Editorial : Diplomatie – Xi Jinping mise sur le Proche-Orient

Diplomatie – Xi Jinping mise sur le Proche-Orient

Traders Protest Against China In The Western Indian City Of Ahmedabad On May 3, 2013. They Were Demanding The Withdrawal Of Chinese Soldiers Who Set Up Camp In A Remote Territory In The Himalayas That Is ClaimedRemue-ménage diplomatique en Chine cette semaine, avec profusion de visites et de prises de position : Est-ce par hasard si Binyamin  Netanyahu, 1er ministre d’Israël, venait (5 mai) à Shanghai et Pékin, 24h après que son armée Tsahal ait tiré deux salves de missiles sur la Syrie ? 

Visite officielle mais aussi un moyen habile d’assourdir la critique chinoise qui devait suivre, inévitable. De fait, Pékin s’est contenté de « gronder » ce partenaire irremplaçable (8 milliards de $ d’échanges en 2012), fournisseur high-tech en technologies hydrauliques et militaires. 

Entre ces pays, les échanges vont bien : en 2011, pour 2,5 milliards $, Fosun (Shanghai) acquérait 60% du producteur d’engrais Makteshim Agan, et Netanyahu attend l’aide de Pékin dans son projet ferroviaire de « canal de Suez bis », Méditerranée-Eilat (Mer Rouge).
Pas par hasard en tout cas, arrive simultanément (04/05) M. Abbas, tête de l’autorité palestinienne

Reçu en chef d’Etat, il se voit offrir quelques chantiers d’équipement et surtout, un plan de paix en 4 points avec l’ennemi israélien :
1 –  un Etat palestinien dans les frontières de 1967 (capitale Jérusalem-Est) ; ‚
2 – la fin du blocus de Gaza ; ƒ
3 – celle des colonies en Cisjordanie ; „
4 – des garanties internationales. 

Discrètement, Pékin murmurait que si Abbas et Netanyahu voulaient se parler, sur son sol-terrain neutre, il serait ravi d’arranger la chose. Comme il fallait s’y attendre, l’entrevue n’a pas eu lieu. Mais Xi Jinping a jeté tout son poids dans la balance auprès de chaque leader, pour qu’ils reprennent les pourparlers « dans le respect mutuel, au plus vite ». Ainsi la Chine prétend s’ajouter à la liste des actuels parrains-courtiers de la paix future (USA, UE, Russie, ONU).

Entretemps, la relation avec l’Inde connaît un revers. Le 15/03 au Ladakh, région sous contrôle chinois revendiquée par l’ Inde, 30 soldats de l’APL se posent en hélicoptère 19 km derrière la « ligne de contrôle réel » (LAC) sur un no man’s land. L’incursion provoque un tollé à Delhi, dont le Ministre des Affaires Etrangères, S. Khurshid, menaçait de renoncer à sa visite du 09/05 à Pékin, conçue pour préparer celle du 1er ministre Li Keqiang à Delhi (20/05). 

Finalement les Chinois se retirent, après avoir obtenu le dynamitage de deux casemates indiennes – objectif atteint, côté chinois, qui voulait faire entendre à Delhi l’urgence de régler ce litige. Le souhait de Pékin, mais que les ultras conservateurs indiens rejettent encore, est l’octroi à chaque camp des arpents de neige déjà sous son contrôle, Ladakh pour Pékin, Arunachal Pradesh pour Delhi. 

En attendant, entre ces peuples séparés depuis toujours par la chaîne de l’Himalaya, subitement mis face-à-face au XXI. siècle par la mondialisation, le chemin de la normalisation est moins parsemé de pétales de roses que de méfiance et de préjugés ! 
Les difficultés ne se cantonnent pas qu’à l’Inde : l’Europe vient à son tour de sanctionner la trop vive pénétration de son marché par les panneaux solaires chinois, et Washington vient de décevoir l’espoir de Xi Jinping d’ouvrir des négociations d’approfondissement de la relation tous azimuts. 

La Chine devra d’abord freiner sa course aux armements, son expansion maritime au détriment de ses voisins, et son cyber espionnage des sites américains. De même, avec le Japon, Xi doit reporter à moyen terme, les espoirs qu’il avait placé en nommant deux bons connaisseurs du Japon (Wang Yi et Yang Jiechi) pour gérer cette relation, la plus importante pour lui. Xi se trouve face à un choix impossible : sa diplomatie ou ses militaires. 

Tout cela motive l’offre de paix au Proche-Orient. Face à l’Inde, aux USA, au Japon et à l’UE, Xi ne peut pas (à court terme) changer les relations héritées d’hier. Mais il peut ouvrir un nouveau front diplomatique. C’est un pari sur l’avenir. Avec ses bonnes relations dans chaque camp et sa puissance de feu commerciale et financière, Pékin pourrait à long terme espérer « acheter » de part et d’autre des concessions mutuelles, douloureuses mais obligatoires.

Légende : Manifestants indiens dans la ville d’Ahmedabad le 3 mai, demandant le retrait de l’armée chinoise.

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