Le passage de la France à la cohabitation a sonné pour Pékin la fin d’un rêve. Celui d’un match que l’on croit avoir gagné et où l’on se réveille avec la balle au centre -tout à recommencer.
François Mitterand, avec sa critique du régime, n’avait laissé que mauvais souvenirs à Pékin. En 1995 par contre, J. Chirac avait ravi Zhong Nan Hai avec son profil pro-asiatique et sa détermination à tout lui passer (au niveau des droits de l’homme), au nom de la non-ingérence, des marchés chinois et d’une «alliance millénaire», euro-chinoise, anti-yankee. Quelques jours avant la correction électorale, J. Chirac avait signé in extremis un contrat gouvernemental pour sceller cette alliance – il sera le viatique d’années à venir, où la
Chine devrait figurer plus bas dans les priorités de la France.
En effet, du point de vue chinois, une France dirigée par une coalition PS-PC aura moins la sensibilité d’affaires, plus celle des droits de l’homme, et sera plus recentrée dans ses frontières. Les projets évoqués de créations massives d’emplois «SMIC» (300 000) et de baisse de la TVA, risquent de baisser la capacité française (publique) d’investir dans des filières technologiques euro-chinoises, comme l’ambitionne Jacques Chirac.
De cette déception, les dirigeants chinois croiront tirer une «preuve» de la justesse de leur conviction de la supériorité de leur système: pour réussir un programme gouvernemental, il faut du temps; pour avoir le courage politique de mesures impopulaires, il faut une protection vis-à-vis de l’opinion et des lobbies. Deux «denrées» qui ont manqué à l’équipe Juppé, et qui sont chichement accordées par la démocratie à l’occidentale, surtout en temps de crise!
Sommaire N° 21