Le 27/04 vit l’arrivée aux affaires de quatre nouveaux ministres : Yang Jiechi, aux Affaires étrangères, Wan Gang (Sciences et technologies), Xu Shaoshi (Ressources naturelles) et Chen Lei (eau). Ils sont jeunes, entre 53 ans (Chen) et 57 (Yang). Ils sont surdiplômés : ex-ambassadeur à Washington, Yang vient de la London School of Economics. Mais la rupture la plus affirmée est chez Wan, 1er non-communiste à accéder à ce rang depuis les années ’50. Wan est Vice Président du Zhi Gong Dang (un des 8 mini-partis tolérés en Chine), et de l’élite des cadres formés à l’Ouest. Il a passé 15 ans en Allemagne, entre un doctorat à la TU de Clausthal, et un poste de chercheur émérite chez Audi, sur le projet A4. Retourné en Chine en 2000, il a dirigé le programme 863, dédié à la voiture électrique et au moteur à cellule combustible, avant de présider après 2004 son alma mater, l’Université Tongji à Shanghai. Sa promotion et les 3 autres marquent la volonté du Président Hu Jintao de donner au pays, comme administrateurs, les meilleurs cerveaux, experts plutôt que rouges. Et faire une réforme technocratique tout en maintenant un silence sphyngien face aux demandes politiques contradictoires de la base.
Ainsi, Xie Tao, ex-vice Président de l’université de Pékin lançait dès février un appel à la réforme constitutionnelle, contre la corruption, et écornait au passage les icônes de Marx, Lénine ou Mao. En face, un ex n°2 de la NDRC (National Development and Reform Commission), Liu Fuyuan veut faire radier tous les communistes « tièdes sur le marxisme », et désherber le cadre idéologique : appliquer la lutte des classes, ou bien la répudier. Tandis que de l’extérieur, Amnesty International, s’en tenant aux faits, accuse (30/04) le régime d’avoir durci sa répression à 15 mois des JO. Certes, arrestations et limogeages politiques se poursuivent, tandis que Pékin voit se multiplier les dérapages sur le terrain, et tente de faire le nettoyage avant les JO. En un an, 17.600 gangsters des triades ont été arrêtés. Le 3/05, des hackers détournaient le signal satellite de la TV cantonaise pour diffuser des messages dissidents. Le 9/05, des paysans en colère, se plaignant du vol de leur terre, à Gurao (Canton) saquaient la villa du maire. Attendant les ordres, la police assistait, les bras croisés.
Le silence de Pékin embarrasse les cadres, qui réclament des directives—soit pour réprimer, soit pour légaliser. Ce que Hu se garde de faire, afin de ne pas exacerber l’affrontement interne, avant le XVIIème Congrès. Seul un nouveau règlement apparaît, en guise de réforme, « code de conduite » en 55 articles, pour interdire aux cadres, le jeu, la débauche, le langage choquant : nouveau gadget de « société harmonieuse », qui les laissera évidemment tous sur leur faim.
Sommaire N° 18