Le Vent de la Chine Numéro 4-5 (2022)

du 24 janvier au 13 février 2022

Editorial : Le Buffle retourne à l’étable, le Tigre rugit !
Le Buffle retourne à l’étable, le Tigre rugit !

Après deux « dures » années placées sous l’élément « Métal » (Rat et Buffle), l’heure est venue de célébrer le passage le 1er février à l’année du Tigre d’Eau.

Troisième signe du zodiaque chinois, les natifs du Tigre (nés en 1926, 1938, 1950, 1962, 1974, 1986, 1998 et en 2010) sont souvent considérés comme courageux, travailleurs, bienveillants, charismatiques, avec une grande confiance en eux. En revanche, il leur arrive de se montrer irritables, imprévisibles, impulsifs, voire autoritaires.

Son caractère chinois (虎 ; hǔ), dont la graphie représente les rayures de la peau du Tigre, est employé dans de nombreuses expressions, telles que « 虎子 » (hǔzǐ) qui désigne un vaillant jeune homme ; « 马马虎虎 » (mǎma hūhū), « ni Cheval, ni Tigre », qui veut dire « comme ci comme ça » ; « 骑虎难下 » (qíhǔ nánxià), « il est ardu de descendre [du dos] d’un Tigre », ce qui signifie qu’il est difficile d’abandonner en cours de route ; ou encore « 纸老虎 » (zhǐ lǎohǔ), littéralement un « Tigre de papier », terme popularisé en Occident par Mao en 1956, lorsqu’il a qualifié Tchang Kaï-chek et les États-Unis de menaçants, mais en réalité inoffensifs. Le Tigre est également souvent associé à son ami Dragon dans des proverbes, tel que « 卧虎藏龙 » (wòhǔ cánglóng), qui désigne des personnes aux talents cachés. C’est d’ailleurs le titre du très populaire film d’action « Tigre et Dragon » du réalisateur taïwanais Ang Lee.

Parmi les célèbres natifs du Tigre, on trouve le premier empereur Qin Shi Huang, qui a unifié la Chine ; l’astronome Zhang Heng, qui a inventé le sismoscope il y a 2000 ans ; Li Shizhen, médecin, herboriste à l’origine du « Compendium of Materia Medica », ouvrage qui recense toutes les plantes médicinales utilisées en médecine traditionnelle chinoise ; Karl Marx, l’auteur du ‘Manifeste du Parti communiste’ (1818) ; Sun Yat-sen, le « père fondateur » de la République de Chine (1866) ; le « petit père des peuples » Joseph Staline (1878) ; le Général de Gaulle (1890), qui a reconnu diplomatiquement la Chine en 1964 ; le Président de la RPC entre 1993 et 2003, Jiang Zemin (1926) ; le fondateur de (l’ex) leader du soutien scolaire New Oriental, Yu Minhong (1962) ; le directeur du bureau général du Comité Central du Parti (centre névralgique du PCC) et membre du Politburo Ding Xuexiang (1962) ; l’acteur Wu Jing (1974), connu pour son rôle dans le film patriotique « Wolf Warrior II » ; ou encore la comédienne Yang Mi (1986)…

Mais ce sont d’autres genres de « tigres » qui sont paradés sur les écrans ces temps-ci. Dans un mini-documentaire de 5 épisodes, prénommé « tolérance zéro » (零容忍) (à ne pas confondre avec la stratégie « zéro Covid » dynamique), on retrouve au casting : Sun Lijun, ancien vice-ministre de la sécurité publique, Fu Zhenghua, ex-ministre de la justice, Zhou Jiangyong, ex-secrétaire de Hangzhou, ou encore Hu Huaibang, ex-président de la China Development Bank

Tous sont des hauts dirigeants qui ont été arrêtés pour « corruption », une accusation « fourre-tout » qui cache souvent des « fautes » politiques. Il n’empêche, les révélations ne manquent pas de piment : 300 000 dollars cachés dans des boîtes de fruits de mer, un jardin privé de 3000 m², des dépenses astronomiques dans des jeux vidéo…

Cependant, les prestations des cadres lors de leurs confessions filmées n’ont pas été à la hauteur des attentes du public : pas de pleurs spontanés ni de tremblements dans la voix comme lors de la première saison en 2016 ! Au contraire, les corrompus auraient conservé un air arrogant malgré leurs lourdes sentences. « Regardez comme ils ont l’air heureux… On ne dirait pas les confessions de criminels, mais une interview télévisée des hommes les plus prospères », écrit un internaute, soupçonnant un traitement de faveur en prison. Un autre s’interroge sur l’objectif de ce « documentaire » : n’est-il pas censé décourager la corruption plutôt que l’encourager en étalant en détail les magouilles et le train de vie des cadres corrompus ?

Si ces réactions du public ne sont pas exactement celles espérées par la commission centrale d’inspection de la discipline (CCID), cela ne viendra pas gâcher le 10ème anniversaire de la campagne anti-corruption. Le tableau de chasse est impressionnant : en une décennie, 4,4 millions de cadres (environ 5% des membres du Parti) ont été mis sous enquête, dont 484 dirigeants du gouvernement central. « Peu importe qui vous êtes, nous serons sans merci », a déclaré le Président Xi Jinping lors du 6ème Plenum du 19ème Congrès de la CCID (18 au 20 janvier). Néanmoins, « il reste un long chemin à parcourir avant d’éradiquer complètement la corruption », a reconnu le leader chinois. De là à conclure que la corruption est endémique ?


Economie : Les fonctionnaires se serrent la ceinture
Les fonctionnaires se serrent la ceinture

Pas de bonus de fin d’année ! Les comptes des gouvernements locaux sont dans le rouge, et les fonctionnaires vont devoir se serrer la ceinture. Dans une dizaine de provinces (Shanghai, Zhejiang, Jiangxi, Fujian, Guangdong, Henan, Hubei, Shandong, Chongqing …), les employés de l’État ont vu leur rémunération annuelle réduite de 20 à 30% en moyenne. Dans certains cas, ils ont même dû rembourser des primes déjà perçues au cours de l’année ! Or, ces dernières constituent une majeure partie de la rémunération des fonctionnaires, leurs salaires étant notoirement peu élevés, mais complétés par divers avantages sociaux (allocations au logement, accès peu coûteux aux soins de santé…). C’est ce « package » qui a attiré un nombre record de candidats aux concours d’entrée dans la fonction publique en 2021.

Il n’empêche, à l’annonce de ces coupes salariales, les plaintes de fonctionnaires ont afflué sur les réseaux sociaux. Comme pour répondre à ce « vent » de mécontentement, le Premier ministre Li Keqiang a déclaré courant décembre que plus de 8600 milliards de yuans de réduction d’impôts ont été consenties depuis 2016 et que le processus devait se poursuivre « pour aider les entreprises et stimuler l’économie ». L’État central fera de son mieux pour aider les gouvernements locaux, a promis le patron du Conseil d’État. Mais cela suffira-t-il ?

En novembre 2021, seule Shanghai affichait un budget excédentaire sur les 31 provinces et municipalités. 18 d’entre elles, essentiellement situées dans l’Ouest, le Nord et le Centre du pays, ont enregistré un déficit plus important que la totalité de leurs revenus. Le Tibet se retrouve particulièrement dans le rouge, avec un « trou » de 177,6 milliards de yuans, soit sept fois ses revenus annuels.

Liu Caiyi, professeur d’économie à l’université Fudan (Shanghai), estime que la dette « officielle » des gouvernements locaux serait de 30 000 milliards de yuans, soit 21 000 yuans par citoyen chinois. Un récent rapport de Goldman Sachs évaluait plutôt la dette totale à 53 000 milliards de yuans fin 2020, soit 52% du PIB.

Comment expliquer un tel trou dans les finances publiques, qui s’aggrave depuis deux ans ?

Le premier facteur tient à la stratégie « zéro Covid ». Une simple estimation des frais engagés par la ville de Xi’an, qui a confiné pendant trois semaines ses 13 millions d’habitants, donne une idée des montants en jeu. Six rounds de tests, à 10 yuans l’unité : 780 millions de yuans. 45 000 personnes confinées dans des centres de quarantaine à 250 yuans la journée : 160 millions de yuans. Sans compter les livraisons de nourriture et de produits de première nécessité au reste de la ville… Le total pourrait s’élever à quelques milliards de yuans. À titre de comparaison, le budget de la ville était de 154,15 milliards de yuans en 2020 tandis que la province du Shaanxi a dépensé 5,5 milliards de yuans dans la prévention épidémique pour toute l’année 2021.

Le second facteur, et sûrement le plus important, est le ralentissement du marché immobilier. En effet, les gouvernements locaux tiraient jusqu’à présent près de 40% de leurs revenus des ventes de terrain aux promoteurs. Or ceux-ci ont été astreints à une cure de désendettement par l’État, ce qui a fait chuter les recettes des gouvernements locaux. Acculés, ils cherchent donc à augmenter leurs revenus par tous les moyens.

À Hangzhou (Zhejiang), « capitale » du live-streaming et figure de proue de la « prospérité commune », le bureau des taxes a « ponctionné » la célèbre animatrice Viya d’une amende record de 1,3 milliard de yuans pour évasion fiscale. Les autres influenceurs avaient jusqu’au 31 décembre pour se mettre en règle. Dans la « bourgade » de Bazhou (Hebei), 750 000 âmes, c’est grâce à des inspections « punitives » (frais arbitraires, amendes…) dans les entreprises que les cadres locaux ont pu récupérer 67 millions de yuans en 67 jours. Une pratique condamnée par le Conseil d’État.

Selon Sun Liping (孙立平), éminent professeur à l’université Tsinghua (Pékin), la chute des revenus tirés de l’immobilier, véritable « vache à lait » des gouvernements locaux, pourrait conduire à une hausse des impôts. Le projet d’introduction d’une taxe foncière en est une émanation. Seulement, « plus la taxation sera lourde, plus l’économie perdra de sa vigueur, ce qui aboutira à une crise économique », avertit le sociologue. Pour éviter un tel scénario, Sun recommande d’alléger les dépenses de fonctionnement des gouvernements locaux et de rationaliser leur organisation. Sous cette perspective, la rémunération des salariés des entreprises d’Etat pourraient également être réduite.

D’après Li Daokui (李稻葵), économiste à l’université Tsinghua (Pékin), des « incitatifs économiques suffisants » sont nécessaires pour former des administrations « compétentes » et des marchés « efficaces » dans les différentes régions du pays. Pour cela, il faut que les gouvernements locaux conservent une part suffisante de leurs revenus et transfèrent leur dette à l’État central. L’économiste préconise également de faire porter le poids de la taxation sur la consommation plutôt que la production de manière à inciter les autorités locales à augmenter leur population… Mais le conseiller du Premier ministre ne se fait pas d’illusions : « les cinq prochaines années seront probablement les plus difficiles que le pays ait connues depuis le début de la période de réforme et d’ouverture [dans les années 80] ».


Société : Le Covid-19, révélateur des inégalités sociales
Le Covid-19, révélateur des inégalités sociales

Patient Omicron : Li, 26 ans, employée de banque, se déplace en voiture, fait du shopping dans des centres commerciaux de luxe, dîne au restaurant et part skier le week-end.

Patient Delta : Yue, 44 ans, travailleur migrant, vit dans une pièce de 10m2, s’est rendu sur près de 30 chantiers de construction, porte des sacs de ciment de 50kg, récolte des déchets pour nourrir sa famille de six personnes, cherche son fils de 21 ans disparu depuis deux ans, testé positif à la Covid-19 avant de prendre le train pour rentrer à Weihai, sa ville natale.

Ce sont deux exemples de données recueillies dans le cadre des enquêtes épidémiologiques conduites à Pékin suite à l’émergence de foyers de Covid-19.

Cependant, ce n’est pas l’efficacité du traçage ni le manque de confidentialité qui ont frappé l’opinion publique, mais plutôt le contraste entre les trains de vie de ces deux « patients zéros », relançant le débat sur les inégalités et le sort des « populations flottantes » dans les grandes villes chinoises.

Incarnation vivante de la nécessité d’atteindre la « prospérité commune », Yue a instantanément suscité la sympathie des internautes, qui lui ont consacré un hashtag vu des dizaines de millions de fois sur Weibo (avant d’être supprimé) : « une enquête [épidémiologique] a permis de trouver le Chinois le plus travailleur » (“流调中最辛苦的中国人”).

En Chine, les 20% les plus riches gagnent 10 fois plus que les 20% les plus pauvres – un fossé plus large qu’aux États-Unis et qui continue de s’accroître. En 2020, l’écart absolu entre les groupes à faibles revenus et ceux à hauts revenus était de 72 425 yuans. En 2021, il est passé à 77 503 yuans.

« Je ne sais pas si les promesses de ‘prospérité commune’ ne sont que des vaines paroles, mais il est de la responsabilité du gouvernement de s’assurer que tous les travailleurs puissent vivre de manière convenable », écrit un internaute. « C’est le véritable ‘Pékin Pliant’ 《北京折叠》(roman de science-fiction de Hao Jingfang, qui dépeint une ville divisée en trois couches sociales, avec un accès inégal au temps et aux ressources) », affirme un autre.

Hu Xijin, ancien rédacteur en chef du journal nationaliste Global Times, a lui aussi pris part au débat. S’il a salué l’élan de sympathie populaire, il a appelé à « réfléchir aux différents moyens d’aider les gens vivant au bas de l’échelle sociale à vivre plus dignement » tout en soulignant « les nombreux efforts qui ont déjà été réalisés au niveau national », « les salaires des ouvriers qui augmentent rapidement dans les grandes villes » et l’équité dans l’accès aux soins contre la Covid-19, pour la jeune fille riche comme pour le travailleur pauvre.

Des arguments qui n’ont pas convaincu certains : « la plupart des personnes infectées sont des vendeurs, des livreurs et d’autres travailleurs migrants mal payés… Est-ce vraiment une coïncidence ? On devrait juger le niveau de civilisation d’un pays à la manière dont il protège les intérêts des groupes vulnérables », écrit un internaute. « Il faut rester conscient que ce sont les pauvres qui sont plus vulnérables en cas de désastres », rappelle Sun Liping, éminent sociologue à Tsinghua. Et c’est là où le bât blesse. Jusqu’à présent, le poids des sacrifices exigés par la stratégie « zéro covid » a majoritairement été supporté par les plus défavorisés.

Ainsi, pour la troisième année consécutive, des dizaines de localités ont fortement encouragé les travailleurs migrants à ne pas rentrer chez eux pour le Nouvel An lunaire, tandis que plusieurs « hubs » industriels ont offert des primes aux ouvriers pour qu’ils ne partent pas, de manière à maintenir un certain niveau d’activité durant les congés. Au Henan, un maire a même menacé de quarantaine puis de détention ceux qui rentrent « malicieusement ». Des propos qui ont suscité un tollé sur la toile.

Même si l’État a rappelé aux gouvernements locaux qu’il ne faut pas adopter une « approche unique », ces consignes se heurtent à la responsabilité portée par les cadres pour tout rebond épidémique dans leur juridiction. C’est la raison pour laquelle les dirigeants locaux préfèrent en faire trop que pas assez : leur place est un jeu.

Malgré le climat d’incertitude (multiples tests PCR exigés, règles changeantes) et le risque d’être mis en quarantaine à l’arrivée, plus de 1,18 milliard de voyages sont anticipés par le ministère des Transports durant les 40 jours entourant la fête nationale (17 janvier au 25 février) : c’est 36% de plus par rapport à 2021. Ce chiffre en hausse peut être interprété de deux manières : soit comme le reflet de la confiance du public dans la capacité des autorités à maîtriser les éventuels foyers épidémiques, soit comme celui d’une certaine lassitude face à une politique sanitaire stricte reconduite année après année.


Sport : Les promoteurs immobiliers entrainent les clubs de football dans leur chute
Les promoteurs immobiliers entrainent les clubs de football dans leur chute

Lors de la pose de la première pierre en avril 2020, le futur stade de football de Guangzhou était présenté par son propriétaire, le promoteur immobilier Evergrande, comme tout « aussi emblématique que l’opéra de Sydney ou la tour Burj Khalifa à Dubaï », avec sa forme de fleur de lotus et ses 120 000 places. Un projet estimé à 1,8 milliard de $. Mais ça, c’était avant que le gouvernement ne ferme le robinet du crédit aux promoteurs surendettés, comme Evergrande. Depuis, le stade, toujours en chantier (cf photo), a été saisi par les autorités locales et va être vendu…

Cette mésaventure n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’impact du resserrement du crédit sur le secteur du football et la « Chinese Super League » (CSL), l’équivalent de la Ligue 1. Alors que les défauts se multiplient chez les promoteurs immobiliers, 12 clubs de CSL sur 16 sont confrontés à des difficultés financières.

Les choses n’étaient pas censées se dérouler ainsi lorsque Xi Jinping, un fan de football, avait glissé, en 2011, rêver que la Chine « se qualifie (elle n’y est arrivée qu’une seule fois, en 2002), accueille, puis gagne » la Coupe du Monde de football.

C’est la raison pour laquelle les promoteurs immobiliers se sont lancés dans l’aventure à l’aube d’un nouveau plan gouvernemental pour faire décoller le ballon rond en Chine en 2016. En soutenant le développement du football chinois – et donc le rêve du Président – les entreprises ont espéré obtenir plus facilement des terrains et permis de construire ainsi que renforcer leurs relations avec les autorités locales. Evergrande et R&F ont jeté leur dévolu sur les deux clubs de Guangzhou (Canton) en 2010, Greenland sur le Shanghai Shenhua en 2014, China Fortune Land sur le Hebei FC en 2015, Sinobo sur le Beijing Guo’an en 2017… Cette mainmise des promoteurs sur les clubs était telle que les fans ont surnommé la CSL, la « ligue de l’immobilier ».

Leurs investissements ont eu un impact majeur sur le secteur, permettant soudainement aux clubs de se payer les services de joueurs et entraîneurs étrangers, attirés par des salaires mirobolants. En l’espace de dix ans, Paulinho, Hulk, Yannick Carrasco, Alex Teixeira, Ramires, Carlos Tevez, Oscar, Gervinho, Nicolas Anelka, Didier Drogba, pour ne citer qu’eux, ont tous signé dans des clubs chinois à cette période où la Chine était encore considérée comme le « nouvel Eldorado » du football. Au grand dam des meilleurs clubs européens qui ne pouvaient pas rivaliser financièrement avec des clubs chinois hier inconnus.

Cette stratégie a permis au Guangzhou FC de gagner huit titres durant la dernière décennie. Et le public était au rendez-vous : le taux de remplissage des stades a plus que doublé. Revers de la médaille : les clubs se sont lourdement endettés. Rien que pour le Guangzhou FC, Evergrande aurait dépensé entre 150 millions et 300 millions de $ en dix ans.

Début 2019, Lu Shiyu, vice-président de l’association chinoise de football (CFA) ambitionnait encore de faire de la CSL « la 6ème ligue de football » au monde, après les ligues anglaise, espagnole, italienne, allemande et française. Il quittera son poste un mois après avoir fait cette déclaration.

Son remplaçant n’est autre que Chen Xuyuan, l’ancien propriétaire du Shanghai SIPG, qui avait orchestré les plus gros transferts de joueurs (Hulk, Oscar et Arnautovic). Pourtant, son discours est beaucoup plus sobre. « Nos clubs ont dépensé trop d’argent et la façon dont notre football est géré n’est pas viableSi nous ne prenons pas de mesures en temps opportun, je crains que le système ne s’effondre », a-t-il déclaré prémonitoirement.

Sous les ordres du gouvernement, inquiet d’assister à cette « fuite des capitaux » vers des clubs et agents étrangers, la CFA a alors plafonné le salaire des joueurs et introduit une taxe sur les transferts en 2018. Elle a également interdit aux clubs de porter le nom de leurs bienfaiteurs en 2020 : le Guangzhou FC a donc perdu son « Evergrande » dans la foulée.

Ces mesures auraient pu contribuer à sauver le football chinois. Mais l’arrivée du Covid-19 et le resserrement des conditions de crédit pour les promoteurs immobiliers sont venus sceller son sort.

Avec les contraintes sanitaires, il y a eu moins de matchs, moins de public, moins de sponsoring et les droits de rediffusion ont été renégociés à la baisse. De surcroît, la CSL a été complètement suspendue entre mi-août et décembre 2021, de manière à augmenter les chances de l’équipe nationale chinoise de se qualifier pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Un plan aux résultats plus que mitigés : le « onze » chinois est actuellement 5ème de son groupe du troisième tour des éliminatoires et ses chances de qualification sont infimes.

Résultat, les clubs périclitent les uns après les autres : le Tianjin Tianhai en février 2020, mais aussi le Jiangsu Suning FC en février 2021, seulement deux mois après avoir remporté le titre de champion de CSL. En trois ans, seize clubs auraient ainsi disparu des radars. Le Tianjin Teda serait également au bord de la faillite, abandonné par son conglomérat public, tandis que le Guangzhou FC devrait selon toute vraisemblance changer de mains…L’exception qui confirme la règle, c’est le promoteur Wanda qui a réussi à conserver son club de Dalian et demeure un sponsor de la FIFA, malgré une mauvaise passe en 2017.

Pour le reste, plusieurs gouvernements locaux et entreprises publiques seraient en discussion avec les clubs survivants pour en reprendre le contrôle et mettre un terme à cette « expansion désordonnée des capitaux ». Si les négociations échouent, les clubs seront liquidés. Dans ces conditions, les footballeurs chinois et le staff n’ont d’autre choix que d’accepter des coupes de salaire. Les joueurs étrangers eux, ont déjà plié bagage pour la plupart…

À l’image du reste de la société, le football chinois entame donc un « grand virage à gauche » sous la supervision étroite de l’État, après avoir expérimenté pendant plusieurs années un « grand virage à droite »… Pour le ballon rond chinois, ce changement de plan de jeu était aussi nécessaire qu’inévitable. Pour autant, sera-t-il gagnant ?


Agriculture : De Chine jusqu’en Bretagne, la reconquête du sarrasin
De Chine jusqu’en Bretagne, la reconquête du sarrasin

À la veille de la Chandeleur (2 février), fête durant laquelle il est coutume de manger des crêpes, un point sur les origines du sarrasin (Fagopyrum esculentum ssp. esculentum Moench) s’impose.

En effet, son nom est trompeur : le « blé noir » (荞麦 ; qiáomài) n’est pas une céréale, mais une plante annuelle de la famille des polygonacées, comme l’oseille ou la rhubarbe, reconnaissable aux beaux jours à ses petites fleurs blanches.

Cette espèce a été domestiquée au Néolithique entre le Tibet oriental et les contreforts himalayens du sud-ouest de la Chine, où sa culture est attestée dès 2600 ans av. J.-C. De là, elle s’est étendue dans la moitié sud-ouest/nord-est du pays avant le début de notre ère, puis en Corée et au Japon. Le sarrasin, qui a peut-être été connu des Romains, ne semble s’être imposé dans l’agriculture européenne qu’au Moyen-Âge suite aux migrations mongoles. Vers 1400, on l’appelait « le blé païen » en Suisse et sa culture était présente dans plusieurs régions de France (Auvergne, Limousin, Bretagne, Normandie…).

Anne de Bretagne (1477-1514) ne l’a donc pas introduit sur son duché, mais aurait seulement contribué à développer la culture du sarrasin dans la péninsule armoricaine au XVIe siècle, sans la taxer pour lutter contre les famines. S’adaptant bien aux sols médiocres et ne nécessitant guère de soins, il devient l’alimentation de base des paysans bretons. Essentiellement consommé en bouillie, il aurait permis d’éviter de nombreuses famines à ces populations pauvres.

Dans les années 1900, la production de sarrasin en Bretagne était de 370 000 hectares. Puis dans les années 1960, avec l’apparition de la politique agricole commune européenne (PAC), la culture du blé noir a été délaissée au profit du maïs et du blé, plus rentables. Aujourd’hui, elle n’est plus que de quelques milliers d’hectares…

Cela n’empêche pas le blé noir de connaitre une seconde jeunesse ces dernières années, porté par la vague du sans gluten et du bio. C’est sans oublier la tradition culinaire bretonne qui reste très vivante (crêpe, galette, kig-ha-farz, miel, bière, whisky, chips, blinis…). La région (et ses touristes) consommerait 3,5 fois plus de blé noir que la moyenne française, soit 11 000 tonnes par an. Or, la production locale n’atteint pas les 4000 tonnes.

Pas d’autre choix donc, que de recourir aux importations : 80% du sarrasin consommé aujourd’hui dans l’Hexagone vient de l’étranger, principalement de Chine (Shanxi, Mongolie-Intérieure, Ningxia…). Un comble pour la Bretagne, dont le blé noir bénéficie d’une indication géographique protégée (IGP – « Gwinizh-du Breizh ») dans ses cinq départements historiques depuis 2010. Côté prix, comptez 500 euros la tonne de sarrasin importé contre 840 euros pour le blé noir breton avec l’IGP. Même si la farine bretonne est trop chère sur le marché français face à ses concurrentes étrangères, la qualité IGP est devenue un argument à l’export. À tel point que les Chinois ont tenté une improbable contrefaçon du label « Bretagne » ! Amour du sarrasin quand tu nous tiens…

Avec Alain P. Bonjean


Chiffres de la semaine : « 168 athlètes, 346 millions de Chinois, 53% des membres, 17 centres de recherche »
« 168 athlètes, 346 millions de Chinois, 53% des membres, 17 centres de recherche »

168 : c’est le nombre d’athlètes de la « Team China » qui se sont qualifiés pour participer à 96 épreuves des Jeux olympiques d’hiver à Pékin (4 au 20 février). Selon les prévisions du cabinet Gracenote, la Norvège devrait à nouveau dominer ces JO, suivie par la Russie et l’Allemagne (3ème), les USA (4ème), le Canada (5ème), la Suisse (7ème) et la France (10ème).

Même si l’absence des athlètes chinois aux compétitions internationales depuis la saison 2020/2021 complique les prédictions, la Chine pourrait se hisser au 13ème rang du classement avec 11 médailles (contre 9 en 2018 à PyeongChang) dont six médailles d’or. Parmi les espoirs, le duo féminin Ying Qing et Du Jiani en bobsleigh, Cai Xuetong et Liu Jiayu en snowboard half-pipe, Xu Mengtao en ski acrobatique, Su Yiming en snowboard Big Air, et Eileen Gu, chouchoute du public (née aux États-Unis) et étoile du ski freestyle (cf photo).

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346 millions : c’est le nombre de Chinois qui se sont essayés depuis 2015 aux des sports de neige et de glace – trois ans plus tôt que prévu. De même, le nombre de stations de ski en Chine est passé de 460 en 2016 à 770 fin 2019. Au total, l’industrie du « tourisme hivernal » devrait représenter 50,9 milliards de $ pour la saison 2021-2022. La tenue des Jeux olympiques d’hiver à Pékin a contribué à stimuler l’enthousiasme du public : les réservations d’hôtels dans les stations de ski ont augmenté de 73% en décembre sur Trip.com et les recherches des mots-clés « ski » et « snowboard » ont explosé (+214%) sur la plateforme Xiaohongshu en novembre 2021 par rapport à 2020. 

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53% des 262 membres de la Chambre de Commerce américaine à Hong Kong ont envisagé de quitter la région administrative spéciale (RAS) à cause des restrictions aux voyages internationaux, et un tiers ont été contraints de retarder leurs investissements, selon un sondage de la Chambre. 86% des membres affirment que la détérioration des relations sino-américaines a affecté leurs affaires. 80% d’entre eux rapportent également que leurs opérations ont été impactées par la loi de sécurité nationale, tandis que 68% constatent que l’État de droit à Hong Kong s’est détérioré. 60% des membres de l’AmCham jugent que l’administration hongkongaise est « indifférente » aux difficultés rencontrées par les entreprises étrangères. Cependant, 41% des dirigeants se déclarent optimistes quant aux perspectives économiques à Hong Kong, particulièrement dans les secteurs du transport, de la logistique et des services financiers. Seulement 5% des membres prévoient de déménager leurs sièges en dehors de Hong Kong, mais 80% s’accordent à dire que Singapour est la plus grande menace pour la RAS.

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17 : c’est le nombre de centres de recherche dédiés à la « pensée de Xi Jinping », qui ont été inaugurés depuis le 19ème Congrès de 2017, date à laquelle elle a été enchâssée dans la constitution du Parti. Le corpus idéologique du Président comprend 13 « sous-concepts » sur des sujets variés, tels que la gouvernance du Parti, l’écologie, les affaires militaires, la diplomatie ou encore l’État de droit. De tels centres ont déjà été établis au sein des ministères des Affaires étrangères et de l’Éducation, à l’Académie nationale des Sciences sociales, à l’École centrale du Parti, à l’Université Tsinghua (Pékin) et depuis mi-janvier, à la NDRC, l’organe de planification de l’économie dirigé par He Lifeng, un fidèle de Xi. Le déploiement de ces instituts a pour objectif de consolider l’emprise idéologique de Xi Jinping sur l’appareil, particulièrement à l’approche du 20ème Congrès du Parti à l’automne 2022.


Vocabulaire de la semaine : « Anti-corruption, tigre, internaute, empathie, fonctionnaire, salaire, football, stade »
« Anti-corruption, tigre, internaute, empathie, fonctionnaire, salaire, football, stade »
  1. Anti-corruption : 反腐败 ; fǎn fǔbài
  2. Zone interdite : 禁区 ; jìnqū
  3. Tolérance zéro : 零容忍 ; líng róngrěn
  4. « Tigres », hauts dirigeants : 老虎 ; lǎohǔ (HSK4)
  5. « Mouches », petits cadres : 苍蝇; cāngyíng

党中央反腐败禁区、全覆盖、零容忍,“老虎”“苍蝇”一起打。

Dǎng zhōngyāng fǎn fǔbài wú jìnqū, quán fùgài, líng róngrěn,“lǎohǔ”“cāngyíng” yīqǐ dǎ.

« La campagne anti-corruption du Comité Central du Parti n’a pas de zone interdite, la couverture est complète et la tolérance zéro, les « tigres » et les « mouches » sont combattus ensemble ».

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  1. Epuisant, difficile : 辛苦 ; xīnkǔ (HSK 4)
  2. Susciter, déclencher, initier : 引发 ; yǐn fǎ
  3. Internaute : 网民 ; wǎngmín
  4. Empathie, sympathie : 同情 ; tóngqíng (HSK 4)
  5. Colère, indignation : 愤怒 ; fènnù (HSK 6)

北京新冠肺炎(COVID-19)疫情流调中最辛苦的中国人引发网民的同情与愤怒。

Běijīng xīnguān fèiyán (COVID-19) yìqíng liú tiáo zhōng zuì xīnkǔ de zhōngguó rén yǐn fǎ wǎngmín de tóngqíng yǔ fènnù.

« ‘Le Chinois le plus travailleur’ touché par l’épidémie de COVID-19 à Pékin a suscité la sympathie et la colère des internautes ».

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  1. Fonctionnaire : 公务员 ; gōngwùyuán
  2. Coupe, réduction de salaire : 减薪 ; jiǎn xīn
  3. Annuler, annulation : 取消 ; qǔxiāo (HSK 5)
  4. Bonus, prime (de fin d’année) : (年终)奖金 ; (niánzhōng) jiǎngjīn
  5. Information, nouvelle, news : 消息 ; xiāoxī (HSK 4)

近日,至少有5个省市传出公务员减薪或取消年终奖金的消息。

Jìnrì, zhìshǎo yǒu 5 gè shěng shì chuán chū gōngwùyuán jiǎn xīn huò qǔxiāo niánzhōng jiǎngjīn de xiāoxī.

« Récemment, au moins 5 provinces et villes ont informé que leurs fonctionnaires subiront des coupes de salaires ou des annulations de leurs primes de fin d’année ».

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  1. Immobilier : 房地产 ; fángdìchǎn
  2. Leader, géant, acteur principal, personne importante, magnat, tycoon : 巨头; jùtóu
  3. Evergrande : 恒大; héng dà
  4. « Donner le premier coup de pelle » (littéralement « briser », « casser », « détruire », la « terre », le « sol ») : 破土; pòtǔ
  5. Débuter un chantier : 动工; dònggōng
  6. Haut de gamme, haut niveau : 高级 ; gāojí (HSK 5)
  7. Stade de football : 足球场; zúqiú chǎng

2020年4月,中国房地产巨头恒大集团在广州破土动工,建造一座价值18亿美元、可容纳10万人的高级足球场。

2020 nián 4 yuè, zhōngguó fángdìchǎn jùtóu héng dà jítuán zài guǎngzhōu pòtǔ dònggōng, jiànzào yīzuò jiàzhí 18 yì měiyuán, kě róngnà 10 wàn rén de gāojí zúqiú chǎng.

« En avril 2020, le géant chinois de l’immobilier Evergrande Group a inauguré à Canton un stade de football haut de gamme d’une valeur de 1,8 milliard de dollars américains et capable d’accueillir 100 000 personnes ».

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  1. « Pêcher une aiguille dans un océan», équivalent de « chercher une aiguille dans une botte de foin » : 大海捞针 ; dàhǎi lāozhēn

在这样的人群中找寻他是徒劳的,这简直是大海捞针

Zài zhèyàng de rénqún zhōng zhǎoxún tā shì túláo de, zhè jiǎnzhí shì dàhǎilāozhēn.

« Le chercher dans une telle foule est futile, c’est comme ‘chercher une aiguille dans une botte de foin’».


Petit Peuple : Zhaotong (Yunnan) – Le long chemin en arrière de Li Jingwei (3ème partie)
Zhaotong (Yunnan) – Le long chemin en arrière de Li Jingwei (3ème partie)

Jingwei, enfant enlevé et vendu à de nouveaux parents, a grandi loin de son Yunnan d’origine et de ses parents biologiques. Le voici adulte, parfaitement intégré à Zhengzhou dans cette vie nouvelle. Jusqu’au jour où…

La nuit du 11 février 2021, veille du « chunjie » marquant l’entrée dans l’année du bœuf, Jingwei, 36 ans, eut un cauchemar. Un petit paysan marchait devant une ferme, traînant derrière lui un chat de bois qui grandissait à chaque pas, au point de devenir géant et d’écraser un couple de vieillards. Il se réveilla en criant : l’enfant n’était autre que lui-même, et ce couple de vieux, c’étaient ses parents d’autrefois, qui faiblissaient seuls, privés de leur fils. D’un fils égoïste, qui n’avait rien fait pour les retrouver. À son épouse, il expliqua en haletant le message qu’il venait de recevoir des limbes. Alors, cette femme directe et fidèle lui fit une remarque qui allait changer sa vie : « tu dois les retrouver ».

Mais comment faire ? Aller chercher ses parents génétiques, c’était comme « chercher une aiguille dans un océan » ( 大海捞针, dàhǎi lāozhēn) ! Le jour même, il alla à la police municipale. Là, on releva son identité présente, sa photo, son groupe sanguin et les bribes de souvenirs diaphanes qu’il put rassembler sur son kidnapping à l’âge de 4 ans. Sur le conseil d’un agent compatissant, il se rendit ensuite au bureau local de Baobaohuijia, l’agence bénévole spécialisée sur ce genre de crime. Baobaohuijia passait pour parvenir parfois, à partir de listes d’enfants recherchant leurs parents ou l’inverse, à faire le rapprochement, recoller ensemble des familles à partir de leurs seuls liens du sang. Ils étaient en moyenne 20.000 par an, les fils et filles kidnappés à seule fin d’être revendus dans d’autres provinces. Mais à l’agence et à la police, Jingwei fut prévenu : tant qu’il n’offrirait pas un début de piste solide, les chances d’avancer étaient nulles.

Jingwei réfléchit : après tout, pourquoi pas ? Ses souvenirs et ses dessins d‘enfance pouvaient constituer un début de piste. Et de toute manière, il n’avait rien d’autre. Il ressortit donc le carnet où il avait croqué tant de scènes de ses premières années, dessinées après coup. L’étang aux buffles. La montagne aux éblouissantes fleurs orange, violettes et blanches. L’école communale. La route à travers la montagne. La rizière du bas du village, les terrasses à riz sur la colline où nichait la maison de ses parents…

Il lui restait à créer un plan du village, ce qui lui prit plusieurs journées. Où donc pouvait être le moulin à grain ? Où menait la route d’accès ? Il se sentait seul, face à ces énigmes. Mais en même temps, il était porté par l’enthousiasme : il s’attaquait enfin à ce passé perdu, et sentait que cette montagne impénétrable pouvait peut-être se fendre pour le laisser passer.

Puis sur l’application Douyin (le Tiktok chinois), il posta son plan, annoté de commentaires et questions. Il mentionnait l’année du kidnapping (1989), la calvitie du voisin auteur du rapt, et autres détails typiques de son village, telle la cuisson du riz dans des baquets de bois.

À travers le pays, l’annonce en forme de jeu de piste suscita un engouement hors du commun. Bientôt affluèrent les réponses, indices et suggestions. La police se prit au jeu. Son poste central de Shanghai avait mis sur ce dossier une équipe, et dans toutes les provinces, les commissariats affichaient le plan de Jingwei. Or, voilà que suite au déluge de communications sur internet, se mit à clignoter sur l’écran de l’équipe un voyant rouge signalant Zhaotong (Yunnan), à 1800km de distance. Depuis 36 ans dans cette ville, une plainte était déposée, dormante jusqu’à hier mais qui à présent, cochait toutes les cases. Au fond d’une vallée avoisinante, une famille s’était fait voler un fils en 1989. Le père du disparu était mort, mais la mère restait en vie. Ils avaient eu un voisin chauve – aujourd’hui parti sans laisser d’adresse… De toute urgence dès lors, dans les deux villes, un test ADN fut pratiqué sur le jeune homme comme sur sa présumée mère. Le résultat tomba quelques jours plus tard : « à 99% de probabilité », la vieille femme était bien la mère de Li Jingwei !

Entre mère et fils, les retrouvailles émotionnelles eurent lieu le 1er janvier 2022 – Jingwei, son épouse et leurs enfants avaient rejoint Zhaotong par avion via Kunming, sur invitation d’un ministère de la Sécurité publique toujours en quête de popularité médiatique. Sous les caméras de la CCTV, la vieille maman en pleurs chevrotait : « c’est mon bébé, enfin retrouvé », tandis que lui s’écriait : « même sans ADN, je l’aurais reconnue. J’ai tout d’elle, le front, la bouche, les yeux … ». Pour le peuple, c’était la bonne nouvelle du début d’année, lui faisant oublier un instant les affres de la Covid.

L’histoire ne dit pas ce qu’en pensa la famille d’accueil, celle ayant commandité le rapt. Elle devait être mitigée. Même si elle sauvait l’essentiel – la justice ayant décidé de ne pas la poursuivre pour kidnapping, étant donné l’éducation sans faute reçue par le garçon sous leur toit – la famille allait devoir vivre le reste de son existence sous une image dégradée, celle de kidnappeurs sans scrupules.

Enfin, pour notre compte, sans aucun doute, le détail qui passera à la postérité restera ce plan du village qui permit de le localiser au fin fond du pays. Un plan naïf recomposé par Li Jingwei, sur la base de ses souvenirs d’enfant de 4 ans soudainement arraché à son univers d’enfance !


Rendez-vous : Semaines du 24 janvier au 20 mars 2022
Semaines du 24 janvier au 20 mars 2022

1er février : Nouvel An chinois. Dans toute la Chine, les festivités du Nouvel an lunaire célèbreront l’entrée dans l’année du Tigre (d’ Eau) qui commencera le 1er février 2022 pour se terminer le soir du 21 janvier 2023.

31 janvier- 6 février : Congés du Nouvel An chinois.

4 au 20 février : Jeux Olympiques d’hiver, à Pékin, Yanqing et Zhangjiakou (Hebei). Sur invitation seulement.

19 au 21 février, Canton : SRE – GUANGZHOU INTERNATIONAL SMART RETAIL EXPO 2022.

21-23 février, Shanghai : SIOF – CHINA (SHANGHAI) INTERNATIONAL OPTICS FAIR 2022.

23-25 février: Shanghai : CHINA LICENSING EXPO 2022.

3-5 mars, Guangzhou : SIAF GUANGZHOU 2022, Salon international pour l’automatisation des procédés, EN LIGNE

4 au 13 mars : Jeux Paralympiques d’hiver, à Pékin et Zhangjiakou (Hebei). Sur invitation seulement.

6-8 mars, Shanghai : CAFEEX SHANGHAI 2022, Salon international du thé, du café et des boissons en Chine

8-11 mars, Jinan : JINAN INTERNATIONAL INDUSTRIAL AUTOMATION 2022, Salon chinois international des technologies d’automation industrielle et de contrôle.

17-19 mars: Shanghai : CHINASHOP – CHINA RETAIL TRADE FAIR 2022, Salon dédié aux technologies de pointe et aux nouvelles solutions pour le commerce de détail.

19 mars, Pékin : CIEET 2022, Salon chinois international de l’éducation, EN LIGNE