A la loupe : Crise alimentaire : la Chine se bat

La pénurie alimentaire planétaire et la flambée des prix  n’épargne pas la Chine, +21% au 1er trimestre.

Le riz par ex., a monté de 60% depuis janvier, à 22,73$ le quintal (16/04). L’IPC (Index des Prix à la Consommation) pulvérise ses records : 8,7% en février, 8,3% en mars. Merrill Lynch prévoit une hausse moyenne de 11,7% en  2008. Or la nourriture compte en Chine pour 30% du budget des ménages : cette pénurie pèse sur les pauvres, et cause des explosions de désespoir, sur laquelle la presse ne s’étend pas. Tels ces 3000 salariés de Huayun et Changsha, qui occupaient leurs usines de mécanique les 7-8/04 dans le Hunan, espérant obtenir leurs indemnités, pensions et assurances sociales.

Raisons de cette crise :

[1] le cycle mondial, où des prix déprimés depuis des ans ont découragé la production. La condition de paysan n’est pas à la mode (cf l’exode rural, 10M/an).

[2] La hausse des coûts de production n’arrange rien, tel l’engrais qui monte de 70%. Sur cette désaffection, un indice ne trompe pas : la perte en 2007 de 40.700 ha de terres arables. Même si c’est le recul « le plus faible depuis 2001 »: fruit d’une politique ferme de protection des sols cultivables. Il en restait 121,73Mha en 2007 sur les 127,6 Mha de 2001.  

[3] La sécheresse joue aussi son rôle : au 10/04, 14% des semailles sont frappées, soit 17,3Mha.

Avec l’inflation, le seuil de pauvreté reflétait de moins en moins  le nombre réel des déshérités. Avec le réajustement prochain de ce seuil, de 1067 à 1300¥, (+ 20%), leur cohorte doublera à 80M. D’autre part, la Chine rurale la plus pauvre (700M d’âmes), aurait accumulé 100MM² de dettes et donc, ne consommerait plus : constat explosif pour un régime dont la 1ère légitimité repose sur sa capacité à améliorer les conditions de vie des plus faibles.

Aussi Pékin fait feu de tout bois pour inverser la courbe, relancer la consommation, faire « halte à la vie chère ».

Heureusement, Pékin, en 2007,

–          a su convaincre l’agriculteur d’une pénurie, et donc d’une perspective de bons prix, et le paysan a planté plus: la prochaine récolte s’annonce faste.

–          Le déstockage des 150Mt de réserves de grain lui permettent de stabiliser les prix.

–      Des mesures ont été prises pour décourager l’export (-71% en janvier et février, à 673.000t).  

–      Pékin promet des hausses des aides aux faibles, tels les 20M d’étudiants les moins nantis, qui recevront 240¥/an, en plus de leurs 2000¥ actuels.

–      Enfin, le 17/04, Ding Xuedong, vice ministre des finances annonce une «accélération de l’ajustement du revenu» : plus de transferts aux régions pauvres, par le biais fiscal. Paroles qui ne sont pas chiffrées, mais pas pour autant en l’air : Wen Jiabao, Hu Jintao et leurs hommes savent que de ce défi (briser la croissance des écarts de richesse, des êtres et des régions) dépend la survie du régime.

 

 

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