Politique : Trump ou Biden : pour qui vote Pékin ?

Trump ou Biden : pour qui vote Pékin ?

« Trump ou Biden » ? « Cela m’est égal », répondrait la Chine si la question lui était posée. C’est en tout cas ce que les agences de renseignement américaines et divers experts de la relation sino-US avancent, à un peu moins de quatre mois de la présidentielle.

Nul doute cependant, que le 1er débat télévisé entre Joe Biden et Donald Trump le 27 juin a été suivi avec attention à Zhongnanhai. Lors de la rencontre de 90 minutes, l’actuel président américain a peiné à s’exprimer, butant sur les mots et perdant le fil de sa pensée, ce qui a déclenché un vent de panique au sein de son parti. Certains démocrates doutent à présent de la capacité de Biden à l’emporter, tandis qu’une écrasante majorité d’Américains ne le jugent pas capable de gouverner quatre ans de plus en cas de victoire…

La perspective du retour de Trump à la Maison Blanche n’a pas de quoi réjouir Pékin, qui s’attend à être à nouveau la cible de déclarations provocatrices et de politiques imprévisibles s’il est réélu. D’ailleurs, durant sa campagne, le candidat républicain a déjà fait planer l’idée de taxer tous les produits chinois à hauteur de 60%, suggérant ainsi qu’il serait prêt à reprendre et à intensifier sa « guerre commerciale » avec la Chine, quoiqu’elle ait déjà coûté environ 195 milliards de $ aux Américains depuis 2018, selon l’American Action Forum, un think-tank conservateur.

Le côté positif pour la Chine est qu’une seconde présidence Trump pourrait venir affaiblir les liens de Washington avec ses alliés et donc ouvrir de nouvelles opportunités pour Pékin. Pour mémoire, Trump avait plus ou moins réussi à se mettre à dos les Européens durant son mandat. L’auteur de « The art of the deal » est également connu pour son côté transactionnel : il serait donc peut-être plus enclin à céder sur des dossiers considérés comme sensibles pour la Chine (exemple : Taïwan) en échange de concessions commerciales de la part de Pékin.

La perspective d’un second mandat de M. Biden (surnommé « roi du sommeil » 睡王 par les internautes chinois tandis que Trump écope du surnom de « bâtisseur de la nation » 川建国), n’a pas non plus grand-chose pour plaire à Pékin. En effet, ce dernier a œuvré sans relâche ces dernières années pour réparer les alliances mises à mal par Trump et en créer d’autres (Aukus, Japon-Corée du Sud..). En outre, le démocrate a maintenu les restrictions technologiques visant certaines entreprises chinoises et les tarifs douaniers instaurés sous Trump. Il est même venu frapper en mai dernier les véhicules électriques « made in China » de droits de douanes de 100% (au lieu de 25%)…

Seul terrain d’entente avec Biden : un désir partagé de stabiliser la relation et de poursuivre la collaboration bilatérale dans certains domaines.

Gao Zhikai, ancien traducteur de Deng Xiaoping, résume ainsi la situation : « Biden est perçu comme un guerrier de la guerre froide, qui se fiche bien de pousser le monde entier vers le conflit, tandis que Trump imposera probablement des sanctions et des droits de douane à la Chine dans la poursuite de son programme ‘America first’ ».

Au final, le leadership chinois est convaincu d’une chose : peu importe qui sera le gagnant de l’élection présidentielle, cela ne changera pas l’orientation des États-Unis vis-à-vis de la Chine, l’esprit de compétition stratégique étant durablement installé.

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