Un voyage à Xiamen (Fujian) vous emmènera sur l’île de Gulangyu, aux rues étroites bordées de villas coloniales ou d’écoles de musique. Mais peu de touristes s’aventurent sur la curiosité géopolitique de l’autre côté de la baie, l’île de Kinmen (en réalité un archipel) : à 2 km du continent, Kinmen est sous pavillon taïwanais, au terme d’une histoire agitée entre les (ex-) frères ennemis de la Chine.
La RPC une fois proclamée en 1949, l’Armée populaire de Libération se mit à réduire les dernières poches de résistance Nationaliste – lesquelles, dans la région, se replièrent sur Kinmen : à portée des canons communistes, mais pouvant compter sur l’aide logistique des USA. Ce fut une guerre de tranchée, version asiatique. En 20 ans, années ‘50 et ‘60, l’artillerie de Mao tira plus de 400.000 obus. En face, au plus fort du conflit, 100.000 soldats nationalistes, protégés dans leurs bunkers, « attendaient l’ennemi », déjouant toute tentative de débarquement. Puis après 30 ans de statu quo, au milieu des années ‘90, la majorité a plié paquetage, rendue à la vie civile à Taiwan, ouvrant la voie à un – modeste – tourisme local.
Aujourd’hui, paix oblige, on accède à Da-Kinmen («la Grande») en 40 minutes depuis Xiamen. Pas de visa pour les ressortissants de l’Union Européenne. Depuis le pont du ferry, on observe la guéguerre bon-enfant des slogans placardés géants sur chaque falaise, «un pays, deux systèmes» côté continental, «les trois principes du peuple » (la formule historique de Sun Yat-sen, fondateur de la République) côté Kinmen. Ambiance.
Débarqué sur l’île, c’est dans une Chine miniature et hors du temps que l’on découvre: fermettes basses, hameaux endormis, aux murs parfois renforcés contre les balles. Un écomusée vivant d’une Chine qui n’aurait pas été touchée par le boom économique. Kincheng, la capitale est la bonne occasion d’une flânerie dans ses ruelles nonchalantes. Une fois en appétit, on peut se sustenter dans un boui-boui, d’un bol de vermicelles aux huîtres (蚵仔面线 ézi miàn xiàn) ou un plat de gros raviolis frits (锅贴, guōtiē). En taxi ou en scooter, le reste de l’île vous attend : lignes Maginot de béton fatigué, ex-miradors, musées militaires, mais aussi de jolies plages désertes – certaines encore en déminage.
Le kaoliang (高粱酒 gāoliáng jiǔ), gnôle de sorgho, est à coup sûr à rapporter dans vos bagages. Mais vous trouverez à Kinmen un souvenir plus rare. Depuis les années ‘50, les insulaires, habitués à ne rien laisser perdre récupèrent les obus. Rebattu, aiguisé, le fer donne les lames des couteaux célèbres à Taiwan, de «qualité supérieure» ! Un seul éclat de 30 kg donne 60 hachoirs. Cet artisanat a généré boutiques et forges (qui se visitent). M. Zhao, coutelier, sourit avec malice : « Nous avons pleine gratitude envers l’APL qui, par ses artificiers, nous a permis de développer notre économie ! ».
On pense au Timonier dans les années ‘40, et à sa vantardise, du fait des désertions massives des troupes de Chiang Kaichek, d’armer ses soldats avec les fusils de Roosevelt : Mao se disait « actionnaire des usines de Detroit », intéressé à leur croissance : 70 ans plus tard, la boutade de M. Zhao s’écoute comme une réponse du berger à la bergère !
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