Temps fort : Au G20—la Chine, au trône de leader, et au banc des accusés

Au G20 de Séoul, les 12-13/11, la Chine de Hu Jintao monta en puissance, face à des Etats-Unis en recul d’influence.

Et si ce sommet des chefs d’Etats n’a pu (comme on s’y attendait) s’entendre sur du concret, c’est que son collège, refusant de suivre B. Obama, n’a pas souhaité accuser Pékin et sa politique de «sous-évaluation concurrentielle». Et faute de s’entendre sur une discipline mondiale des taux d’intérêt et des balances des comptes courants, les conditions ne furent pas réunies pour éliminer toute chance de guerre monétaire future. Les 20 leaders se bornant à l’énoncé de principes vagues sans moyens pour les appliquer.

Il faut dire que les USA s’étaient mis dans un mauvais cas en lançant peu de jours avant l’émission de 600MM$ de dette nouvelle (stimulus de leur économie), dont l’Asie redoutait les contrecoups sur leurs marchés. Aussi la sombre conclusion de Hu, critique larvée à Washington, était fort écoutée vendredi soir : «nous voyons des marchés financiers volatiles, des fluctuations trop larges, des matières 1ères trop chères, et un clair retour du protectionnisme ».

Quelques jours plus tôt, Pékin venait de gagner une 1ère bataille, empochant un renforcement de ses voix au FMI à 6,4% ce qui la poussait au 3ème rang des décideurs, derrière USA (17,4%) et Japon (6,5%). Enfin, quoique tous les pays soient demandeurs d’une stabilisation des marchés des devises et des matières 1ères, aucun accommodement n’était possible, entre ceux émergents qui profitent d’une liberté totale de manoeuvre monétaire, et d’autres comme Europe ou USA, en demande de discipline monétaire.

Hu Jintao était pourtant arrivé au G20, précédé de mauvais chiffres : une inflation forte (+4,4% en octobre), un surplus commercial galopant (+27MM$), des prêts bancaires hors contrôle (587MM¥, dépassant de 20% les prévisions) et des centaines de milliards de US$ réfugiés sur son sol, spéculant à la hausse du yuan. A la foire de Canton, les industriels chinois retenaient leurs ventes de jouets de Noël, anticipant une hausse du yuan qui mangerait leur marge. Pékin venait donc de renforcer pour la énième fois ses mesures : hausse des réserves bancaires obligatoires (+0,5%), hausse par à-coups du yuan (+2,2% depuis juin). Et surtout la suggestion d’une hausse plus forte à l’avenir, « 3 à 5% » pour Li Daokui, (BPdC), « 5 à 6% » pour Li Jian (ministère du commerce) : comme pour préparer l’opinion.

Pour s’assurer contre une mise en accusation au G20, le régime socialiste maintenait depuis huit jours son battage critique contre le second plan de stimulus US. Campagne « écran de fumée », mais traduisant aussi une exaspération générale de voir l’Amérique « exporter son inflation » à coup de planche à billet. Hu avait aussi et surtout orchestré son spectaculaire rapprochement sélectif de quelques pays de l’Union Européenne (France, Portugal, voire R.U., cf p.3).

La France, dont le Président Sarkozy prend justement la présidence du G20 en 2011, elle a pour ambition d’aboutir là où les Coréens patinent : arracher cette refonte de la finance mondiale, abandonnant le mécanisme de Bretton Woods vieux de 65 ans, pour doter ces flux boursiers ou capitalistes de règles communes, avec mécanisme d’intervention accru pour le FMI et rôle supérieur au yuan.

A Nice la semaine précédente, Sarkozy s’était concerté avec Hu Jintao -le premier rendez-vous d’une longue série l’an prochain était déjà convenu, pour janvier en Chine, entre les 20 ministres des Finances. Gregory Chin, professeur canadien entrevoyait déjà ainsi la tendance dominante à Séoul : «le G20 dérive, quittant le consensus de Washington !»

 

 

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