Argent : le moteur de l’aviation, noyé au kérosène

· Les transports aériens chinois font l’objet de regards contradictoires, "en pleine expansion" selon la presse chinoise, «en crise» pour l’étrangère. L’écart d’interprétation reflète surtout l’ignorance de l’impact de la guerre, et de la série de crashs aériens des semaines passées (Ukraine, Milan et Alaska). Comme les usagers chinois, qui forment l’essentiel du marché, ne semblent pas inquiets (en 2001, les congés du 1er octobre ont vu 1,6M de départs par avion, soit +6%), des observateurs pensent que les compagnies chinoises seront peu affectées. Peut-être exacte, cette analyse néglige l’aspect des problèmes structurels, présents bien avant le 11 septembre, lesquels ont fait perdre au secteur 240M$ au 1er semestre. L’un tient au prix du kérosène : avec un prix de 48$/baril de janvier à juin contre 30$ ailleurs, la CAOSC, filiale de la CAAC, impose son monopole des imports et ventes du carburant. Ceci et la surchauffe des cours mondiaux de l’or noir en 2000, a induit une hausse de 35% l’an passé, qui cause un tiers des frais fixes (contre18% pour Cathay Pacific). En "autodéfense", les transporteurs chinois font le plus de pleins possibles hors des frontières -manière comme une autre d’obéir aux consignes de la CAAC d’ "enrayer leurs déficits".

NB : CAAC est dans une position ambiguë : tutelle de 10 compagnies aériennes, mais aussi acteur économique, par la CAOSC dont elle tire les profits. La solution à long terme devrait être une dérégulation du secteur, à commencer par celle du kérosène (et la transformation de la CAAC en un véritable arbitre, neutre). Les transporteurs explorent une autre voie, en sollicitant le droit (comme Singapour Airlines pour 50% de ses besoins, et Cathay pour 33%) de s’approvisionner sur les marchés à terme. Pékin étudie, et renâcle – cette technique est dangereuse, si mal maîtrisée, et elle ne permettra pas en tout cas pas l’économie de la taxe de monopole à CAOSC !

· Ayant dû déplorer en 2001 marées rouges et noires, effluents chimiques et la montée du niveau de la mer, les défenseurs de l’écologie marine voient les mauvaises nouvelles se poursuivre: la mer de Chine orientale, qui offrait il y a 20 ans une moyenne de captures de 1000 kg/bateau/heure, n’en donnent plus que 200 kg. Le déficit est le tribut à la pollution, et à la voracité – qui croît au même rythme que la prospérité – des Chinois en produits halieutiques. Cela a conduit à la surpêche, et à des pratiques nuisibles telles la pêche à l’explosif, à l’électricité ou aux anesthésiants. Le ban national de ces pratiques en 1996 est resté lettre morte. A présent, une des provinces les plus concernées par la pêche maritime, le Fujian vient de lancer une guerre éclair contre les fournisseurs des équipements et produits bannis, et les chalutiers se livrant à ce type de pêche. Il s’est alors trouvé dans le Henan un producteur licencié en équipements « officiels » de pêche par électrochocs, pour dénoncer ce ban – qui ne ferait qu’inciter la production "irresponsable" de ce type de matériel !

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