Drôle de mariage, que celui d’IBM, pape du PC des années 1980 et de Lenovo (ex-Legend), n°1 chinois, qui rachète (7/12) la branche ordinateurs d’IBM (9000 jobs) pour 1,75MM$, dont 500M en reprise de dettes. La nouvelle entité passe de 3 à 8% du marché global, loin derrière Dell (16,7%) et HP (15%) !
Dans l’air du temps, cette concentration suit celles de groupes tels Thomson/TCL ou Bird/ Sagem. C’est aussi l’alliance des enfants gâtés de l’informatique, le protégé du socialisme pékinois uni à la grand-mère de cette technologie, l’un et l’autre en perte de vitesse pour avoir omis l’effort de remise en cause de leurs manières de faire.
Ce marché propulse Lenovo à une échelle quasi-décuplée (12M de PC/an, 12MM$ de chiffre). Il hérite d’un vivier de brevets, d’un réseau mondial de vente, de Service après-vente et (surtout) pour 5 ans, du label IBM. IBM pour sa part, avec ses 320.000 emplois restants, pourra se lancer à fond dans le service et les solutions clé en main -son marché d’avenir.
Et pourtant ce mariage un peu trop parfait compte une zone d’ombre : son hétérogénéité, la compatibilité des cultures d’entreprise.
Jusqu’alors entreprise d’Etat (57% de parts publiques avant la vente, 46% après), Lenovo devra se muer en authentique multinationale, avec droit de regard du partenaire dans ses affaires : IBM prend 18,5% de ses parts, son siège sera à New York, et son PDG sera américain (Stephen M. Ward)!
Le régime aussi, prend des risques : jusqu’à hier, il interdisait les fusions étrangères dans les secteurs dits stratégiques. Aujourd’hui, il bénit ce mariage : certain que cette chance est unique, pour sa vitrine électronique qui végète depuis longtemps dans l’attente d’un satellite qui le mette sur orbite planétaire !
Sommaire N° 40