Une semaine chargée s’ouvre.
Discrètement, l’Etat tente de relancer l’économie pour compenser la chute de régime de l’après-JO et du séisme financier.
Pékin se mue en Babel diplomatique (24-25/ 10) : pour le sommet de l’ASEM (Asia-Europe Eco. Meeting), des dizaines de Présidents et ministres négocient ensemble un nouvel outil de défense du crédit, un autre contre le réchauffement global, voire, tenter de parachever la maturation de la ronde de l’OMC de Doha, « avant fin 2008 »…
En attendant, la Chine profonde est touchée par la crise : par ses réactions insolites, elle révèle qu’elle aussi, déboussolée, recherche le nord.
[1] A l’université de Wuhan, le séminaire du professeur Ma Wei fait salle comble: intitulé «architecture et fengshui» (风水), il entend rendre les logements plus «harmonieux». Contesté par la génération au pouvoir, taxé de superstition, le fengshui attire des jeunes architectes de moins de 30 ans, désireux de restaurer une tradition mise à mal par le modernisme à l’américaine, et désemparés par une crise de l’immobilier qui les frappera, à peine diplômés…
[2] Édile au Parlement du Jiangsu, suppléante au Comité Central des Jeunesses communistes, Yuan Jing, 22 ans, s’était présentée au concours de beauté de la chaîne hongkongaise TVB… Quoique arrivée n°2 aux présélections, elle doit à présent se retirer, car quand on fait carrière au parti communiste chinois, on ne se montre pas. Par son ingénuité, Yuan Jing voit en outre, sa carrière compromise!
[3] Un groupement de petits opérateurs pétroliers tente de traîner Sinopec et Petrochina en justice. Depuis le printemps, faisant la sourde oreille aux ordres du Conseil d’Etat, ces géants ont sciemment privé les 663 petits raffineurs de brut, les 45.064 stations services de carburant, causant la faillite des 2/3 des premiers, du 1/3 des seconds. Les indépendants ont pour eux la loi anti-monopole qui réprime depuis le 1/08 les barrières commerciales, mais Sinopec et Petrochina ont pour eux des pistons autres que ceux des moteurs à explosion -et le législateur les a expressément mis à l’abri de toute sanctions, au nom d’un autre principe (douteux) de droit: l’Etat socialiste ne s’attaque pas lui même. Les indépendants savent donc leur combat long, incertain, et en tout cas «pour l’honneur».
[4] A Shanghai le 1/07, Yang Jia, dans la fureur vengeresse de ses 28 ans, avait tué six policiers, qui l’avaient (quelques semaines plus tôt) tabassé, et faussement accusé de vol de bicyclette. Il vient d’être condamné à mort. Lors du procès en appel (14/10), il conteste non le jugement, mais la tentative par son avocat de le faire passer pour fou -les experts, et le juge, avant lui, ont déjà débouté cette ligne de défense: « ce sont les policiers qui avaient un grain », dit-il… Sous 15 jours, le 2d verdict tombera. Si, comme selon toute attente, la peine capitale demeure, la Cour suprême devra encore confirmer on non -gong ultime… Fait remarquable, hors du tribunal, quelques minutes, une dizaine de sympathisants ont manifesté, avec T-shirts à l’effigie de Yang. Ce qui démontre les progrès de l’opinion chinoise, sous l’angle de l’audace.
Sommaire N° 33