Le Vent de la Chine Numéro 28

du 6 au 12 septembre 2009

Editorial : Nouvelles donnes nippone et birmane

Que la bataille de Kokang, en Birmanie, trouve sa place dans notre éditorial, ne surprendra guère. Les Kokang sont des Chinois ethniques en Birmanie depuis le XVII.s, en lutte (comme 16 autres clans et 40% de cette population de 56M d’âmes) contre la Junte du pouvoir central. Ce dernier veut réunifier le territoire, avant les élections de 2010, afin de ne pas céder à l’opposition cet argument critique. Au terme du plan de paix, les 17 minorités étaient supposées incorporer leurs troupes à un corps de garde-frontières : elles refusent, par manque de confiance. La junte a choisi de rompre 20 ans de cessez-le-feu pour soumettre une à une ces régions rebelles.

Mieux armées et entraînées, les troupes gouvernementales ont fait sauter en quelques jours l’enclave de Kokang, forçant des villages entiers à se replier vers la Chine, qui était préparée mais bien embarrassée. Quelques heures après la prise de Lugai (capitale de Kokang), s’étalait en face, à Nansan (Yunnan) un village de toile pour accueillir 37.000 réfugiés. Exprimant l’évident désir de ne pas laisser la situation s’éterniser, le pouvoir socialiste faisait le black-out sur toute nouvelle de presse, et démontait ce camp de réfugiés après deux jours. En même temps, il manifestait aussi son impatience envers son petit voisin, l’enjoignant le 29/08 de « traiter correctement ses problèmes domestiques et préserver la stabilité frontalière ». Pékin s’estimait bien mal payé de ses efforts, après avoir protégé durant des décennies le Myanmar (nom actuel du pays) de toute sanction internationale, en échange d’un large accès à son pétrole, ses ressources minérales et à sa façade maritime. Ce qui l’inquiète, est moins le sort de ses frères Kokang, que la résistance que vont livrer d’autres ethnies rebelles, comme les Sha ou les Karen, plus puissants et mieux armés. A l’évidence, ce conflit aux portes de la Chine ne fait que débuter. Ce que Pékin risque dans cette « galère », est rien de moins que le succès d’un de ses plus ambitieux projets pour assurer son autonomie pétrolière : l’oléoduc Shwe-Kunming, 1400km et des milliards de US$, contournant le détroit de Malacca et ses risques de blocus maritime.

Nouvelle donne aussi face au Japon, dont les dernières élections viennent de faire chuter (31/08) un mouvement libéral démocrate (LDP) usé par un demi-siècle de pouvoir, relayé par la formation plus socialiste du Parti Démocratique (PDJ). Pékin doit-il craindre la contagion d’un vieux pouvoir balayé par des élections? Non, car le PDJ hérite d’un Japon épuisé par la crise et les scandales, et d’autre part car ces deux Partis centristes sont si proches, aux élus changeant de bord constamment, qu’on parle à l’avenir d’une fusion des deux formations. Futur 1er ministre, Yuko Hatoyama est pour le Parti communiste chinois une énigme, un illustre inconnu. Par contre, son grand-père, déjà aux affaires 50 ans en arrière, avait été l’auteur d’une « main tendue » à toute l’Asie, ce qui peut susciter aujourd’hui chez lui une nouvelle vocation d’action vers la Chine. Mais avec une opinion intérieure à 70% hostile à la Chine (et réciproquement, d’ailleurs), de quelle marge de manoeuvre disposera-t-il ? Entre ces deux géants de l’Asie, toutes les relations politiques sont à recommencer. Seul « bon point » dans sa besace, Hatoyama a déjà promis d’éviter les visites au scandaleux sanctuaire de Yasukuni : c’est peu, mais mieux que rien !

 

 

 


A la loupe : Vers un RMB, monnaie mondiale

Tout pays autoritaire, à l’économie tournée vers l’export, dispose, pour placer ses recettes, de peu de voies : hausser les salaires, investir, épargner ou prêter. Mais les trois premières sont limitées par le souci de retarder l’émergence d’une bourgeoisie, la crainte de gaspillage et de détournements, et la pression à la réévaluation. Dès lors, seul reste le prêt, et Pékin se retrouve premier financier des USA, et de bien d’autres Etats, organes ou groupes mondiaux, tel Canary Warf, développement londonien de luxe, que la China Investment Corporation (CIC) s’apprête à refinancer. Il en résulte, pour la « monnaie du peuple » (人民币, renminbi) une mue accélérée, vers un rôle mondial, que l’Etat veut à présent accompagner.

Déjà responsable du dialogue éco stratégique avec les USA, le vice Premier Wang Qishan, reçoit la charge d’une force spéciale de six agences ou ministères, destinée à faire du RMB une devise forte. Il est en cela assisté de Mme Hu Xiaolian (n°2 à la BPdC, la Banque centrale). Fidèle à son style, le pouvoir choisit d’agir « par la bande », via Hong Kong et Macao. Déjà depuis décembre, les deux Régions administratives spéciales peuvent payer en Yuan leurs commandes à Canton et dans le delta du Yangtzé, et depuis avril, réciproquement. Ce trafic qui couvre bien sûr des échanges vers le monde entier, se montait l’an dernier à 203MM$. La Chine a aussi multiplié des accords de swap avec des pays d’Afrique et d’Asie pour 100MM$, réserves en monnaies nationales destinées à combattre la spéculation. C’est aussi dans ce cadre que la Banque centrale vient de prêter (3/09) la contre-valeur de 50MM$ en Yuan au Fonds monétaire international (FMI), qui reprêtera aux Etats, soit en dollars, soit en Yuan.

Autre initiative : le lancement, qu’on dit imminent après 10 ans de tâtonnement, du GEB, (Growth Enterprise Board), l’équivalent chinois, cis à Shenzhen, du Nasdaq de New York. Parmi les 22 premiers candidats (sur une liste de 104) pourraient figurer Hexin, Greatwise et China Finance Online, trois fournisseurs de services et de logiciels boursiers en ligne, aux dizaines de millions d’usagers privés et pour le seul Hexin, 95 maisons de courtage abonnées à son réseau Tong Hua Shun d’échanges de titres. A noter qu’environ un tiers des candidats sont d’avance cofinancés par du capital privé (venture capital). Un autre intérêt de ce lancement, passé la fête nationale serait, après quelques mois de test, d’autoriser l’échange des valeurs du GEB en bourse de Hong Kong, voire de Londres et de New York, renforçant ainsi la présence mondiale du Yuan. Question : l’engouement pour ce lancement bien préparé et aux valeurs choisies, tiendra-t-il la route, en forme de « V » de la victoire, ou bien rechutera en «  W  » -vieux jeu de mots chinois de « da bu liao » (打不了, «un coup pour rien »). Mais la même question mérite d’être posée sur toute la reprise chinoise : le pouvoir y répondra en lançant ou non, à la date pressentie, sa nouvelle bourse des valeurs.

 

 


Joint-venture : Apple bondit hors de la boite

Apple bondit hors de la boite

Un an après la sortie du téléphone «3G», les trois opérateurs voient sur leur chemin deux obstacles inattendus: l’absence d’un appareil attractif, et d’une jungle d’applications. China Mobile vient de sortir sa propre galerie virtuelle, mais celle-ci tarde à décoller, vu les problèmes de facturation (la répartition des recettes entre auteur de l’application et l’opérateur), l’hébergement d’applications pirates, et l’obstacle de la familiarisation pour l’usager.

Apple, lui, caracole. Il s’apprête à vendre ses appareils Iphone via Unicom -jusqu’à 3M sous 18 mois. Déconvenue : ni China Unicom, ni China Mobile ni China Telecom n’ont accepté de cofinancer sa galerie Itunes qui concurrence leurs propres boutiques. Aussi les Iphones de chez Unicom n’auront pas le service Wifi, un des fleurons de cet appareil. On prête à Apple le projet de vendre en Chine directement ses Iphones au prix fort, offrant le service complet (Itunes, Wifi), via les centaines de boutiques Dixin Tong. Steve Jobs son patron croit l’usager chinois prêt à payer le vrai prix, pour le vrai service.

 

 


A la loupe : Réchauffement global : l’éveil chinois

A 90 jours de Copenhague et de son sommet COP15 contre le réchauffement global, le dialogue s’amplifie avec la Chine – comme pour porter le débat sur la place publique.

[1] Zou Ji, de l’université de Renda, publie son projet «cool China», sur les coûts d’une maîtrise future des émissions de Gaz à effet de serre en Chine. Selon son équipe, le grand nettoyage coûterait 284MM$/an de 2030 à 2050, et 508MM$/an ensuite. Soit (en 2030) 7,5% du PIB, moyennant l’usage de 62 techniques « clé » de la réduction de l’empreinte carbone. Conclusion: pour l’affaiblissement de la courbe de hausse, la Chine pourra faire seule. Pour la maîtrise proprement dite, l’aide étrangère sera indispensable.

[2] De leur côté, Fan Gang, Su Ming et Cao Jing, économistes officiels envisagent la pollution aérienne de 1950 à 2005 et en tirent un tableau par pays des droits à polluer. Sans grande surprise, les USA sont en tête, suivi des 27 de l’Union Européenne tandis que la Chine a peu de contraintes et l’Inde aucune. Considérant que la pollution chinoise est surtout vouée à l’export (ce qui, aujourd’hui, est de moins en moins vrai), ils en déduisent que les nations riches devraient choisir entre vivre sur un plus petit pied, ou payer pour la pollution qu’elles génèrent hors frontière. Cette théorie fait sonner l’alarme chez des observateurs tel le professeur Wing Thye Woo (UCLA), qui rappelle que l’objectif du COP15 « n’est pas de distribuer les responsabilités morales pour les émissions de CO², mais de les réduire». Toutefois cette thèse extrême a aussi le mérite de prédire ce que peut faire le COP15, selon M.A Levi, expert : «renforcer les coupes d’émissions des pays riches, et aider les PVD à réconcilier leur travail environnemental à d’autres qui leur tiennent autant à coeur : croissance, sécurité, santé ». Toute tentative d’un bord pour forcer l’autre à des mesures auxquels il n’est pas prêt, est une recette pour l’échec.

[3] La Chine, qui générera d’ici 11 ans 63% de la hausse mondiale de Gaz à effet de serre (elle-même de plus de 50%), contre 10% à l’Inde, doit s’attendre à se trouver à Copenhague le plus sur la sellette. Or, voici une méthode qui pourrait lui permettre, le jour «J», de rassurer et satisfaire tout le monde sans bourse délier, en offrant de rendre «contraignant», sous l’égide de la structure mondiale, son plan de lutte nationale existant, à savoir 15% de son énergie renouvelable, et d’augmenter son efficacité énergétique de 4%/an d’ici 2020. Ce « tour de passe-passe » ne sort pas de l’imagination du journaliste, mais est suggéré ces jours-ci à la Chine qui y réfléchit, conditionnellement bien sûr, à la capacité des USA de fournir une offre ferme d’ici décembre, et aux Occidentaux, de s’engager à l’avenir aux nécessaires transferts de technologie, à la Chine, et aux autres pays en voie de développement.

 

 


Pol : Les troubles d’Urumqi au Xinjiang

Les troubles d’Urumqi

Les 3 et 4/09, Urumqi (Xinjiang) fut revisité par des violences ethniques, pour la seconde fois en deux mois. Le 4 juillet, les Ouighours s’étaient révoltés, tuant près de 200 Hans au cours d’émeutes brèves mais sanglantes. La semaine passée, c’était au tour des Han de descendre dans la rue pour dénoncer une mystérieuse vague d’attaques à la seringue : 531 personnes, presque toutes han piquées dans la rue étaient traitées dans les hôpitaux de la ville -attaques « psychologiques », sans empoisonnement consécutif. Face à des milliers de soldats tirant des grenades lacrymogènes, 30.000 marcheurs furieux réclamaient la démission de Wang Lequan, le Secrétaire provincial du Parti, et le maire annonçait 14 blessés et 5 morts. A travers la Chine, ces incidents font forte impression, à moins d’un mois du 60ème anniversaire du régime, supposé chanter le triomphe de l’harmonie sociale et de la fraternité ethnique. Ce qu’elles montrent davantage, est l’échec d’une politique d’assimilation des minorités sans concertation avec elles, et -jusqu’à présent- l’absence d’alternative.

 

 


Temps fort : France-Chine : le réchauffement inévitable

Entre Paris et Pékin, quoique la crise majeure suite à la rencontre Sarkozy – Dalai Lama de décembre 2008 soit épurée depuis avril 2009, le climat restait toujours froid en juillet, le report d’une visite du 1er ministre François Fillon envisagée au 26/09, en était un indice.

Mais du 1er au 3/09, la visite pékinoise de Jean-David Levitte, conseiller du Président, se déroula sous une tonalité chaleureuse et détendue, permettant de constater le retour de la machine « sur ses rails ». Un agenda fut établi, fixant dès mi-septembre une rencontre des chefs d’Etat à New York en marge de la plénière de l’ONU, mandant à Pékin Christine Lagarde et Jean-Louis Borloo, ministres de l’économie et de l’environnement, ce dernier, pour préparer avec la Chine le Sommet de Copenhague. Fr. Fillon sera pékinois mi-déc., et Hu Jintao et Sarkozy échangeront des visites d’Etat en 2010. Idem pour les coopérations bilatérales en matière spatiale, médicale ou urbanistique par exemple, qui prennent un coup de fouet, soucieuses de rattraper les mois perdus.

Qu’est ce qui a permis aux deux pays de tourner la page? Selon Xinhua, la volonté commune «de donner à la relation une dimension stratégique». Une interprétation : une série de sommets approchent, tels le G20 de Pittsburgh, le COP15 de Copenhague, l’Assemblée Générale de l’ONU à New York, qui doivent redéfinir l’ordre international sous des angles climatiques, monétaires, de santé etc. Pour aboutir, ces Rendez-vous supposent des convergences. La Chine en ces enceintes, sera tantôt sur la défensive (COP15), tantôt sur l’offensive (G20), mais partout, elle médite un projet mondial à long terme, qui donne plus de voix au Tiers Monde. Autant dire que pour un temps, elle ne peut se permettre les brouilles diplomatiques avec les pays puissants !

Autre raison: la crise. Quoique confiante (en apparence) en sa sortie proche de cette crise, elle continue bel et bien à soutenir le pays par le denier public (ses Grandes entreprises d’Etat en tête), et ne voit pas de fin à l’érosion de ses exportations. Déjà l’Union Européenne, depuis l’été, vient d’ouvrir contre elle cinq enquêtes anti-dumping. De ce climat morose, un bon exemple réside dans le 9eme rapport de la Chambre de commerce Européenne en Chine (1/09) qui, tout en saluant quelques progrès réalisés par le pays dans le traitement des firmes expatriées, note un «frein graduel» voire un «demi-tour partiel» au processus d’ouverture économique. Les marchés publics demeurent chasse gardée des firmes locales. Dans l’équipement de parcs géants d’éoliennes, les leaders mondiaux dont trois européens se trouvent écartés d’appels d’offres soigneusement rédigés pour les éliminer d’entrée… Le 3/09, le Ministère du commerce réfutait, alléguant ses efforts sincères pour promouvoir un bon climat d’investissement étranger, notamment l’Europe avec qui le pays a échangé pour 160MM$ au 1er semestre 2009.

NB : Quelqu’en soit le bien fondé, le malaise des industriels est pour la Chine un souci majeur, pouvant justifier l’enterrement de vieux conflits avec tel ou tel pays ; par exemple, pour préparer mieux et plus vite une mission de prospection d’investissements et d’achats chinois en France, cet automne.

 

 

 


Petit Peuple : Yanshi : un hit parade bovin

Il y a un an à peine, Li Meimei, croyait sa vie ratée. Dans son Yanshi natal (en province du Henan), son existence avait pourtant débuté sous d’excellents auspices à la ferme de ses parents éleveurs métayers, une position assez prospère pour lui permettre d’étudier, et même de découvrir ce qui devait devenir la passion de sa vie: l’accordéon et le piano. A 15 ans, elle avait réussi son entrée au conservatoire de Luoyang, puis raflé durant trois ans les prix aux concours musicaux de la région. De tels succès lui avaient monté à la tête. En juin 2008, diplôme en poche, elle montait à Pékin, fleur de province, décidée à conquérir au pas de charge les TV, radios et salles de concert : la capitale lui déploierait le tapis rouge…

Mais n’est pas diva qui veut : le destin se chargea de le lui apprendre, et de la déniaiser. A peine débarquée sur le quai de la gare, ayant repéré son piano à bretelles, un individu l’aborda, se présenta comme imprésario et lui fit miroiter un emploi à 10.000yuans/mois dans un orchestre à bals. En contrepartie, elle devait juste lui verser ce même montant, comme frais d’intermédiaire. Bien naïve, elle lui avait spontanément allongé la somme, un tiers de son pécule. Après quoi l’homme avait disparu pour toujours dans la jungle urbaine.

La suite de son séjour fut à l’avenant. Être star à Luoyang, ne signifiait pas l’être à Pékin. Ici, faute d’être techniquement très au dessus des autres, ou fortement pistonnée, elle n’avait aucune chance. Meimei s’en rendit compte et quand sa bourse fut plate, s’en retourna chez papa-maman.

C’est alors que Mme la Chance daigna enfin lui sourire. Rabâchant son échec, depuis des mois, elle ne faisait plus que de la musique à la ferme. Or, voilà qu’un jour, le propriétaire des lieux et des vaches passa les voir, pour leur poser une bien étrange question : le père aurait-il changé l’alimentation du bétail ? Le volume de la traite accusait une hausse de volume anormale, et une poussée du taux de crème. Mais vraiment non. le père ne voyait pas…

Quelques jours après, alors que jouait Meimei devant l’étable, la lumière se fit en lui: dans les stalles, sous l’effet lénifiant de la mélodie, les vaches qu’il avait rentrées une demi heure plus tôt énervées par la chaleur et les taons, regagnaient leur calme et ruminaient avec bel appétit !

Les semaines suivantes père et fille firent des tests systématiques dans l’étable: avec ou sans musique, avec musique laiteuse ou bien saccadée -cette dernière provoquait la grève perlée des vaches, qui piaffaient de colère. Enfin, ils établirent leur théorie, confirmés par un agronome de l’université du Henan qui s’appuyait sur des études de l’Occident : la diffusion de certains airs, à certains moments, augmentait la traite de 5-10% en volume et la teneur en crème. Ils venaient de décrocher le jackpot, une « technique unique, pour bouffer tout le ciel » ( 一招鲜,吃遍天 yī zhāo xiān, chī biàn tiān)!

Quand ils le lui apprirent, le patron, sans sourciller, leur versa 2000¥/mois en échange des concerts quotidiens de Meimei, qui se mit en outre à dévorer tout ce que la Chine comptait d’ouvrages sur les habitudes du cheptel. Elle commença à constituer son hit-parade des ruminants, et leur composa même quelques mélodies, parmi lesquelles son tu-be indétrônable, le grand air du « miam-miam-Meuh». Depuis, tous les éleveurs du coin se pressent à sa porte pour obtenir à leur tour ses prestations.

Bien évidemment, un gros malin tenta de souffler l’idée, en jouant à ses laitières quelques airs à partir de CD. Mais après des succès initiaux, la traite retomba vite à sa moyenne précédente. La musique n’était pas tout, il fallait aussi maîtriser des paramètres plus subtils, tels l’heure de l’aubade, sa durée, sa fréquence.

Sûrs de leur exclusivité, Meimei et son père (qui a démissionné de son poste de métayer) préparent ensemble la facturation, les séminaires et services d’harmonie bovine. Depuis Pékin, des musiciens jasent aigrement des succès de la mélomane reconvertie dans la musique vachère. Elle les laisse aboyer : plutôt croque-notes bouseuse en Mercedes, que Paganini crève la faim dans l’enfer de la ville !

 

 


Rendez-vous : A Dalian, le World Economic Forum, le ‘Davos d’été’

3-7 sept. : Pékin, Salon international du livre

7-11 sept. : Changchun, Salon de l’agriculture

8-11 sept. : Foire de Xiamen et des investissements

9-13 sept. : Shanghai Art Fair

10-12 sept.: Dalian: World Economic Forum, “le Davos d’été”