L’internet-portable – c’est parti
Le 31/12, avec 8 ans de retard, le MII distribue 3 licences du tél. portable 3G, celui de l’internet à haut débit. Risque mais aussi chance : avec déjà 634M d’abonnés au portable sous technologie 2G, la nouvelle génération peut séduire (disent les optimistes) 150M d’usagers d’ici 2010 et valoir 0,5 à 1% de PIB. Pour créer son réseau et ouvrir son échoppe, chaque opérateur devra verser 8 à 10MM², sous 2 ans au plus tard, et d’ici 2011, le marché pourrait investir 240MM$, en équipements et services. Aussi pour amortir aux opérateurs: la filière locale TD-SCDMA à China Mobile, l’européenne WCDMA à Unicom, l’américaine CDMA 2000 à China Telecom. China Mobile a reçu son lot quelques mois à l’avance (merci, JO !), et il est le seul dispensé de licence à l’étranger. Pour autant, sa filière est un cadeau empoisonné : pour le dire tout rond, TD-SCDMA ne marche pas, et n’a qu’une poignée de services associés, contrairement aux deux autres.
Les 1ers vainqueurs seront les équipementiers. Datang, ZTE et Huawei, moins bons qu’Alcatel-Lucent, Siemens, Ericsson ou Nokia, mais qui jouissent de la préférence nationale. Sera-ce rentable? En tout cas, même avec leurs années d’avance en 3G, les pays riches n’ont pas encore trouvé la poule aux oeufs d’or !
Sanlu, à l’heure des vaches maigres
La date du 31/12/2008, pour le procès à Shijiazhuang du lait à la mélamine, était symbolique : soucieux de sauver une industrie en crise de confiance, et de restaurer sa propre image, l’Etat ne pouvait attendre 2009 pour lancer l’action judiciaire.
Sur les 60 arrêtés, 21 sont au box des accusés, autour du groupe Sanlu, en faillite, qui revendiquait le 2d rang mondial (en volume) du lait maternisé. Tian Wenjia, l’ex- Présidente qui plaide coupable d’avoir «produit, écoulé un produit frelaté», risque la peine de mort -comme Zheng Xiaoyu, ex-patron de l’Agence des médicaments et de l’alimentation exécuté en juillet 2007 pour avoir légalisé de faux antibiotiques. Avec ses co-inculpés, Tian se plaint d’être bouc émissaire, et réclame que les rejoignent, au banc infamant, des hauts fonctionnaires de la province du Hebei et des leaders des autres 21 firmes épinglées dans cette immense fraude. Les avocats préviennent que le procès pourrait durer des mois.
L’Etat a agi pour indemniser les 294.000 victimes. Les 22 firmes ont dû monter un fonds de 1,1MM¥ (161M$) : insuffisant face aux besoins, mais les taxer de plus aurait pu être fatal au secteur. Le Hebei dément la rumeur qui lui prête le versement de la cote part de Sanlu moyennant hypothèque sur son siège. Gestionnaire du fonds, China Life en verse 85% aux familles, à savoir 200.000¥ aux parents des 6 ou 7 enfants décédés, 30.000¥ aux familles devant assumer les frais d’une opération, et 2000¥ aux cas bénins. Le reste doit financer les soins ultérieurs, jusqu’à l’âge de 18 ans.
Quoique se voulant généreuse, l’offre publique passe mal dans les familles. Certaines affirment avoir dépensé bien plus en frais médicaux. D’autres accusent la justice et les forces de l’ordre d’avoir muselé leurs démarches pour porter plainte, pour manifester ou informer la presse. Elles réclament aussi un dialogue plutôt qu’une offre « à prendre ou à laisser ». On remarque ici, que c’est la 1ère fois que l’Etat s’investit dans un dédommagement de ce type. Mais qu’en même temps, les masses concernées réclament autre chose, de l’argent ET de la démocratie : signe de mutation.
Le dernier volet de cette triste affaire, reste inquiétant : en l’absence d’une justice indiscutable, comment, pour le secteur laitier, retrouver la confiance ? Au moment où Mme Tian comparaissait, les 22 laitiers émettaient en millions d’exemplaires un SMS d’excuses. Mais les 70% de consommateurs restés fidèles au lait, se tournent vers celui de Nouvelle Zélande, 25% moins cher, plus fiable… Voici donc un secteur en grand danger, qui ne s’en sortira pas sans d’autres mesures drastiques de l’Etat.
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