Pas de surprise, lors de l’entrée de la Bank of China en bourse de Hong Kong : 10,5% du capital en parts ont été arrachés par les 95% de candidats institutionnels et 5% de privés. Elle obtient 9,7MM$ et si, comme elle le peut, elle émet une tranche «de consolation», le score final sera de 11,2MM$ – le record de la CCB, la China Construction Bank, (9,2MM$ en octobre 2005) est pulvérisé.
Les 75 scandales de l’an passé (51M$) n’ont rien changé : la finance mondiale achète l’entrée au club chinois jusqu’alors fermé, et un outil irremplaçable! Aux partenaires déjà en place, RBS + Li Kashing (10%), Temasek (5%), UBS et ADB (la Banque asiatique de développement), s’ajoute le prince saoudien Alwadeed, qui prend 2,7% de Bank of China pour 2MM$. C’est un des «deals» secrets, stratégiques négociés depuis longtemps entre les 2 régimes : une partie des US$ exportés par Pékin en Arabie Saoudite pour son pétrole, retourne à la maison!
Pendant que la Bank of China recompte sa caisse, se joue le sort de la ABC, la banque de l’Agriculture, très vieux jeu, aux 500.000 salaires, aux profits chutés de 48% à 100M² en 2005. Officiellement grevée de 25% de prêts irrécupérables (73MM²), le chiffre réel serait 50%, selon les experts.
Le 9/05, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la BPdC – la Banque centrale – soumettait au Conseil d’Etat deux scenarii pour son sauvetage :
[1] le renflouage déjà octroyé aux 3 autres grandes banques —mais pour la Banque chinoise de l’Agriculture, la caisse centrale Huijin devrait payer au moins 60MM$, et autant que pour l’ensemble des 3 autres.
[2] et le démantèlement pur et simple —les 28.000 agences étant fermées, ou reconverties en banques locales. Zhou vient de démentir cette hypothèse catastrophique- mais cela ne préjuge en rien de la décision finale !
C’est d’ailleurs peut-être un indice : le Conseil d’Etat approuve (24/5) la naissance de la Banque d’épargne postale, scindée de la Poste. Numéro 5 nationale, elle aura 10% de l’épargne des foyers (123MM²), 36.000 agences, 260M de comptes, 70M de cartes de débit, surtout à la campagne : c’est un complément, ou substitut possible à la Banque de l’agriculture!
Ce faisant, l’Etat espère boucher le tonneau des Danaïdes des subventions. Les deux tiers des agences sont rurales et donc moins rentables. Corruption et incompétence y règnent en maître, et les clients sont pauvres. Quel service? Quel profit dans ces microcrédits? L’avenir reste trouble et lointain !
Sommaire N° 19