En deux ans, 60% du parc locatif public a été vendu à ses habitants.
Tel est depuis mars 1998 le 1er bilan de cette campagne Anju (home sweet home) d’accès à la propriété.
Deux tiers des 35 métropoles ont entrepris de vendre leurs HLM. Combinées à celles des logements neufs, ces ventes entreraient pour 1,5 à 2% des 7,1% de hausse du PNB en 1999 (donc, pour 20 à 25%).
Succès donc, sur le papier.
Mais les chiffres sont invérifiables, et sur le terrain, l’écho est autre: l’État s’est heurté à des résistances, qui se résument à la question : comment vendre au peuple ce dont il jouit gratuitement depuis ’49? L’administration a dû se résoudre à brader, et offrir de fortes primes. Même ainsi, au nom de la stabilité sociale, le programme a été souvent "surgelé", y-compris dans sa menace de décupler les loyers des réfractaires à l’achat.
Une autre option pour développer ce secteur, a été la construction "populaire": une couronne de 14 villes neuves s’est bâtie autour de Pékin, 202 km² (1,3M habitants, à 80% d’ex-pékinois). Un problème fréquent, comme à Changxingdian, est le syndrome de Sarcelle: ni routes, ni métros, peu ou pas de commerces, hôpitaux, restaurants ni écoles…
Manque aussi cruellement à ce logis privé, un droit immobilier (une jurisprudence…) définissant mitoyenneté, charges, droits de propriété, de revente, de location…
Prochaine étape annoncée par le Ministère de la Construction : la vente des appartements des EE à leurs employés. Mais celles-ci (souvent au bord de la faillite), sont en mauvaise posture pour vendre,et le personnel (un pied au chômage) mal parti pour racheter leur foyer – même délabré.
Remarque: si la vente du parc d’Etat génère 25 à 30% du PNB annuel, et si 60% est déjà parti, on voit peut-être
poindre à l’horizon la fin de cette phase de croissance : une fois que sera épuisé ce "ballon d’oxygène immobilier"!
Sommaire N° 6