleur: sans électricité ni compresseurs, cette culture locale a (après les romains) réinventé, il y a de longs siècles, l’ancêtre direct de l’air conditionné.

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
0 de Votes
Ecrire un commentaire