En neuf jours (14-22 novembre 2001), cinq coups de grisou ont éclaté en province du Shanxi et une dans le Shandong, causant -au moins- 112 morts. Ces drames évitables ont tous eu pour cadre une petite mine privée, ni ventilée ni équipée -sans sas de secours. Région pauvre du Centre-Nord, le Shanxi extrait 1/3 du charbon national, dont 60% issu de ces exploitations précaires, aux licences de complaisance délivrées par le canton voisin. Comme 11.882 autres, ces mines sinistrées, entre janvier et octobre s’étaient vu intimer de fermer pour raison de sécurité. Beaucoup insistent, «travaillant de nuit si les inspecteurs viennent de jour», produisant à des coûts défiant la concurrence étatique : 80Y/t contre 200Y/t, grâce à sa main d’oeuvre non qualifiée et sous-payée, et à ses conditions de sécurité nulles. Le résultat est inévitable: en 2000, les mines chinoises ont connu 15 morts par jour en moyenne !
La différence, cette fois, tient aux mesures de choc prises après l’onde meurtrière: le gouverneur Liu Zhenhua a réitéré l’ordre de fermeture des mines (privées) aux licences borgnes, et dépêché 1.100 inspecteurs pour s’assurer du respect de l’embargo. Une 10aine de cadres et patrons de mine ont été déférés à la justice, dont un Secrétaire du PCC et 2 gouverneurs de district.
Dénonçant le «manque de contrôle» et «l’excès de protectionnisme local», Tian Fengshan, Ministre du sol et des ressources naturelles jure de redresser la situation avant la fin de l’année. Restent, à ces résolutions, plusieurs contradictions : comment concilier les fermetures des mines (61.000 depuis 1997), avec la survie des administrations locales pléthoriques qui refusent de se laisser dégraisser, avec une énergie abondante et à bas prix (70% de l’électricité nationale vient de la houille, secret de la croissance chinoise), et finalement, avec un allégement des subsides du pouvoir central ?
Sommaire N° 39