Pol : Russie-Chine, le déblocage de la synergie

— C’est un fructueux 11ème meeting qui s’est tenu à Pékin entre Wen Jiabao et son collègue russe M. Fradkov, bilan d’années de maturation.

Ces entretiens (9-10/11) se tenaient en marge d’une conférence d’investissements par la NDRC (National Development and Reform Commission) et le ministère russe du commerce et du développement.

Les Etats ont signé 7 accords politiques de protection des investissements, de coopé bancaire et d’assurances, de gestion des frontières, de rapatriement des criminels, d’utilisation du nucléaire civil. La Chine va investir en Russie pour un total d’1MM$, dans une chaîne de montage auto, une usine de verre flotté, une scierie et usine de la filière-bois.

Mais le gros des ententes se trouve dans l’énergie.

Dès 2008, 4 MMKW/h d’électricité venus du barrage de Bureisk seront fournis par le russe SEU au chinois State Grid. Ils passeront à 38MMKW/h en 2015, grâce à une série de centrales au fuel ou à charbon. Avant d’arriver à 60MMKW/h. Rosneft le géant pétrolier russe, se lie par des participations croisées avec CNPC (la compagnie nationale pétrolière) et Sinopec. Il réalise avec celle ci à 200km de Pékin une raffinerie à 70M barils/an,  pour alimenter 300 stations services.

Pour Sinopec, il signe le projet d’oléoduc vers Daqing, qui va presque tripler les 11Mt/an de livraisons présentes. Stratégiquement, la Russie accepte enfin de laisser la Chine coopérer sur son sol : les échanges de 29MM$ cette année, passeront entre 60 et 80MM$ d’ici 2010(à comparer aux 100MM$ attendus avec l’Afrique à même époque), tandis que les fonds chinois placés au nord de l’Amour, seront 12MM$. C’est peut-être le vrai début de la synergie entre ces géants condamnés à s’entendre

—  Sinopec, le 1er raffineur chinois vient d’obtenir en concession 10M de barils de pétrole, un tiers de la première réserve stratégique, en cours de constitution à Zhenhai (Jiangsu).

Le pétrolier en guigne le double, et donc les deux tiers. Les traders ne s’y trompent pas : le geste préfigure une rupture conceptuelle. Non sur la gestion des stocks – en Occident, les réserves sont à la charge des pétroliers – mais sur leur droit de tirage. Dans les pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économique) en effet, ce privilège est aux mains de l’IEA, (l’Agence int’l de l’énergie) qui en use de façon conservatrice, sur les 1.5MM de baril de réserves du Japon, de l’Europe et des US, n’ayant permis en 32 ans que deux déstockages (généralisés). S’il se confirme que Pékin permet à Sinopec de jouer avec ses stocks, il lui offrira un levier mondial sur la fixation des prix, mais au risque de la sécurité d’approvisionnement nationale…

Comme le remarque la NDRC (National Development and Reform Commission), ce choix n’est pas pour tout de suite : avec ses réserves minimes (30M de barils, soit 11 jours de besoins importés, et 100M barils d’ici 2008), la Chine reste incapable d’influencer les cours. Mais l’enjeu de la démarche est la remise en cause d’un dogme des stocks, comme celui de l’or des banques centrales il y a 50 ans, garant de la valeur de la monnaie !   

—  Victoire pour Pékin, qui place (8/11) la Hongkongaise Margaret Chan (ex-boss de la santé sur le Rocher) à la tête de l’OMS (organisation mondiale de la santé).

La vice 1er ministre Wu Yi et Hu Jintao avaient fait  pression à Genève : par 24 voix sur 34, ils obtiennent l’accession de 1ère personnalité chinoise à la tête d’un organe de l’ONU.

Cette nomination arrive à un moment critique, alors que Pékin essuie l’accusation d’avoir laissé se développer une mutation du virus H5N1 de la grippe aviaire, non dangereuse, mais résistante au vaccin des oiseaux, et de n’en avoir pas averti l’OMS en partageant avec elle ses souches contaminées. Pékin réfute vivement, mais n’en envoie pas moins 20 échantillons par avion à Washington, satisfaisant ainsi, à contrecoeur, cette très vieille demande mondiale en souffrance.

NB : autre maladie de retour—la rage, profitant de la mode des 150M chiens de compagnie, dont 3% seulement vaccinés. La rage a tué 1817 Chinois en 9 mois (+30%). Pékin réagit : au 1/11, un seul chien par foyer, les grands chiens interdits, ceux pas en règle, taxés (5000¥) voire abattus.

 

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