Editorial : 4ème Plenum : un ressort se grippe

L’issue du Quatrième Plénum, à Pékin du 15 au 18/09, prouve combien le monde (chinois ou étranger) sait peu de l’univers confiné du Parti communiste chinois (PCC), hormis le fait qu’il est traversé de luttes internes.

De ce rendez-vous, la majorité attendait la confirmation de l’intronisation donnée à Xi Jinping depuis deux ans comme successeur en 2012 de Hu Jintao. Xi aurait du être nommé n°2 de la Commission militaire centrale, c’est à dire de l’armée. Or, Xi n’a pas reçu cette promotion.

Les 370 participants au Plénum (y compris les 170 suppléants) étaient aussi supposés prendre des mesures fortes pour améliorer la démocratie interne, tant pour lutter contre la corruption qui dévore le PCC de l’intérieur, que pour combler les attentes des petits cadres, de la bourgeoisie montante et des communautés de la base, dans l’organisation de leur propre vie. Des élections internes étaient tambourinées par la presse depuis deux semaines : elles sont passées à la trappe.

Que s’est il passé? Force est de constater que Xi Jinping n’est pas l’homme de Hu Jintao, dont le dauphin désigné est Li Keqiang. Hu Jintao est au faîte de sa gloire, ayant su maîtriser trois pandémies (SRAS, H5N1 et H1N1), deux insurrections ethniques, une récession mondiale, tout en renforçant la présence de la Chine dans le monde. Tout cela, Hu l’a fait sans rien concéder du monopole du pouvoir: rien à présent ne le force à le faire, ni sur la réforme politique, ni sur sa succession.

Le problème, est que le mécanisme de succession créé par Deng Xiaoping au début des années ’90, est remis en cause. Hu Jintao lui-même avait été choisi par Deng Xiaoping, comme successeur à Jiang Zemin, qui en 10 ans, n’avait pas pu l’évincer au profit de son bras droit Zeng Qinghong. Mais à présent, un Xi Jinping non promu, redonne des chances à son rival Li Keqiang.

En fait, un dernier bruit de couloir aurait pu préfigurer cet échec du Plénum : Xi Jinping aurait tenté de démissionner, et le Bureau Politique aurait refusé. Xi aurait aussi dit ses craintes, vis-à-vis d’une politique de crédit illimité, craignant d’altérer les chances du pays de rembourser ces dettes. Xi Jinping, sur ce point, était en désaccord avec le régime.

En tout cas, concernant Hu Jintao, deux conclusions sont plausibles : [1] Pas plus que depuis 2003, Hu ne veut en 2009 prendre le risque d’entamer la réforme politique. [2] Porté par ses succès, il peut croire le moment opportun pour tenter de réussir, là où un Jiang Zemin a échoué. Avec un aléas considérable : Xi Jinping a obtenu en 2007 la majorité au bureau politique, et il est le leader du groupe des « petits princes », fils comme lui-même des leaders historiques. En cas de blocus dans sa course au pouvoir, Xi Jinping pourrait lancer sa faction contre celle de Hu Jintao, de la Ligue des jeunesses communistes. Avec pour conséquence, un affaiblissement visible de la « société harmonieuse », prônée par Hu.

 

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