Le Vent de la Chine Numéro 9 (2021)
Repoussée de plus de deux mois l’an dernier pour cause de Covid-19, la session annuelle du Parlement retrouve son créneau printanier habituel (4 au 11 mars). Tout comme l’an passé, la durée des « Deux Assemblées » (两会) a été raccourcie à sept jours (contre dix habituellement) avançant des motifs sanitaires. L’agenda des délégués est pourtant très chargé, puisqu’ils doivent adopter le 14ème plan quinquennal, feuille de route économique sociale jusqu’en 2025, et celui « Vision 2035 » – c’est la première fois depuis 1996 qu’un plan à si long terme est publié.
Selon un rituel immuable, le Premier ministre Li Keqiang, a inauguré l’Assemblée Populaire Nationale (ANP) le 5 mars en présentant son traditionnel rapport gouvernemental annuel devant 2953 délégués « masqués » et vaccinés, rassemblés au Grand Palais du Peuple à Pékin.
Après avoir rappelé les difficultés surmontées « avec brio » par le Parti l’an passé et le fait que la Chine a été l’un des rares pays au monde à afficher une croissance positive de son PIB (2,3%), le patron du Conseil d’État a finalement annoncé un objectif de croissance pour 2021 « d’au moins 6% » (équivalent au niveau pré-pandémie). L’an dernier, il avait fait une entorse à la règle, ne fixant aucun chiffre pour 2020 invoquant la pandémie et ses incertitudes. Cette croissance « plancher » de 6% est un soulagement pour les gouvernements locaux qui n’auront pas à atteindre un objectif irréaliste en finançant des projets inutiles. Ce faisant, l’État se laisse aussi une jolie marge de manœuvre puisque le PIB devrait augmenter d’environ 8% selon les experts chinois et étrangers.
Cet objectif peu ambitieux reflète surtout que la croissance « à tout prix » n’est plus à l’ordre du jour en 2021, au profit d’un développement « qualitatif et efficace ». C’est également sous ce prisme qu’il faut interpréter l’absence d’objectif de croissance dans le 14ème plan quinquennal – une première dans l’histoire – et dans le plan « Vision 2035 ». En novembre 2020, le Président Xi Jinping avait pourtant qualifié de « réalisable » le fait de doubler la taille de l’économie chinoise à 30 000 milliards de $ d’ici 2035 (nécessitant une croissance moyenne annuelle de 4,8%), et ainsi supplanter les États-Unis en tant que première puissance économique mondiale. Même si le document n’y fait pas mention, devenir n°1 mondial n’en reste pas moins l’objectif sous-jacent, et les dirigeants ont compris qu’il sera hors d’atteinte tant qu’ils ne s’attèleront pas aux risques systémiques (notamment financiers) et aux problèmes structurels (endettement, vieillissement de la population, faible consommation domestique, inégalités croissantes…) qui plombent le pays.
Plusieurs signes positifs suggèrent que le leadership s’apprête à prendre le taureau par les cornes. Pour la première fois, le Premier ministre a annoncé une réforme graduelle de l’âge du départ en retraite et évoqué un taux de fertilité « approprié » d’ici 2025. Le taux d’urbanisation annoncé (65% en 2025 contre 61% aujourd’hui) s’accompagnera d’une réforme du permis de résidence « hukou », remplacé par un permis à points, qui bénéficiera aux ruraux désireux de s’installer en ville. Nouvel élément-clé de la philosophie économique de Xi Jinping, le terme de « prospérité commune » a fait son apparition dans le discours de Li Keqiang, consistant en une meilleure répartition des richesses, entre riches et pauvres, entre régions, entre villes et campagnes. Pour autant, aucun objectif concret n’a été fixé à ce sujet, la Chine ne publiant plus depuis des années son coefficient de Gini, mesurant les inégalités…
Progrès notable, le rapport du Premier ministre contient un objectif de réduction de la consommation énergétique de 3% par unité de PIB pour 2021. Par contre, les chiffres annoncés dans le 14ème plan quinquennal ont déçu les observateurs, les qualifiant « d’insuffisants » : le pays prévoit de réduire de 13,5 % la consommation d’énergie et de 18 % les émissions de CO2 par unité de PIB, tout en portant la part des énergies non fossiles à 20% du mix énergétique d’ici 2025 (contre 15,3% en 2020). Paradoxalement, l’importance du charbon a également été réaffirmée par la NDRC, tutelle de l’économie, promettant de « faire plein usage des ressources houillères du pays et de s’assurer de son bon approvisionnement » alors que l’hiver a été marqué par des pannes de courant. Fin janvier, l’agence nationale de l’énergie (NEA) a pourtant été sermonnée par le ministère de l’Environnement pour avoir été trop laxiste avec les producteurs de charbon.
Dernier axe majeur du 14ème plan quinquennal : l’innovation, à qui tout un pan du document de plus de 140 pages a été consacré. Dans un contexte de découplage technologique amorcé par les États-Unis, plusieurs secteurs vont recevoir la priorité en matière de financement d’ici 2025, tels que les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle, l’internet quantique, les terres rares, la robotique, la génétique et les biotechnologies, les moteurs aéronautiques, les véhicules électriques, la médecine innovante ou encore les applications industrielles de Beidou, le GPS chinois… Et Pékin est prêt à y mettre les moyens : le budget accordé à la recherche fondamentale augmentera de 10,6% et les dépenses en R&D devraient croître annuellement d’environ 7% d’ici 2025. Des objectifs à relativiser, lorsqu’on sait que la Chine a raté ses objectifs de R&D fixés dans ses quatre derniers plans quinquennaux, mais la volonté de percée technologique du gouvernement est évidente.
A nouveau, le dossier hongkongais fait l’objet d’une attention toute particulière durant les « Deux Assemblées ». Déjà l’an passé, le Parlement avait créé la surprise en annonçant le passage en force d’une loi de sécurité nationale, qui fêtera son premier anniversaire le jour où le Parti Communiste chinois célébrera son centenaire (1er juillet). Depuis lors, 100 personnalités politiques et activistes prodémocratie ont été arrêtés, accusés de subversion.
Un an plus tard, Pékin enfonce un autre clou dans le cercueil du principe « d’un pays, deux systèmes », alors que trois élections cruciales sont attendues dans la région « semi-autonome » : celle du Parlement local, le « Legco », et celle du « comité électoral » qui sera formé en décembre 2021 puis choisira en 2022 un nouveau chef de l’Exécutif pour succéder à Carrie Lam.
Fin 2019, le camp pro-Pékin a subi une défaite cuisante aux élections de district, durant lesquelles 90% des 452 sièges ont été remportés par des candidats pro-démocrates. Pékin a fait ses calculs et ne pouvait pas prendre le risque de laisser l’opposition prendre le contrôle du Legco aux prochaines élections, repoussées pour des raisons sanitaires à septembre 2021.
Pour éviter un tel scénario, inacceptable à ses yeux, Pékin s’est donc résolu à une réforme chirurgicale du système électoral hongkongais, en détournant le principe de Deng Xiaoping en 1984 « les Hongkongais gouvernent Hong Kong », qui devient sous Xi Jinping en « les patriotes gouvernent Hong Kong ».
Les détails ne sont pas encore connus, mais la presse hongkongaise rapporte que l’actuel comité électoral serait élargi à 1500 voix au lieu de 1200 actuellement, pour diluer les quelques voix prodémocratie présentes. Le comité serait également renforcé, puisqu’il aura le pouvoir de valider la candidature des futurs députés du Legco en s’assurant qu’ils sont de « bons patriotes » selon la définition choisie par Pékin – c’est le changement le plus frappant de cette réforme.
Le nombre total de sièges au Legco passerait aussi de 70 à 90 tandis que les cinq « super sièges » (les plus représentatifs du Parlement, car élus au suffrage universel direct) seraient éliminés. Ils avaient été ajoutés en 2010 lors d’un unique pas vers un système plus démocratique. Pour s’assurer du contrôle du Legco, Pékin devrait donc repousser encore une fois les élections au Legco à septembre 2022, c’est à dire après la nomination d’un successeur à Carrie Lam. Sans ces changements, il y aurait eu un risque que le candidat préféré de Pékin se retrouve dans une position défavorable face à ceux de l’opposition. Grâce à cette réforme, le futur chef de l’exécutif, loyal à Pékin, sera assuré de faire l’unanimité au Parlement local.
Mis à part les rares membres de l’opposition qui consentiront à promettre d’être loyaux à Pékin, cette réforme équivaut à écarter de la vie politique hongkongaise toute opposition indépendante. D’ici bien avant 2047, le Legco a donc toutes les chances de ressembler à l’Assemblée Nationale Populaire pékinoise…
Alors que les manifestations populaires ont pris fin sous le joug de la nouvelle loi de sécurité nationale, et qu’une bonne partie des figures de l’opposition ont été arrêtées ou sont en exil, pourquoi Pékin ressent-il le besoin de procéder à ce nouveau tour de vis ? Les dirigeants ne vont-ils pas trop loin ? Certains intellectuels chinois et membres du camp pro-Pékin se poseraient la question…
On peut interpréter cette logique jusqu’au-boutiste (que l’on retrouve également dans la campagne anti-corruption) par le désir d’éliminer tout risque, menaçant le leadership du Parti, mais également par l’ambition personnelle de Xi Jinping, bien embarqué pour un troisième mandat en 2022. En quête de victoires, le Président semble bien décidé à ramener fermement, définitivement, et avant l’heure (2047) Hong Kong dans le giron, quoiqu’il en coûte et se moquant des répercussions – les États-Unis et l’Union Européenne ont déjà condamné cette réforme imminente, accusant Pékin de renier sa promesse d’introduire le suffrage universel direct selon les articles 45 et 68 de la Basic Law. Mais détruire la porte d’entrée de biens, de capitaux, de visiteurs, entre la Chine continentale et l’Occident, est-il bien dans l’intérêt du pays ?
Alors que la montée des inégalités en Chine pose un défi majeur au leadership, le pays n’a jamais eu autant de milliardaires.
En 2020, la fortune de 259 patrons chinois a dépassé le milliard en billets verts, amenant le total à 1058 milliardaires, contre seulement 696 richissimes Américains (70 en plus en 2020), selon le dernier classement Hurun. Ce faisant, la Chine devance pour la première fois les Etats-Unis et devient le premier pays au monde a dépasser les 1000 milliardaires sur son sol, pour une valeur combinée de 4500 milliards de $ (+73% par rapport à 2019). C’est presque autant que le PIB du Japon ! La Chine domine également le classement des ”self-made women”, avec 66% des 231 fortunes mondiales féminines. Et pour la 6ème année consécutive, la capitale mondiale des milliardaires est… Pékin, ville où l’on a des chances de croiser 145 milliardaires. Shanghai, capitale économique du pays, en accueille 113, et vient voler la place de n°2 que détenait New York. Le hub technologique Shenzhen et ses 105 milliardaires, dérobe la 4ème place à Hong Kong et Londres (82 milliardaires). Au total, six des dix villes mondiales à la plus forte concentration de super-riches, sont chinoises.
”Les ravages de la pandémie ont été compensés par un rebond des marchés boursiers et un florilège d’introductions en bourse (l’application de courtes vidéos Kuaishou, l’eau minérale Nongfu Spring, les véhicules électriques Xpeng Motors, les figurines PopMart…)”, commente Rupert Hoogewerf, à l’origine du classement Hurun. ”Nous assistons à la nouvelle révolution industrielle, avec les ”ABCDE” (AI, blockchain, cloud, données et e-commerce) créant de nouvelles opportunités pour les entrepreurs et conduisant à une concentration des richesses à une échelle inédite”, ajoute-t-il. Ainsi, 2020 a connu la plus forte création de richesses de la dernière décennie, et pour la première fois dans l’histoire, l’Asie recense plus de milliardaires que le reste du monde.
L’homme le plus riche d’Asie est donc Zhong Shanshan (67 ans, cf photo), le patron des eaux minérales Nongfu Spring. Ses 85 milliards de $ le placent directement à la 7ème place du classement mondial.
Second Chinois le plus riche : Pony Ma, fondateur du géant de l’internet Tencent, pesant 74 milliards de $ (30 milliards de plus que 12 mois plus tôt, +70%).
Sur la dernière marche du podium, Colin Huang (41 ans), à la tête de la plateforme de e-commerce Pinduoduo, en pleine controverse autour de sa culture d’entreprise. En une seule année, il a gagné 51 milliards de plus (+283%) ! Sa fortune de 69 milliards de $ lui permet donc d’intégrer le top 20 mondial. Généreux, le fondateur de Pinduoduo en a redistribué 10 à ses équipes et à des associations caritatives, avant d’abandonner son poste de PDG en août 2020, suivant les traces de Jack Ma…
Justement, le fondateur d’Alibaba tombe à la quatrième place du classement (+22%), sous le coup d’une enquête pour abus de position dominante après l’entrée en bourse avortée par les autorités de son bras financier Ant.
À la 5ème place, Zhang Yiming (38 ans), fondateur de TikTok (Bytedance), l’application ciblée par l’administration Trump, a fait une percée fulgurante, avec 60 milliards de $. Cela permet à Zhang d’entrer au top 30 mondial.
Nommé ”personnalité de l’année” par Hurun, Zeng Yuqun (53 ans), à la tête du plus grand fabricant de batteries lithium-ion au monde CATL, intègre le top 50 mondial avec une fortune estimée à 34 milliards de $. Ex aequo, Wang Xing, fondateur de la plateforme de livraison de repas Meituan, qui a vu ses comptes en banque quadrupler (34 milliards de $).
”Le roi du cochon” Qin Yinglin et son épouse, à l’origine du groupe Muyan Food, intègrent le top 10 chinois, en doublant leur fortune à 41 milliards de $, sur fond de fièvre porcine. En 1992, le couple détenait 22 truies. Dans le même domaine agro-alimentaire, Liu Yonghao (70 ans), fondateur du groupe New Hope Liuhe, et sa famille, décrochent la 100ème place mondiale, avec 19,5 milliards de $.
Tout juste sorti de prison après 12 ans passés derrière les barreaux, Huang Guangyu (52 ans), fondateur de l’ex n°1 de la vente d’électroménagers Gome, voit sa fortune doubler à 5,3 milliards de $.
Ren Zhengfei (77 ans), fondateur de Huawei, est un des rares milliardaires chinois à voir sa fortune se réduire de 3%, à 2,9 milliards de $, faisant les frais de la campagne américaine contre le géant des télécoms.
Signe des temps : il n’y a désormais plus aucun magnat de l’immobilier dans le top 10 chinois, le Hongkongais Li Ka-shing et Xu Jiayin (Evergrande) s’en trouvant éjectés.
Ont décroché du top 100 mondial, Lu Zhengyao et Jenny Qian, fondateurs de la chaîne de cafés Luckin Coffee, accusée d’avoir frauduleusement exagéré ses profits ; Chen Feng, cofondateur du conglomérat HNA placé en liquidation judiciaire ; et Xiao Jianhua du groupe Tomorrow Holdings, tombé pour corruption. Lin Qi (39 ans), patron de la plateforme de jeux vidéo Yoozoo, disparait également du classement, empoisonné par un ancien employé…
Après huit ans de partenariat, Danone a décidé de vendre sa participation au capital du géant laitier Mengniu, valorisé à 1,8 milliard d’euros. Sous pression de ses actionnaires, le poids lourd de l’agroalimentaire français a conclu un accord pour convertir sa participation indirecte dans le 8ème producteur mondial, en une participation directe de 9,8%, estimée à 850 millions d’euros, qu’il devrait revendre courant 2021.
Actionnaire de Mengniu depuis 2013, Danone comptait sur le réseau de ventes du n°2 chinois pour développer ses activités dans le pays. En échange, le groupe basé à Hohhot (Mongolie-Intérieure) et coté en bourse à Hong Kong, espérait bénéficier des technologies et de l’expérience de Danone pour poursuivre sa diversification et son développement à l’international. Alors que Danone en Chine se spécialise dans l’eau en bouteille, les boissons vitaminées et la nutrition spécialisée, le groupe hexagonal a également investi localement dans la production de poudre de lait infantile, devenant ainsi un concurrent de Mengniu sur certains segments, observe Song Liang, analyste indépendant.
De fait, les géants chinois comme Mengniu, Yili ou Feihe, ont gagné du terrain depuis le scandale du lait à la mélamine en 2008. Ils ont réussi à regagner la confiance du consommateur à grand renfort de publicités, programmes de fidélité, groupes d’entraide pour les jeunes parents, livres pour enfants… Les contrôles douaniers renforcés des « dàigòu » (代购), agents envoyant depuis l’étranger des boites de poudre infantile, a également profité aux producteurs chinois. La Covid-19 a elle aussi stimulé les ventes des marques locales, moins chères que celles importées, victimes de perturbations logistiques. Ainsi, les importations de lait en poudre pour bébés se sont rétractées, reflétant également une baisse des naissances dans l’Empire du Milieu. D’ici 2035, un responsable du ministère de l’Agriculture à Pékin évalue que la consommation chinoise de lait infantile sera réduite de 30%.
Pour autant, 2020 n’a pas été une année noire pour toutes les importations de produits laitiers, bien au contraire ! En septembre dernier, la Chine a importé plus de 100 000 tonnes de lait liquide – un record. C’est aussi la première fois que les importations ont dépassé les 1 million de tonnes en un an (+16%). Malgré le fait que près de 85% des Chinois soient intolérants au lactose, ils n’ont jamais bu autant de lait qu’en 2020 : 36 kg par habitant, soit 6 fois le volume de 2012. Là encore, la Covid-19 a joué un rôle d’accélérateur de tendance, puisque les bienfaits du lait pour la santé ont été mis en avant pendant la pandémie, considéré comme un « fortifiant immunitaire ». Les directives nutritionnelles gouvernementales ont même encouragé le public à consommer une quantité équivalente à 300 grammes de lait liquide par jour.
Surfant sur cette appétence inflationniste, la production laitière domestique est passée de 32 millions de tonnes à 34,4 millions en 2020 (+7,5%) – record historique. C’est le fruit des efforts d’un plan de restructuration de la filière, débuté en 2018. Les élevages familiaux disparaissent progressivement au profit de grosses exploitations, voire géantes, comme les trois projets de 100 000 têtes dans le parc industriel laitier de Mengniu qui ont démarré en Mongolie intérieure en juillet 2020. Aujourd’hui, les fermes de plus de 1000 têtes représentent déjà 30% du cheptel laitier. Malgré cela, le pays produit un peu moins de 70% du lait qu’elle consomme, et reste dépendant du lait étranger, mais aussi de ses semences, de ses embryons, de ses génisses, son foin, de son maïs et de son soja…
En parallèle, les importations de beurre (+35%) et de crème (+21%) ont sensiblement progressé. Sur ces marchés, la France se classe n°2, bien après la Nouvelle-Zélande, géographiquement plus proche de la Chine, et moins taxée depuis l’accord de libre-échange signé en 2013.
Dernier Eldorado du secteur laitier, le marché du fromage (fondu, à tartiner, à pizza ou hamburger…) a augmenté de 17% par rapport à 2019, et devrait poursuivre sa croissance à un rythme annuel de 12% jusqu’en 2024, selon la firme de consulting Euromonitor. Les marques étrangères se disputent ce marché prometteur : l’allemande Milkana, acquise par le groupe hexagonal Savencia en 2008, se classe en tête des ventes l’an dernier (22,7%), suivie par La Vache qui Rit du groupe français Bel (7,7%), la néo-zélandaise Anchor (6,4%), puis l’américaine Kraft (5,5%). Cinquième du classement avec 4,8% des ventes, le groupe shanghaien Milkground est réputé pour ses snacks filandreux, en bâtonnets, aromatisés aux fruits ou au chocolat, dont raffolent les enfants. Flairant la bonne affaire, Mengniu a pris une participation à hauteur de 8% de Milkground. Mais il n’est pas le seul géant chinois à s’intéresser à ce marché pas encore « affiné » : Yili et Sanyuan sont également sur les rangs. La bataille s’annonce gratinée !
L’été 2019, un incident rare et grave survint au parc animalier. Depuis sa naissance sur place en 1999, l’orang-outan Leshen était devenu une de ses mascottes de par sa beauté – un athlète humanoïde au poil oranger – et par son intelligence. Leshen savait se brosser les dents et nettoyer sa cage. Mais le 5 juin, trop d’affluence du public le fit sortir de ses gonds : au moyen de sa couverture, il neutralisa le câble électrifié du mur d’enceinte, arracha le grillage extérieur avant de s’enfuir parmi la foule, qui s’éparpilla terrorisée en tous sens. En urgence, le vétérinaire accourut armé de son fusil anesthésiant, et l’endormit d’une décharge à assommer un éléphant. Mais hélas, la dose mal calculée était trop forte : Leshen fut impossible à ranimer.
L’incident était prémonitoire : en 2020, la déferlante de COVID s’abattit sur le pays, privant le zoo de son public, et de ses recettes, indispensables pour payer les salaires et l’alimentation quotidienne des 2800 pensionnaires. Les bêtes maigrirent, devinrent léthargiques – un jour, l’on découvrit une antilope famélique qui pour son malheur s’était réfugiée dans l’enclos des loups, lesquels l’avaient égorgée et s’en repaissaient. Chaque jour, Shi Zhijun le directeur, faisait ses rondes à travers le parc, tentant de cacher son désarroi – mais ses cheveux, blanchissant, en disaient long sur sa détresse.
Au 15 mars 2020 après 51 jours de confinement, le retour à la normale suscita un moment d’espoir. Entre les diverses sections du zoo, un parcours à sens unique fut aménagé, sourcilleusement surveillé par les gardiens. A chaque entrée, un tapis rouge avait été déployé, et les média avaient été invités. Même la nature était de la partie – sur les pruniers et abricotiers portant leurs premières fleurs, le soleil jetait ses rayons bienveillants. Bref, tout était là – sauf le public. Au lieu des 20.000 visiteurs quotidiens qu’il recevait en moyenne avant la COVID, le parc dut admettre le soir venu en faisant sa caisse, qu’il n’en avait reçu que le dixième. Et encore, sur cette cohorte, les trois quarts étaient entrés gratis, personnes âgées, enfants, handicapés ou militaires, tous passés sur billets de faveur. C’en était à pleurer !
A l’aide de toute son équipe, Shi Zhijun s’adressa aux sponsors publics ou privés de la région pour qu’ils l’aident à franchir cette mauvaise passe. Après tout, avec ses 8,8 millions d’habitants au Jiangsu, la province la plus riche du pays, Nankin pouvait payer. Mais, ces efforts furent vains : l’un après l’autre, tous se défilèrent : les temps étaient durs pour tout le monde ! Dès lors, chaque nuit face aux échéances sans issue, Shen restait « dans l’attente vaine des bras de Morphée » (Yè bù chéngmèi, 夜不成寐). Dans l’année, 20% du personnel quitta le zoo – tous ceux qui ne pouvaient pas compter sur le salaire du conjoint pour joindre les deux bouts !
En août 2020, ayant épuisé toutes ses options, Shen osa enfin s’adresser à la seule autorité qu’il n’ait pas encore abordé : au maire de la ville, à qui il posta la lettre qu’il ressassait depuis des mois, retenu par la crainte de perdre la face. A présent au bord du gouffre, il n’avait plus le choix, et plus rien à perdre. Bien lui en prit : quelques semaines plus tard, il recevait 7 millions de yuans de fonds publics, permettant de payer les arriérés. C’était loin de suffire pour le tirer d’affaire, mais c’était sa première bouée de sauvetage !
Début 2021, l’embellie se précisa, aidée par un nombre d’initiatives déployées les mois précédents. En janvier, une campagne auprès du public rapporta 200.000 yuans. Shen les utilisa pour faire imprimer des T-shirts à l’effigie des espèces les plus célèbres, qu’il fit vendre sur la boutique du zoo en ligne – grand succès auprès des ados. Des camps d’observation furent organisés, ainsi que « semaines de la science » avec droits d’entrée. Et depuis 12 mois, 103 sessions de streaming s’étaient succédées pour permettre aux confinés d’observer les animaux sur internet : sans rapporter directement, ces activités, au moins, maintenaient le lien avec le public.
En février 2021, notre directeur imagina un ambitieux programme d’« adoption » d’un animal –signifiant en pratique le paiement d’un an de son entretien. Ouvert à tous, enfants ou adultes, classes scolaires ou groupes industriels, ce plan abondamment commenté dans les médias en a pour toutes les bourses, à 360 Yuans l’adoption d’une tortue, à 3000 celle d’un panda, et jusqu’à 10000 yuans celle d’un hippopotame. En échange, le sponsor peut baptiser « son » protégé, venir sur place deux fois le nourrir (sous la supervision rapprochée d’un responsable), et reçoit 10 entrées par an, ainsi qu’un diplôme d’honneur, voire une cérémonie. Et ce plan-là, enfin, rencontre le succès : il récompense son souci de répondre aux attentes des clients, et témoigne du fait que l’économie reprend du poil de la bête. Si, d’aventure, vous souhaitiez à votre tour parrainer un animal, et obtenir en prime une pancarte sur son enclos pour vanter votre mécénat, Shen Zhijun et son zoo de Hongshan vous attendent – appelez le 025-68150268 !
4 -11 mars : Session des Deux Assemblées (CCPPC et ANP, Lianghui, 两会)
10-12 mars, Shanghai : CHIC/CIFF – China International Fashion Fair, Salon chinois international de la mode, de l’habillement et des accessoires !! Reporté à une date ultérieure !!
17 – 19 mars, Shanghai : Laser Photonics China, Le plus grand salon de la photonique de l’Asie
17 – 19 mars, Shanghai : Semicon China, Salon international de l’équipement et des matériaux pour les semi-conducteurs
18 – 21 mars, Zhengzhou : CCEME, Salon international des équipements de fabrication pour la Chine centrale
19 – 21 mars, Pékin : China MED, Salon des équipements et des instruments médicaux
21 – 23 mars, Shanghai : FIBO, Salon international du fitness, du bien-être et de la santé en Chine et en Asie
24 – 26 mars, Shenzhen : PCHI, Salon des soins personnels et des cosmétiques
30 mars – 1er avril, Shenzhen: Guangzhou International Toy & Hobby Fair, Salon international du jeu et du jouet en Chine