L’hydre du piratage commence à souffrir
Le sourire doux-amer, Giovanni Ferrero rappelle que 86% des contrefaçons chinoises saisies en Europe, copient des produits italiens. Sa victoire ne peut donc lui être que plus agréable : après 3 ans et 1M$ de frais juridiques, la Cour suprême de Pékin vient d’enjoindre Montresor, de cesser d’inonder les marchés de fausses pralines «Rocher», et de lui payer 71.000$ symboliques. Comme un plaisir ne vient jamais seul, Gucci, autre Italien de luxe obtient (15/04) 26.000$ de Senda (Jiangsu), pirate de son logo.
Un mois plus tôt à Dongguan (Guangdong), LVMH avait gagné 14.000$ contre un hôtel 5 étoiles, qui avait loué une boutique à l’un de ses contrefacteurs : pour 20.000¥/ mois de loyer, le personnel vendait les faux-Vuitton, en uniformes de l’hôtel.
Tout ceci montre des progrès dans le domaine de la propriété intellectuelle, et des efforts qui paient grâce à la prise de conscience des industriels chinois, 1ères victimes du piratage: de 2004 à septembre 2007, les procès en contrefaçon ont doublé, à 18.000, comme les dépôts de brevets (850.000); ceux de marques ont monté de 60%. L’administration a créé 50 tribunaux spéciaux et intercepté à l’import-export 7467 lots piratés, d’une valeur de 62M$. Enfin, Wangzhihe, auteur depuis trois siècles d’une recette de tofou puant (l’indispensable condiment de la fondue mongole) va récupérer en Allemagne sa marque, détournée par le groupe Okai. Preuve que -pourquoi le cacher-, le piratage marche dans les deux sens!
Salon de l’auto : quand la voiture va…
Le salon de Pékin (22-28/04) confirme l’envol chinois, avec 8,8M de ventes en 2007 (+20%), second marché de la planète.
Eldorado des constructeurs étrangers qui tiennent 75% du marché, tel Volskwagen (VW), le plus ancien en Chine. Après une percée impressionnante au 1er trimestre (+32,5%), il présente 31 modèles dont 2 mondiaux et 2 dessinés pour ce marché: VW prédit qu’il passera en 2008 la barre des 1M.
Sur les 2.100 exposants, 225 étrangers seront au RV—tous les ténors. Ford (+47% de ventes au 1er trimestre) exposera 55 modèles, General Motors, 31, y compris sa Buick invicta (luxe) ou sa Lacrosse eco-hybrid. Compétitives sur les entrées de gamme, les marques locales (31% du marché en 2006) ne sont pas en reste.
Avec sa Panda noire et blanche, Geely veut tailler des croupières à Chery, reine des villes avec sa QQ. A deux, elles font le meilleur de l’export (190.000 ventes l’an passé, dont 2/3 à Chery). Elles visent bien plus, par d’ambitieux programmes de chaînes de montage à l’étranger – 21 pour Chery en 2010. Chery prépare aussi une usine de blocs moteurs à 2,4M d’unités/an, et compte exporter 1,3M/an d’ici 2015 (y compris, pour Chrysler, en dégriffé).
Encouragées par l’Etat, les marques chinoises misent aussi sur la voiture écologique – hybride, électrique, à hydrogène ou au GNL. Chang’an (4èmeconstructeur) a les plus hautes ambitions, avec un programme de 50 000 Jiexun-HEV hybrides d’ici 2010, à 20.000$ pièce—moins chères que les nippones ou européennes—bien évidemment !
Sommaire N° 14