Le Vent de la Chine Numéro 39

du 3 au 9 décembre 2001

Editorial : editorial_39_2001

Le verdict des urnes, aux législatives du 01 décembre 2001 à Taiwan, a été plus tranché que prévu: la population a redit la confiance au Parti Démocratique du Progrès (DPP) du Président Chen Shui-bian, comme depuis 1996. Conduit par l’honnête et terne ex-1er min Lien Chan, le Kuo Min Tang  (KMT) a perdu ½ de ses sièges au Yuan législatif (de 110 à 68) et son rang de 1ère formation de l’île. Débâcle qui n’a qu’une suite plausible : l’éclatement du parti fondateur de Taiwan et de la Chine moderne, celui de Sun Yatsen et de Chiang Kaichek.

Avec 87 élus, le DPP n’atteint pas la majorité (qui serait de 113). Deux autres partis sécessionnistes du KMT font leur entrée sur la scène insulaire. Nouveau poids lourd, le 1st People de James Soong (ex gouverneur de Taiwan, figure populaire) prend 46 sièges. Tandis que le TSU de Lee Teng-hui, l’allié de Chen, emporte 13 sièges. L’un et l’autre seront probablement de l’inévitable future coalition – que Chen Shui-bian a annoncée, et commence immédiatement à négocier, en position de force grâce à la qualité de sa victoire.

Pour assurer sa victoire, le DPP a fait force concessions. L’opinion voulait un rapprochement économique avec la Chine, et éviter toute initiative risquée: dans les mois précédents, le DPP a rayé de sa charte l’exigence d’un référendum séparatiste, offert le déblocage des investissements taiwanais sur le continent, le rétablissement des trois liens directs (air, télécom, mer), et aux chinois vivant hors Chine, 1000 visas touristiques par jour.

Durant la campagne, la Chine s’est tenue à l’écart, géant silencieux. "Rudesse ou souplesse, selon les besoins": son mot d’ordre secret lui avait fait favoriser toute opposition, dans l’espoir d’isoler Chen Shui-bian, accusé d’incompétence. Elle comptait sur la récession (-4% au 3ème trimestre) et le chômage insulaire (5,3%) pour détourner l’île d’un DPP dont elle ne veut pas. Pékin aurait aussi, dans ses cartons, des MM$ de réserve à investir dans l’île – pour porter la dépendance et l’intégration, directement sur l’autre rivage de l’isthme.

Chen Shui-bian va donc chercher le gouvernement multipartite dont Taiwan a besoin par ces temps incertains. Ensuite – bientôt- ce sera l’heure du dialogue, devenu inévitable. Faute de quoi Taipei raterait sa meilleure chance de relance, et Pékin verrait l’île s’enfoncer dans la voie insupportable, manquant l’opportunité de créer l’alternative !


Editorial : Taiwan – la fin du Kuo Min Tang

Le verdict des urnes, aux législatives du 01 décembre 2001 à Taiwan, a été plus tranché que prévu: la population a redit la confiance au Parti Démocratique du Progrès (DPP) du Président Chen Shui-bian, comme depuis 1996. Conduit par l’honnête et terne ex-1er min Lien Chan, le Kuo Min Tang  (KMT) a perdu ½ de ses sièges au Yuan législatif (de 110 à 68) et son rang de 1ère formation de l’île. Débâcle qui n’a qu’une suite plausible : l’éclatement du parti fondateur de Taiwan et de la Chine moderne, celui de Sun Yatsen et de Chiang Kaichek.

Avec 87 élus, le DPP n’atteint pas la majorité (qui serait de 113). Deux autres partis sécessionnistes du KMT font leur entrée sur la scène insulaire. Nouveau poids lourd, le 1st People de James Soong (ex gouverneur de Taiwan, figure populaire) prend 46 sièges. Tandis que le TSU de Lee Teng-hui, l’allié de Chen, emporte 13 sièges. L’un et l’autre seront probablement de l’inévitable future coalition – que Chen Shui-bian a annoncée, et commence immédiatement à négocier, en position de force grâce à la qualité de sa victoire.

Pour assurer sa victoire, le DPP a fait force concessions. L’opinion voulait un rapprochement économique avec la Chine, et éviter toute initiative risquée: dans les mois précédents, le DPP a rayé de sa charte l’exigence d’un référendum séparatiste, offert le déblocage des investissements taiwanais sur le continent, le rétablissement des trois liens directs (air, télécom, mer), et aux chinois vivant hors Chine, 1000 visas touristiques par jour.

Durant la campagne, la Chine s’est tenue à l’écart, géant silencieux. « Rudesse ou souplesse, selon les besoins« : son mot d’ordre secret lui avait fait favoriser toute opposition, dans l’espoir d’isoler Chen Shui-bian, accusé d’incompétence. Elle comptait sur la récession (-4% au 3ème trimestre) et le chômage insulaire (5,3%) pour détourner l’île d’un DPP dont elle ne veut pas. Pékin aurait aussi, dans ses cartons, des MM$ de réserve à investir dans l’île – pour porter la dépendance et l’intégration, directement sur l’autre rivage de l’isthme.

Chen Shui-bian va donc chercher le gouvernement multipartite dont Taiwan a besoin par ces temps incertains. Ensuite – bientôt- ce sera l’heure du dialogue, devenu inévitable. Faute de quoi Taipei raterait sa meilleure chance de relance, et Pékin verrait l’île s’enfoncer dans la voie insupportable, manquant l’opportunité de créer l’alternative !


A la loupe : Grand Théâtre : Rideau rouge bientôt en place

La fosse somnolait au coeur de Pékin depuis mai 2000: elle va au plus tôt vrombir sous les machines, pour accueillir une autre fosse, celle d’orchestre: le Grand Théâtre National de Pékin a obtenu (28 novembre 2001) l’accord de la SDPC, mettant terme à 28 mois de débat local passionné: une coalition de citadins délogés, d’amoureux d’urbanisme aux grands toits vernissés et d’architectes âgés avait réussi à bloquer sine die le projet vainqueur de l’appel d’offre internationale, malgré la faveur de rien moins que Jiang Zemin et Zhu Rongji. Sous la griffe du parisien Paul Andreu (ADP-ingeniérie), cette voilure de verre et de titane et la forme de bulle dans un lac avaient fait peur, avec le corridor de verre sous-marin en hall d’entrée!

Il s’ensuivit vingt mois d’une double bataille, multipliant en surface les expertises, et en profondeur la persuasion des détracteurs. En sortira, une fois achevé, le plus moderne et emblématique complexe d’opéra au monde, 150.000 m² bâtis (pour 324 M$), multisalles (opéra, concert, théâtre, 5500 places) aux machineries et équipements au top de la technique -permettant à Pékin de réaliser ses hautes ambitions lyriques et musicales. L’ensemble ouvrira, sauf autres retards, mi-2004, au milieu de l’«Année de la France en Chine».

Début novembre, Andreu/ADP avait décroché à Pudong un autre contrat de prestige : le Centre oriental d’art, groupe de cinq structures abritant expositions, auditorium (2000 sièges), théâtre (1200), atelier musical (350), sur 40.000m², pour un coût de 120M$. Sans tarder, les volumes ont reçu des Shanghaiens un surnom bien dans l’air du temps, inspiré par leur forme de tasses : «bols de riz olympiques» !

 


Pol : la Chine impose le calcium du peuple

· Surpêche, érosion et pollution tuent le Yangtsé, 4ème cours mondial (6.240 km): la ressource halieutique annuelle durant les années 1990 stagne à 100.000t, moins du quart des années 1950. Pire, le gros des captures se compose d’immatures -la Chine mange son avenir. La biodiversité du fleuve est menacée. En voie d’extinction, le hareng "hilsa", le "poisson-raquette", le dauphin blanc du Yangtzé -moins de 100 spécimens, pour ce dernier. Le Ministère de l’Agriculture vient de décréter le 1er ban de la pêche sur tout le cours de mars à juin 2001, durant le frai. Ses ambitions sont minces: il n’espère, dans un 1er temps, que stabiliser les stocks. Dès 1999, étaient interdites les méthodes déloyales, électricité, explosifs et poisons: les pêcheurs ne se laissent pas toujours faire. Le 14/11, sur le lac Poyang jouxtant le Yangtsé, quelques vedettes de gardes fluviaux se laissèrent surprendre par une flottille de 700 pêcheurs en colère : 3 policiers morts, et 11 blessés.

NB: la British Columbia University signale que la Chine, depuis dix ans, gonfle ses chiffres de capture, du fait des cadres désireux de promotion. Amputé de ces prises imaginaires, le tableau de pêche mondial des années 1990 offre une image plus sombre et réaliste de l’état de la ressource. Non pas + 317.000 t comme l’avait rapporté la FAO, mais -360.000 t/an!

· Longtemps confinés aux steppes mongoles, les produits laitiers n’appartiennent pas à la diète chinoise. Faute de production, de tradition, de climat tempéré au sud et de chaîne du froid, le secteur n’a pas encore pris son essor. La consommation de laitage en Chine est de 7 kg/an, contre 94 kg en moyenne mondiale et 200 en Occident. Ici, la bonne nouvelle est la décision par le ministère d’étendre à 20 provinces le programme «Lait à l’école» testé depuis 1999 dans cinq villes-pilotes. Vendu aux établissements à prix coûtant, ce lait est distribué dans les cours et sur les campus, agent essentiel de lutte contre la malnutrition qui frappe 30% de la jeunesse. Il y a du lait sur la planche : 98% des écoliers et collégiens chinois ne consomment pas de produits laitiers à la campagne (80% en ville). Un bienfait n’est jamais perdu : les producteurs locaux (Guangyuan, Yili, Sanyuan), qui dominent le marché, fidélisent leur clientèle future, avant la baisse "OMC" (de 50 à 12%) des taxes aux produits importés.


Argent : Shanghai capitale de l’or

· Qui a peur de l’OMC? Peu inquiet des invests étrangers massifs dans son secteur des télécoms, Hisense a répliqué (22 novembre 2001) par l’annonce de la plus grande ligne de production de téléphones CDMA du pays, à son usine de Qingdao (Shandong), truffée de machines importées (pour 5M$) et renforcée d’un centre de R&D. Le 28/11, l’EE a complété son montage financier par un accord de paiement des royalties avec Qualcomm, détenteur des brevets. Hisense s’attend à une montée en puissance de ses ventes -à 1,2M d’unités, les commandes dépassent un an de capacité. L’esprit battant de Hisense est soutenu par le MII qui, sauf une JV de Motorola, a distribué les 19 licences CDMA aux enfants du pays (dont TCL, Kejian, Haier et Datang). Le MII espère voir, sur ce créneau neuf, ses firmes nationales tirer plus de profit et de parts de marché qu’elles ne l’ont fait dans le GSM, historiquement dominé par l’étranger. Pendant ce temps, China Unicom annonce le déploiement de son réseau CDMA, dont le marché pourrait atteindre 12MM$ d’ici 3 ans.

· Détentrice de la bourse de l’argent depuis décembre 1999, Shanghai teste depuis le 28 novembre 2001 sa bourse de l’or, qui doit être inaugurée début 2002, marquant la fin de 50 ans de monopole de la BPdC. Le centre regroupe 108 membres (tous chinois) des mines, du raffinage, de l’import/export et de la banque. Ils pourront mener des transactions en yuans au comptant mais non à terme, au départ au moins. Pour préparer la dérégulation, la banque centrale a entamé en juin une cotation hebdomadaire (le lundi), enterrant la procédure d’une fixation semestrielle, qui était secret d’Etat. Une autre étape fut franchie début novembre, avec l’assouplissement des contrôles du prix de l’or en bijouterie. L’interprofession suit de près cette libéralisation: la Chine est 4ème producteur derrière l’Afrique du Sud, les USA et l’Australie. Elle est aussi grand consommateur d’avenir : le World Gold Council prévoit un décollage des ventes en Chine, de 207,5 à 600t «en quelques années». Moins enthousiastes, les experts chinois ne voient que 300t de hausse d’ ici 2005. Beaucoup dépendra de la taxation sur ces transactions sur l’or (la TVA de 17% a plombé la croissance du marché de l’argent). Cette décision affectera à son tour, la convertibilité du yuan, puisque l’or deviendra la valeur-refuge en cas de dévaluation.


Politique : politique_39_2001

· Surpêche, érosion et pollution tuent le Yangtsé, 4ème cours mondial (6.240 km): la ressource halieutique annuelle durant les années 1990 stagne à 100.000t, moins du quart des années 1950. Pire, le gros des captures se compose d’immatures -la Chine mange son avenir. La biodiversité du fleuve est menacée. En voie d’extinction, le hareng "hilsa", le "poisson-raquette", le dauphin blanc du Yangtzé -moins de 100 spécimens, pour ce dernier. Le Ministère de l’Agriculture vient de décréter le 1er ban de la pêche sur tout le cours de mars à juin 2001, durant le frai. Ses ambitions sont minces: il n’espère, dans un 1er temps, que stabiliser les stocks. Dès 1999, étaient interdites les méthodes déloyales, électricité, explosifs et poisons: les pêcheurs ne se laissent pas toujours faire. Le 14/11, sur le lac Poyang jouxtant le Yangtsé, quelques vedettes de gardes fluviaux se laissèrent surprendre par une flottille de 700 pêcheurs en colère : 3 policiers morts, et 11 blessés.

NB: la British Columbia University signale que la Chine, depuis dix ans, gonfle ses chiffres de capture, du fait des cadres désireux de promotion. Amputé de ces prises imaginaires, le tableau de pêche mondial des années 1990 offre une image plus sombre et réaliste de l’état de la ressource. Non pas + 317.000 t comme l’avait rapporté la FAO, mais -360.000 t/an!

· Longtemps confinés aux steppes mongoles, les produits laitiers n’appartiennent pas à la diète chinoise. Faute de production, de tradition, de climat tempéré au sud et de chaîne du froid, le secteur n’a pas encore pris son essor. La consommation de laitage en Chine est de 7 kg/an, contre 94 kg en moyenne mondiale et 200 en Occident. Ici, la bonne nouvelle est la décision par le ministère d’étendre à 20 provinces le programme «Lait à l’école» testé depuis 1999 dans cinq villes-pilotes. Vendu aux établissements à prix coûtant, ce lait est distribué dans les cours et sur les campus, agent essentiel de lutte contre la malnutrition qui frappe 30% de la jeunesse. Il y a du lait sur la planche : 98% des écoliers et collégiens chinois ne consomment pas de produits laitiers à la campagne (80% en ville). Un bienfait n’est jamais perdu : les producteurs locaux (Guangyuan, Yili, Sanyuan), qui dominent le marché, fidélisent leur clientèle future, avant la baisse "OMC" (de 50 à 12%) des taxes aux produits importés.


A la loupe : Meurtrières mines

En neuf jours (14-22 novembre 2001), cinq coups de grisou ont éclaté en province du Shanxi et une dans le Shandong, causant -au moins- 112 morts. Ces drames évitables ont tous eu pour cadre une petite mine privée, ni ventilée ni équipée -sans sas de secours. Région pauvre du Centre-Nord, le Shanxi extrait 1/3 du charbon national, dont 60% issu de ces exploitations précaires, aux licences de complaisance délivrées par le canton voisin. Comme 11.882 autres, ces mines sinistrées, entre janvier et octobre s’étaient vu intimer de fermer pour raison de sécurité. Beaucoup insistent, «travaillant de nuit si les inspecteurs viennent de jour», produisant à des coûts défiant la concurrence étatique : 80Y/t contre 200Y/t, grâce à sa main d’oeuvre non qualifiée et sous-payée, et à ses conditions de sécurité nulles. Le résultat est inévitable: en 2000, les mines chinoises ont connu 15 morts par jour en moyenne !

La différence, cette fois, tient aux mesures de choc prises après l’onde meurtrière: le gouverneur Liu Zhenhua a réitéré l’ordre de fermeture des mines (privées) aux licences borgnes, et dépêché 1.100 inspecteurs pour s’assurer du respect de l’embargo. Une 10aine de cadres et patrons de mine ont été déférés à la justice, dont un Secrétaire du PCC et 2 gouverneurs de district.

Dénonçant le «manque de contrôle» et «l’excès de protectionnisme local», Tian Fengshan, Ministre du sol et des ressources naturelles jure de redresser la situation avant la fin de l’année. Restent, à ces résolutions, plusieurs contradictions : comment concilier les fermetures des mines (61.000 depuis 1997), avec la survie des administrations locales pléthoriques qui refusent de se laisser dégraisser, avec une énergie abondante et à bas prix (70% de l’électricité nationale vient de la houille, secret de la croissance chinoise), et finalement, avec un allégement des subsides du pouvoir central ?

 


Joint-venture : banques – mariages sous roche

· Conformément à ses objectifs, l’IFC (bras commercial de la Banque mondiale), fait passer en turbo son soutien du secteur privé chinois. A la fin octobre 2001, elle a prêté ou investi 619M$ de ses fonds propres, et 522M$ des banques dans le pays – 9ème portefeuille chinois. Le 28/11, l’IFC a signé un accord de 27M$, pour prise de participation de 15% de la NCCB de Nankin, ce qui fait d’elle le plus gros actionnaire étranger dans une banque chinoise, après les précédents de reprise partielle d’Everbright par ADB en 1997 (3%) et de la Shanghai Bank par l’IFC en 1999 (5%). Plutôt bien portante avec seulement 9,4% de prêts douteux sur un capital de 2,25MM$ (en sep), la NCCB va pouvoir aborder la concurrence étrangère dans de bonnes conditions, avec l’investissement et surtout le savoir-faire gestionnaire de l’IFC qui, avec un siège au conseil de direction, compte renforcer les prêts aux PME locales. Dans le secteur financier national, cet accord prélude à une vague d’investissements étrangers dans les banques chinoises. L’IFC attend l’agrément de la BPdC pour injecter 24M$ dans Minsheng, seule banque "privée" en Chine. 1ère banque européenne par la valeur en bourse, HSBC pourrait devenir la 1ère banque commerciale étrangère à prendre des parts chez un homologue chinois. Le 28 novembre, elle a confirmé des négociations en cours, visant la reprise de moins de 10% de Shanghai bank (196 branches à Shanghai, 4500 employés, 12,7MM$ de capital au 30/6). Pendant ce temps, BdCom cherche partenaire étranger –Citigroup peut-être, pour jusqu’à 15% de ses parts (VDLC 28/III). Le grand jeu ne fait que commencer.

 


Temps fort : OMC : ce qui va changer

En vue du portail d’entrée à l’OMC le 11 décembre 2001, la Chine multiplie les règles du jeu nouvelles, appelées à une forte influence sur les affaires étrangères en ce pays:

Lois: 1.226 jurisprudences contradictoires avec l’OMC ont été amendées par la Cour suprême du Peuple. Pour garantir l’impartialité des tribunaux et sévir contre le protectionnisme local, la CSP propose la mise en place d’instances spécifiques pour accueillir les litiges civils et commerciaux impliquant des étrangers, et la poursuite des cours accélérés de droit-OMC des juges.

Taxes: la Chine s’apprête à concéder l’égalité de traitement, supprimant les taux préférentiels de 15-17% aux firmes étrangères contre 33% aux locales. L’effet sera de réduire la fraude fiscale des EE exportant leurs profits au noir et les réintroduisant comme investissements étrangers. La mesure permettra aussi une plus forte ponction fiscale sur l’étranger, qui assurait déjà 28MM$ (+41%) de recettes en 2000, et 18,3% de l’assiette fiscale.

Pharmacie/distribution: en gros et détail, l’étranger vendra des médicaments dès 2003 partout en Chine sans distinction de taille, selon la tutelle SETC. Avant 2003, il pourra le faire en JV minoritaire, moyennant des conditions contraignantes, tels ces 2MM$ de ventes sur 3 ans, alors que le partenaire ne devra justifier que de 36M de ventes voire 24M dans le grand Ouest.

Assurance: la CIRC, tutelle, va offrir sa 1ère licence étrangère de réassurance à Swiss Re : c’est la fin du monopole de China Re. Alors que les primo-assureurs devront obtenir leurs licences ville par ville jusqu’en 2005, Swiss Re aura accès à tout le pays dès l’entrée à l’OMC, ce qui devrait avoir pour effet de faire baisser les primes, et libérer, au profit des firmes et régions, une partie de leur capital. La CIRC promet aussi de réduire le marché captif obligatoirement acquis à China Re : de 20% en 2002, à 5% en 2005, par tranche de 5% /an.

 


Petit Peuple : Jiangsu – une promo bien bonne

· Profitant de la "semaine d’or" de la fête nationale durant laquelle se concentre le gros des ventes du semestre, «Etoiles et Lune», chaîne d’ameublement du Jiangsu a bombardé dans les médias cette surprenante promotion: «avec l’armoire à glace, emportez la bonne!». 2.500Y d’achats donnaient droit à 20 heures de repassage, balayage et cuisine. Un montant plus élevé arrondissait le crédit d’heures. Portée sur la gouaille, la rue n’a pu s’empêcher de broder sur un slogan célèbre des années 1950. Au lieu de dire que la femme porte la moitié de l’univers, c’est " nüren ding banbian jiaju", la femme porte la moitié des meubles, que disent les Shanghaiens. L’affaire a bien marché -160 foyers ont bénéficié de l’offre-, mais elle a suscité un froncement de sourcils à la Fédé des Femmes, et inspiré un forum dans son journal. Les unes s’inquiétèrent d’un retour à "l’esclavagisme", et de la dégradation du statut du personnel de maison traité de "Baomu" -bonnes, terme colonial. D’autres applaudissent, voyant la formation donnée à ces centaines de paysannes fraîchement débarquées de leurs campagnes dans les maisons des nouveaux bourgeois, et du travail d’agence de placement, joué sans en avoir l’air par le marchand de meubles. Questionnées, les ménagères avouent se moquer éperdument de la manière dont on les nomme, pourvu qu’elles travaillent. Cette promotion nouvelle et intéressante trahit l’étourdissant dynamisme du pays de tous les possibles, mais aussi le formidable écart qui se creuse entre riches et pauvres, réminiscence du capitalisme à deux vitesses de la Shanghai des années ’30.