Pol : Eau : Tianjin tire son épingle de la mer

Nobel: la Chine épargnée, sinon médaillée

Mardi 8, 3 jours avant son octroi, Pékin avait murmuré du bout des lèvres son espoir que le Prix Nobel de la Paix aille à «la juste personne ». L’appel semble avoir été entendu « 5 sur 5 », puisque le 10/10, l’honneur revient à l’ex-Président finlandais Ahtisaari pour son travail de médiation dans le monde. Or durant la semaine, les noms les plus prononcés à Oslo étaient ceux de l’avocat Gao Zhisheng, 44 ans, défenseur de dissidents et fidèles du Falun Gong, et de Hu Jia, 35 ans, protestant, militant contre le sida. Tous deux en prison depuis 2007. Cette semaine aussi, la Chine avertissait – toujours discrètement- la Commission de Bruxelles de ne pas autoriser BHP-Billiton, le géant australien de la mine, à racheter son rival Rio Tinto—le gouvernement de Canberra venant de donner à l’opération projetée son propre feu vert.

Décodage : la Chine qui a toujours cherché à influencer l’étranger sur toute décision impliquant ses intérêts. Montant aujourd’hui en puissance à vitesse inattendue, elle y met aujourd’hui moins de complexes, et est plus écoutée !

Auto : deux pilules, un édulcorant…

Sous l’angle des transports urbains, les Jeux olympiques n’ont été pour Pékin qu’un laboratoire de méthodes pour nettoyer les écuries d’Augias de son trafic auto. Durant ces 6 semaines (JO + Paralympiques), 40% du parc ont dû rester au garage, selon leur plaque paire ou impaire. Mais de lundi 13 à avril, l’effort est réinstauré : les nunéros de plaque en « 1 » et « 6 » sont bannis lundi, ceux en « 2 » et « 7 » mardi etc. La mairie compte écrémer presque autant de voitures (0,8M/j) que lors des JO. Avant de lancer sa mesure, elle s’est prémunie par un sondage : 69% des usagers se sont dits satisfaits du résultat «JO». Cela dit, la mesure apparaît d’emblée comme un cache misère : 17% des sondés, en cas de réintroduction, se promettent de racheter une 2ème auto, et d’ici 2012, Pékin aura 5,4M, au lieu de ses 3,5M présentes… Aussi d’autres mesures sont étudiées au Centre de recherche sur le trafic pékinois, dirigé par M.Guo Jifu: le retour pur et simple du pair/impair, plus de voies pour bus, plus de lignes de métro, une vignette de centre-ville à certaines heures… Fait bizarre, Guo n’envisage pas, parmi ses mesures, la réhabilitation du vélo, ni la hausse du carburant. Pourtant, cette dernière est bien d’actualité, au 7/10, +4%, justifiée par le passage (07/10) des carburants à la pompe aux standards Euro IV, mesure anti-pollution. Comme par compensation, l’usager, ce même jour, reçoit le droit de personnaliser sa propre plaque —c’est un retour à une tentative éphémère qui avait eu lieu en 2002.

Que les lecteurs d’ailleurs en Chine ne s’y méprennent pas: ce harnachement de mesures barbares aux automobilistes n’est pas voué qu’à la capitale, mais l’avant-goût des lendemains pour tous. Et la hausse « anti-pollution » du pétrole n’est qu’un prétexte : la Chine se prépare bel et bien à s’aligner au cours mondial.

Eau : Tianjin tire son épingle de la mer

Prise en tenailles entre un Fleuve Jaune toujours plus sec sur son bas cours, une agriculture intensive et 15M d’habitants intra muros, Tianjin vit de façon aigue une contradiction bien connue ailleurs en Chine du Nord : comment alimenter en eau une industrie puissante, en univers semi-aride ? Pour son parc pétrochimique de Dagang, la solution s’appelle désalinisation, avec l’usine Newspring, d’une capacité de 100.000t d’eau douce/j (150.000t max), opérationnelle l’été prochain -la plus grande d’Asie. La technique et l’invest (81M²) reviennent à Hyflux, groupe expert singapourien qui a obtenu la concession pour 30 ans en mode « BOT ». Tianjin dispose déjà d’un petit outil de dessalage d’une capacité de 13500t/j. Mais la technique ne fait pas que des émules. On lui reproche son coût élevé, une forte demande en énergie, et le risque d’empoisonner un littoral déjà dégradé en rejetant au large de Tianjin, pour chaque litre d’eau douce un litre de saumure et de dépôts toxiques, pouvant éradiquer ce qui reste de la faune et la flore… Ce qui n’empêche la Chine de nourrir dans cette technologie contestée des projets volontaristes, prétendant dessaler 1Mt/j d’ici deux ans, le double 10 ans plus tard.

 

 

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