A 90 jours de Copenhague et de son sommet COP15 contre le réchauffement global, le dialogue s’amplifie avec la Chine – comme pour porter le débat sur la place publique.
[1] Zou Ji, de l’université de Renda, publie son projet «cool China», sur les coûts d’une maîtrise future des émissions de Gaz à effet de serre en Chine. Selon son équipe, le grand nettoyage coûterait 284MM$/an de 2030 à 2050, et 508MM$/an ensuite. Soit (en 2030) 7,5% du PIB, moyennant l’usage de 62 techniques « clé » de la réduction de l’empreinte carbone. Conclusion: pour l’affaiblissement de la courbe de hausse, la Chine pourra faire seule. Pour la maîtrise proprement dite, l’aide étrangère sera indispensable.
[2] De leur côté, Fan Gang, Su Ming et Cao Jing, économistes officiels envisagent la pollution aérienne de 1950 à 2005 et en tirent un tableau par pays des droits à polluer. Sans grande surprise, les USA sont en tête, suivi des 27 de l’Union Européenne tandis que la Chine a peu de contraintes et l’Inde aucune. Considérant que la pollution chinoise est surtout vouée à l’export (ce qui, aujourd’hui, est de moins en moins vrai), ils en déduisent que les nations riches devraient choisir entre vivre sur un plus petit pied, ou payer pour la pollution qu’elles génèrent hors frontière. Cette théorie fait sonner l’alarme chez des observateurs tel le professeur Wing Thye Woo (UCLA), qui rappelle que l’objectif du COP15 « n’est pas de distribuer les responsabilités morales pour les émissions de CO², mais de les réduire». Toutefois cette thèse extrême a aussi le mérite de prédire ce que peut faire le COP15, selon M.A Levi, expert : «renforcer les coupes d’émissions des pays riches, et aider les PVD à réconcilier leur travail environnemental à d’autres qui leur tiennent autant à coeur : croissance, sécurité, santé ». Toute tentative d’un bord pour forcer l’autre à des mesures auxquels il n’est pas prêt, est une recette pour l’échec.
[3] La Chine, qui générera d’ici 11 ans 63% de la hausse mondiale de Gaz à effet de serre (elle-même de plus de 50%), contre 10% à l’Inde, doit s’attendre à se trouver à Copenhague le plus sur la sellette. Or, voici une méthode qui pourrait lui permettre, le jour «J», de rassurer et satisfaire tout le monde sans bourse délier, en offrant de rendre «contraignant», sous l’égide de la structure mondiale, son plan de lutte nationale existant, à savoir 15% de son énergie renouvelable, et d’augmenter son efficacité énergétique de 4%/an d’ici 2020. Ce « tour de passe-passe » ne sort pas de l’imagination du journaliste, mais est suggéré ces jours-ci à la Chine qui y réfléchit, conditionnellement bien sûr, à la capacité des USA de fournir une offre ferme d’ici décembre, et aux Occidentaux, de s’engager à l’avenir aux nécessaires transferts de technologie, à la Chine, et aux autres pays en voie de développement.
Sommaire N° 28